Délinquance et criminalité : le grand tripatouillage
Depuis des années, les pouvoirs publics manipulent les chiffres de la délinquance à leur guise afin de fabriquer une réalité frelatée.
Ainsi donc nous dit Emmanuel Macron, la montée de l’extrême droite s’expliquerait par l’emprise des faits divers et, surtout, leur médiatisation. Comme si pour un fait divers répercuté par les médias, tournant en boucle sur les réseaux sociaux, il n’y avait pas d’autres faits divers dont personne ne saura rien. Comme si cette réalité médiatique occultait la vraie réalité.
A ce “sentiment d’insécurité” (ramené au rang de “fantasme” pour Eric Dupont-Moretti), artifice que le chef d’Etat n’a pas osé resservir, on devrait pouvoir opposer la réalité des chiffres. Sauf que ce n’est pas si simple.
Car ces chiffres, déjà, ne sont pas forcément ceux que le chef de l’Etat affiche. En 2023, Emmanuel Macron et Gerald Darmanin avaient été pris en flagrant délit de truandage des statistiques. Alors que dans son bilan annuel de la délinquance, le service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMSI) faisait état de 17 – sur 18 – indicateurs de la délinquance à la hausse, le chef de l’Etat et son ministre de l’Intérieur se félicitaient d’une baisse, et même “très importante”, de la délinquance.
Mais peut-on seulement se fier à ces chiffres, qui peuvent allègrement être orientés dans un sens comme dans un autre ? Car ces statistiques ne donnent pas seulement une image de la délinquance mais aussi une image de l’efficacité de la réponse de l’Etat.
“Je ne crois aux statistiques que lorsque je les ai moi-même falsifiées”, disait Winston Churchill.