[ Ukraine ] Ces labos de recherche "bactériologique" dont les USA ont nié l'existence pendant deux semaines
L'hystérie américaine et européenne à propos de l'Ukraine peut trouver en partie sa source dans des programmes vieux de trente ans et le complexe soviétique de production d'armes biologiques.
Ceux qui dès le début de l’invasion de l’Ukraine ont posé des questions sur les laboratoires de recherche bactériologique financés par les USA depuis 1991 et dans le cadre de l’accord bilatéral de 2005, ont été taxés de complotisme. Jusqu’à ce que Victoria Nuland, la n°3 de la diplomatie américaine, reconnaisse il y a trois jours l’existence de ces laboratoires lors d’une audition sous serment devant le Congrès. La présence sur le territoire ukrainien de laboratoires d’un niveau de sécurité équivalent à P4 (BSL 4) où sont manipulés les pathogènes les plus dangereux explique-t-elle en partie la très grande nervosité américaine et européenne ? Plongée au fond du bouillon de culture sans combinaison HazMat.
A la chute du mur, l’Ukraine se retrouva avec le troisième arsenal nucléaire mondial sur les bras. Arsenal inutilisable puisque les codes étaient centralisés à Moscou. Mais arsenal dont l’entretien incombait à l'Ukraine, qui n’avait plus les moyens de le faire. Cela donna lieu à une série de négociations aboutissant au Protocole de Lisbonne en 1991 et au Memorandum de Budapest en 1994, qui organisèrent la remise à la Russie des armes nucléaires présentes sur le sol des nouvellement indépendantes Républiques de Biélorussie, d’Ukraine et du Kazakhstan, ainsi que leur signature du traité de non prolifération nucléaire.
Les armes de destruction massive ne se limitent pas aux armes nucléaires. Elles comprennent les armes chimiques et les plus terrifiantes de toutes, les armes biologiques.
L’Union soviétique était en matière d’armes biologiques bien plus en avance que l’Occident. Elle avait récupéré en Mandchourie l’intégralité des recherches japonaises réalisées de 1936 à 1945 sur un demi-million de cobayes humains (chinois, coréens et soviétiques) par la sinistre Unité 731, dont la mission officielle était de concevoir des vaccins et médicaments afin de lutter contre les épidémies. Les Américains eux récupérèrent les médecins japonais ayant commis des crimes contre l’humanité au sein de cette unité…
En 1979, un accident survint dans l’unité de recherche militaire 19-a de la ville secrète de Sverdlovsk (aujourd’hui Iekaterinbourg) où était cultivée la souche du bacille du charbon la plus virulente de l’arsenal soviétique, elle-même découverte après un autre accident datant de 1952 dans la ville de Kirov. Ayant causé la mort de plus d’une centaine de personnes, cette fuite de bacille du charbon a été dissimulée jusqu’à la chute de l’URSS et les dossiers médicaux des victimes détruits par le KGB. Cette unité de recherche militaire est encore active de nos jours dans des laboratoires souterrains. Le tout hors limite car site classé secret défense, parce que manipulant les souches les plus dangereuses, dont la souche H-4 du charbon dont la virulence et la résistance aux antibiotiques ont été augmentées par manipulation génétique, murmure-t-on.
Biopreparat n’était pas un fabricant de génériques
Outre les centres militaires ouverts dans les années 1920, les ministères de la défense, de l'agriculture et de la santé soviétiques ont créé en 1973 une gigantesque unité de recherche civile nommée Biopreparat, qui employait plus de 55 000 personnes dans cinquante-deux sites.
L’activité officielle de Biopreparat était de concevoir des vaccins et des médicaments pour combattre les épidémies. On connaît la musique : couverture d’un programme top secret de recherche, développement et fabrication d’armes biologiques visant aussi bien l’homme que le bétail et les cultures. Cette opération était si secrète que la localisation de certains de ses sites n’est toujours pas publique.
