[ Transport par câble ] Aux portes de Grenoble, un téléphérique coûte que coûte
A Grenoble, le projet de téléphérique urbain qui se veut pionnier avance cahin-caha et quelque peu au forceps. Entre besoins créés de toutes pièces et slalom entre zones inondables.
C’est la dernière ligne droite. A Grenoble, le projet de transport par câble a passé tous les obstacles. Cahin-caha. Si au terme de l’enquête publique qui devrait intervenir avant l’automne, le préfet donne son feu vert, et si tant est que des recours ne lui barrent pas la route, le téléphérique urbain devrait voir le jour fin 2025.
Dans la cuvette, voilà des années que l’on rêve d’être parmi les pionniers, faute d’avoir été la première grande ville française à se doter d’un équipement de cette taille, Toulouse ayant damé le pion à Grenoble. Des années que l’on se prend à rêver sur les cartes postales de faire succéder aux bulles – signées Poma – les télécabines de… Poma. Sans trop de surprise, le fabricant isérois a remporté le marché sur ses terres, devant le groupement emmené par l’Autrichien Doppelmayr et celui porté par LST/Bouygues.
Le pari est pour le moins osé. D’abord parce que le téléphérique sera transversal. Tracé d’Est en Ouest au nord de l’agglomération, il reliera les communes de Fontaine à Saint-Martin-le-Vinoux en passant par la Presqu’Île scientifique. Et permettra de faire la jonction entre les lignes A, B et E du tram.
Fréquentation estimée ? Entre 4 et 5 000 voyageurs par jour dans un premier temps. Entre 7 et 8 000 à terme. A la louche. Un chiffre ridicule au regard du trafic sur les grosses lignes de tram et des sommes englouties par le projet : 85 millions d’euros entre le téléphérique proprement dit et les stations, somme qui devrait avoisiner les 100 millions d’euros avec l’envolée des matières premières.
Une somme qui, déjà, avait fait tiquer la commission d’enquête sur le plan des déplacements urbains dans l’agglomération (PDU) en 2019. « La commission d’enquête souhaite que la question du Métrocâble soit re-analysée en termes de montant d’investissement, de nombre d’usagers transportés et de priorité dans le temps en concertation avec les associations représentatives des usagers, en particulier l’ADTC, Lahgglo, le Chainon manquant », soulignait-elle.
Un chiffre surtout sorti du chapeau. Car la potentielle fréquentation n’a pas fait l’objet d’une étude à part entière. Le chiffre est en fait tiré d’une enquête mobilité réalisée en 2019-2020. D’où il ressort que, sur le secteur, entre Vercors et l’agglomération grenobloise, on pouvait tabler entre 9 000 et 10 000 déplacements/jour. Une enquête, et donc une estimation, dépassée ?
« L’estimation a été faite sur un secteur en pleine mutation », convient Sylvain Laval, le président du Smmag, (le syndicat des mobilités de l’agglomération grenobloise). « Depuis, il y a une vraie dynamique économique. Tout cela n’a pas été suffisamment estimé. On est en période post-Covid où on réorganise ses déplacements. J’ai tendance à penser qu’avec le temps, les choses monteront en puissance. Quand on parle de transports publics structurants, ce sont des visions de long terme ».
N’empêche. Même avec 5 000 voyageurs transportés chaque jour, le chiffre est ridicule si on le rapporte au nombre de véhicules qui se pressent aux portes de l’agglomération dans l’autre sens, le sens Nord-Sud : 120 000 en provenance de Lyon, 96 000 du Grésivaudan et 64 000 du Sud Isère. Dans ce sens, les bouchons attendront encore un peu, suspendus à un hypothétique RER métropolitain que tout le monde appelle de ses vœux mais sans pour l’heure le moindre engagement financier.
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