[ Ukraine ] Les USA et l'OTAN, échecs et mats depuis 2014
Vladimir Poutine joue aux échecs quand Joe Biden joue aux dames et l’Union européenne aux petits chevaux.
Joe Biden, alors vice-président de Barack Obama, et son directeur de cabinet Antony Blinken, l’actuel secrétaire d’Etat, ont été chargés de l’Ukraine dès 2008.
2014. La “révolte” de Maidan, un coup d’État soutenu voire fomenté par les USA, provoqua le départ du président pro-russe Ianoukovitch, pourtant démocratiquement élu lors d’un scrutin observé par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Ce coup d’État a débouché sur la guerre civile qui continue à ce jour dans le Donbass, guerre qui a procuré à la Russie l’occasion d’annexer la Crimée en 2014 sans tirer un coup fusil, au nez et à la barbe de la proverbiale “communauté internationale”.
Territoire peuplé de russes, la Crimée ainsi annexée a permis à la Russie d’accroitre significativement ses côtes (donc ses eaux territoriales et sa zone économique) dans la mer Noire dont l’accès est régulé par la Turquie depuis la Convention de Montreux de 1922, Turquie qui détient la pleine souveraineté sur les détroits du Bosphore et des Dardanelles. C’est donc un pays membre de l’Otan qui sur le papier contrôle l’accès à la mer Noire, même si la liberté de navigation y est garantie.
Si on remonte en 2008 et à la seconde crise de l’Ossétie du Sud en Géorgie dans laquelle la Russie est intervenue pour garantir l’autonomie de cette province, l’Ukraine soutenue par les USA avait alors menacé la Russie d’interdire à sa flotte de la mer Noire de regagner son port d’attache de Sébastopol… en Crimée. C’étaient des bâtiments de la flotte russe qui avaient débarqué des troupes sur les côtes géorgiennes et imposé le blocus maritime à Tbilissi.
Contrairement à ce qu’on entend dans les médias “mainstream”, le nœud de la discorde n’est pas l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan. Pour une raison très simple : un pays qui n’est pas pleinement reconnu par ses voisins et dont les frontières ne sont pas également pleinement reconnues ne peut pas devenir membre de l’Otan. Aucune dispute territoriale n’est tolérée car susceptible d’entrainer l’ensemble de l’alliance atlantique du fait de l’article 5 du Traité de l’Otan.
Un exemple est la Macédoine du Nord. Il a fallu plus de 20 ans de négociations entre cette ancienne République yougoslave et la Grèce pour que cette dernière reconnaisse la première, la dispute portant sur le simple nom de “Macédoine”… Une fois et une fois seulement cette dispute réglée par un traité, la Macédoine du Nord a pu intégrer l’Otan.
Pour que l’Ukraine intègre l’Otan, il faudrait donc dans les faits que l’Ukraine reconnaisse la souveraineté russe sur la Crimée.
Et l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord pose également qu’une agression de l’Ukraine n’oblige les membres de l’Otan à rien, puisque l’Ukraine n’est pas membre de l’Otan. La solidarité n’est automatique que si l’une des parties au traité est agressée.
Echec et mat.
Vladimir Poutine joue aux échecs quand Joe Biden joue aux dames et l’UE aux petits chevaux.
Et Vladimir Poutine vient de remporter une fois de plus la partie puisque les USA et l’Otan acceptent aujourd’hui de discuter des propositions russes en matière de sécurité, propositions qu’ils ont refusé de considérer il y a un mois.
Sans nier la responsabilité de la Russie dans la guerre en Ukraine, Poutine obtiendra la garantie de l’arrêt de l’extension de l’Otan ainsi que le retrait des capacités balistiques et de croisière américaines en Europe…
L’analyse que nous vous avons proposé dans ce podcast il y a deux semaines se vérifie (cliquez sur l’image).