L’Union soviétique, en contournant ainsi la Convention de 1972 interdisant les armes biologiques, a bâti la capacité de produire des pathogènes en quantité industrielle, suffisante pour éradiquer l’espèce humaine. Charbon, tularémie, fièvre Q, brucellose, typhus, peste, variole, maladie à virus Marburg, Ebola etc.
Les scientifiques soviétiques furent également les premiers à créer un virus chimère par ingénierie génétique, qui causait une maladie auto-immune foudroyante (votre système immunitaire détruit les cellules de votre propre corps).
Le principal site de production et de stockage de pathogènes militarisés de Biopreparat se trouvait sur l’île de Vozrozhdeniye en mer d’Aral, proche de la frontière du Kazakhstan et de l’Ouzbekistan. En 2002, les Américains y décontaminèrent près de 300 tonnes - oui, 300 tonnes - de charbon (anthrax) enfouies dans le sol. Sous forme de spores, le bacille du charbon peut survivre des centaines d’années et résiste à peu près à tous les produits - acides, désinfectants, bases etc. - avec lesquels on essaie de le neutraliser. Ces 300 tonnes enfouies en 1988 avaient été traitées à … l’eau de javel. La mission américaine a également démantelé par la même occasion le laboratoire, abandonné depuis 1992.
Le problème de la prolifération des armes de destruction massive n’est pas tant l’existence de ces armes ou des installations pour les fabriquer – elles sont aisément contrôlables – mais celui de la disponibilité sur le marché des connaissances et des compétences nécessaires à concevoir et à opérer les installations permettant de fabriquer ces armes.
Après la chute du mur, des cohortes de scientifiques de haut niveau du Biopreparat se retrouvèrent au chômage et sans ressources. Autant dire que la compétence à louer était abondante et bon marché.
Les Etats-Unis et ce qui était à l’époque la CEE avant devenir l’UE, financèrent alors des projets pour s’assurer que tout ce beau monde soit employé à d’autres recherches, histoire qu’il n’aille pas se vendre à des organisations mafieuses ou terroristes, ou à des États “voyous” désireux de produire leurs propres armes biologiques. C’est le Pentagone qui gère depuis 1991 le “Cooperative Threat Reduction Program” visant la démilitarisation nucléaire, biologique et chimique dans l’ex-URSS.
Le traité de coopération scientifique avec l’Ukraine a été signé en 2005, soit après la révolution orange orchestrée par les Etats-Unis et après l’élection à la présidence du pro-occidental Viktor Iouchtchenko. Un programme de mise aux normes des laboratoires concernés aurait débuté en 2006, information que nous n’avons pas réussi à confirmer.
Des sources indépendantes et concordantes en Europe et dans l’ex-Union soviétique nous confirment que Biopreparat et l’armée rouge opéraient en Ukraine cinq ou six sites, dont deux ou trois étaient des laboratoires. Nous n’avons pas pu déterminer la nature des recherches et travaux qui y étaient effectués à l’époque. Les mêmes sources avancent également que ces laboratoires de haute sécurité n’ont jamais fermé.
Il s’agit vraisemblablement des labos dont les USA ont nié l’existence jusqu’au 8 mars. Leur réalité a été confirmée lors d’une audition au Congrès par Victoria Nuland, sous-secrétaire d’État aux affaires politiques, néo-conservatrice pivot du dossier ukrainien depuis près de vingt ans, comme nous l’avons démontré dans notre analyse traitant des livraisons d’armes à’ l’Ukraine.
S’il est peu probable que ces laboratoires travaillent sur des armes biologiques, l’opacité est en revanche totale quant à leurs activités. Elles sont suffisamment sensibles pour que les Etats-Unis s’inquiètent fortement que les Russes mettent la main sur du “matériel de recherche”. Souches bactériennes ou virales très dangereuses ? Technologies, procédés et équipement que les Russes ne possèdent pas ? A ce stade, on ne peut que spéculer.
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