
[ Edito ] Orient Moyen
Emmanuel Macron n'a jamais rien fait au Moyen-Orient - à part y récolter des fonds de campagne. Politique extérieure inexistante.
Entre casserolades et huées magistrales en mondiovision (voir les déferlements de haine de la Macronie sur les réseaux sociaux, qui affirme que huer Macron c'est huer la France, alors que Macron n'est pas la France), Jupiter volerait à nouveau vers l'Orient compliqué avec ses idées simplistes.
Dernière humiliation en date: le Maroc refuse l’aide de la France suite au séisme de Marrakech au motif qu’il y aurait de graves problèmes personnels entre Emmanuel Macron et le monarque chérifien, Mohammed VI.
Exemple de grande diplomatie: interdire l’accès par la force à la rédactrice en chef du portail russe Ria Novosti à la conférence de presse d’Emmanuel Macron lors du G20 alors que l’Inde, qui en avait la présidence et l’organisait, avait accrédité cette journaliste. Non seulement Emmanuel Macron hypothèque le travail des journalistes français qui depuis le début de la guerre en Ukraine continuent de travailler librement en Russie, mais en sus il insulte l’Inde, son hôte…
Qui se rappelle des rodomontades et coups de menton d’Emmanuel Macron au Liban (pays dont de nombreux riches ressortissants parfois binationaux l'ont amplement financé en 2017) ? On allait voir ce qu'on allait voir sur la corniche ! Les mezzés allaient être amers pour les grandes familles libanaises, toutes communautés confondues, qui ont méthodiquement pillé le pays laissant l'ensemble de son peuple dans la misère. Qu’elles se tiennent bien les banques libanaises, aussi opaques que corrompues ! Soit ça rentrait dans le rang, soit sanctions! Et puis? Et puis rien.
Macron roule sur la jante au point de ne pas s'être rendu compte que tous les pays de la région ont déjà renoué avec la Syrie puisqu'elle a réintégré la Ligue arabe depuis mai 2023... Idées simplistes et mal informées.
La seule voie raisonnable que la diplomatie française au Moyen Orient doit suivre est de s'assurer que les Américains et les Turcs quittent définitivement le territoire syrien. Que les grandes familles libanaises soient mises en face de leurs responsabilités en engageant en France et en Europe (Suisse incluse) des poursuites pour biens mal acquis, tout ce qui sera confisqué étant remis à l'Etat libanais. Qu’on arrête de nier toute influence à l'Iran dans la région et au Liban en particulier, mais qu'on coopère avec tous pour résoudre la guerre civile soudanaise, la crise libanaise et tordre le cou à ce qui reste de Daesh. Le Hezbollah est ce qu'il est, et il n'est pas pire que les milices chrétiennes ou sunnites. Il est juste beaucoup plus puissant, les chiites étant majoritaires au Liban.
Et qu’on retire les troupes françaises de combat qui opèrent dans la région (Irak et Syrie).
Personne ne parle de l’Iran qui à Bakou est en train de négocier la fin des hostilités au Haut Karabakh et, pour bien faire comprendre aux Azerbaidjanais que c’est du sérieux, a stationné une division blindée à sa frontière avec l’Arménie. Les mollahs volant au secours des chrétiens d’Arménie alors que nous ne faisons rien, c’est inédit.
Cela vise à calmer les ardeurs turques dans la région, en prenant Erdogan en tenaille. La preuve: le président du PUK kurde irakine, Balef Jalal Talabani, est à Téhéran pour des discussions de haut niveau.
Les bavardages géopolitiques? De la danse de salon parisien. Quand Emmanuel Macron parle de prédation des ressources naturelles, il parle bien sûr de la Chine et de la Russie. Quand c'est l'Occident qui pille, c'est du commerce ! Il se trouve que les Chinois et les Russes sont bien plus équitables - et ce n'est pas qu'une question de perception. Ils paient mieux et ils ne conditionnent rien au respect de grands principes qui n'ont aucune réalité historique, sociale et culturelle dans les pays concernés. Ils n'ont aucune mission civilisatrice, parce qu'ils acceptent les civilisations locales telles qu’elles sont. Le respect du contrat commercial négocié leur suffit.
Les institutions internationales issues de la Seconde Guerre mondiale ont sous leur forme présente, vécu, que ce soit l'ONU, le FMI, la Banque mondiale, le G7/G20, etc. Elles ont vécu parce que depuis la chute du Mur, elles ont été les instruments exclusifs, en sens unique, de l'Occident et des USA en particulier. Le reste du monde ne l'accepte plus. Le reste du monde ne tolère plus la double morale, le deux poids-deux mesures. Donc le reste du monde s'organise autrement depuis qu'il en a les moyens. Et cela donne les Brics. Le fait que le président chinois n’a pas assisté au G20 et que le chef de la diplomatie chinoise n’assistera pas à l’assemblée générale de l’ONU devrait faire réfléchir.
Mais Emmanuel Macron persiste à faire du chantage à l’aide au développement. Pas question de démocratie cette fois-ci mais de… réchauffement climatique.
La crise énergétique? Elle n'a cours qu'en Europe. Elle est le produit des seules décisions aberrantes des dirigeants européens qui se sont alignés, moutons de Panurge, sur les USA. Rappelons que la loi française permet par un simple décret de sortir de l'absurde système européen de fixation des prix de l'électricité, qui est la cause principale de l'inflation. Cela n'a toujours pas été fait, bien que les PME ferment par milliers et que les ménages souffrent. Pour faire avaler la pilule, on oppose le changement climatique et la “décarbonation” de l’économie, alors que plus de 80% de l’électricité produite en France ne l’est pas avec des énergies fossiles…
Quant à vouloir plus d'UE dans l'OTAN, c'est comme les vaccins anti-Covid. Pas efficace? Plus de doses. L'OTAN est définitivement morte. La guerre en Ukraine? Ses dernières convulsions. Et l'Union européenne ne vaut guère mieux. Franchement, a-t-on besoin de la Commission européenne, du Parlement européen et de la Cour de justice de l'Union européenne pour gérer un marché commun? Il va falloir se remettre à l'intergouvernemental et enterrer le fédéralisme, rendre les cendres de Jean Monnet à sa famille, histoire de faire de la place au Panthéon pour des hommes plus grands.
La notion de puissance en Occident consiste en principe simple: avoir la plus grosse. Dans un monde multipolaire, c’est inopérant. C’est la capacité à naviguer l’ensemble du système pour contribuer à son équilibre qui diplomatiquement est source de puissance. Quand le comprendra t-on ?