Pourquoi la crise de l'hôpital est bien partie pour durer
Derrière une formation déficiente et le manque de personnels, la crise de l'hôpital révèle d'abord un manque de volonté politique au plus haut niveau de l'Etat. A Quimper, à Voiron, le ton monte.

Alors qu’à Quimper, des manifestants qui protestaient contre la fermeture des urgences de Carhaix, séquestraient le personnel de l’Agence régionale de santé, à Voiron en Isère, l’inauguration du nouvel hôpital ne s’est pas passé dans la plus grande allégresse. Mais avec l’évacuation par les forces de l’ordre de manifestants qui entendaient bien perturber les discours des officiels.
Le cas de l’hôpital de Voiron est révélateur de la crise de l’hôpital public mais surtout, derrière les beaux discours et les engagements qui ne sont guère suivis d’effets, de l’absence réelle de volonté politique. A moins que ce soit celle de casser le système de santé.
Là comme partout, on manque de personnels, infirmiers et médecins au premier chef. Là, depuis novembre 2021 ponctuellement puis juin 2022 de manière systématique, les urgences sont fermées la nuit. Le mode de gestion, d'abord qualifié de "dégradé" puis d'"adapté" (admirez l'acrobatie sémantique) relève désormais du fonctionnement courant. Et visiblement, tout le monde a appris à faire sans, peu importent les dégâts collatéraux.
“ Fermer les urgences la nuit a permis de baisser l’activité la nuit, mais aussi de baisser de 10 % l’activité en journée'“, souligne Bernard Rival en marge de la manifestation que son syndicat, la CGT, a boycotté. “Mais personne ne dit un mot des pertes de chance. On a dit que les morts, c’était la canicule. Avant c’était la Covid. Demain, ce sera le froid. Mais la prise en charge dégradée on n’en parle pas. Nous, sur le terrain, ce que l’on constate, c’est que les patients arrivent dans un état de plus en plus dégradé”.