Alouette, je te plumerais...
Le Conseil d'Etat a beau avoir déclaré illégal le piégeage d'oiseaux sauvages, Barbara Pompili remet le couvert. Les chasseurs, eux, sortent de l'extinction.

C’est ce qu’on appelle caresser dans le sens du poil. Aussitôt la porte du congrès mondial de l’union internationale de conservation de la nature refermée et les discours sur l’indispensable préservation de la biodiversité pliés, Emmanuel Macron en est retourné à ses affaires.
C’est la Ligue de la protection des oiseaux qui révèle le pot aux roses. L’association a mis la main sur des projets d’arrêtés pas piqués des vers. Où on découvre que le ministère de la Transition écologique concocterait une saison 2021-2022, de chasse, aux petits oignons.
Dans le viseur, 106 500 alouettes dans le Sud-Ouest, une espèce en déclin continuel en France et en Europe. En l’espace de quinze ans, l’alouette a vu ses effectifs reproducteurs dégringoler de 35% dans l’Hexagone.
Ce ne serait pas la seule à pouvoir être piégée. 1 200 vanneaux huppés devraient en faire aussi les frais. Mais bon, l’espèce n’est “que” quasi-menacée. Plus 30 pluviers dorés et 5 800 grives et merles. Tout cela, au nom du maintien des traditions.
Le 6 août, le Conseil d’Etat s’en était pourtant mêlé. Et avait annulé plusieurs décisions ministérielles qui autorisaient le piégeage d’oiseaux sauvages, alouettes, pluviers dorés et autres vanneaux huppés. Dans les Landes, députés et sénateurs s’étaient égosillés en cœur pour réclamer du gouvernement un nouvel arrêté. Par dessus le Conseil d’Etat donc, la directive Oiseaux faut-il le rappeler aussi – à laquelle la France dérogeait et pourrait bien encore déroger.
« Tandis que la communauté scientifique mondiale nous alerte sur le risque d’extinction massive des espèces sauvages, notre gouvernement réduit la biodiversité à une monnaie d’échange électoraliste »
On se contentera de rappeler qu’à l’Assemblée nationale, les chasseurs représentent le plus gros lobby. Le groupe d’études Chasse et territoires est celui dont les rangs sont les plus garnis. On y compte un président mais aussi 9 vice-présidents, 12 secrétaires et 91 membres. Soit 113 élus, de droite comme de gauche. Et très très pro-chasse.
On rappellera également que le nombre de candidats au permis de chasse a augmenté de 18 % en un an en France et de 40 % ces sept dernières années. A rebours de la tendance qui depuis une vingtaine d’années avait vu les effectifs de chasseurs fondre. Ils étaient passés de 2 à 1 million.
Allain Bougrain Dubourg hurle, lui, au cynisme et au clientélisme d’Emmanuel Macron. « Tandis que la communauté scientifique mondiale nous alerte sur le risque d’extinction massive des espèces sauvages, notre gouvernement réduit la biodiversité à une monnaie d’échange électoraliste », tempête le président de la LPO.
Mais gardons espoir. Une start-up américaine a annoncé vouloir faire revivre le mammouth laineux de l’Arctique en triturant les gênes d’éléphant. Au nom de la lute contre le changement climatique.
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