Agriculture : de l'eau dans le gaz (à effet de serre)
La Cour des comptes préconise de tailler encore plus dans le cheptel bovin. Au risque d'ouvrir plus grand encore la porte aux importations et aux gaz à effet de serre... censés être combattus.
Moins de vaches pour avoir moins chaud ? Au motif que nos ruminants dégageraient trop de méthane – ce gaz qui contribue au réchauffement climatique avec un impact sur l'effet de serre vingt-cinq fois plus puissant que le dioxyde de carbone – la Cour des comptes a une méthode pour le moins radicale. Et qui ne s’embarrasse guère des effets collatéraux sur des agriculteurs dont la seule issue se résume souvent à un endettement sans fin ou au suicide (et souvent les deux).
On ne va pas revenir sur le rapport des magistrats financiers, plus large que la simple question des flatulences bovines – dont on s’étonne au passage que sortant du périmètre de leur exercice purement comptable, ils se fendent de telles recommandations –qui a été amplement relayé. Il est consultable ici.
Car oui, une mesure prise là (en France), peut-être avec la meilleure volonté du monde, n’est rien si elle n’est pas accompagnée. Par celui qui la met en œuvre, ce que déplore la Cour des comptes qui pointe l’insuffisance de l’accompagnement des éleveurs et de leurs filières.
Pour faire simple, Paris n’étant pas le monde et la libre circulation des marchandises étant un des fondements de l’Union européenne, on ne voit pas bien ce qui pourrait empêcher que la viande ou le lait produit ailleurs vienne déjouer tous ces beaux plans, ruinant les efforts faits au nom du climat où on vous dit quoi manger (des sauterelles, étape à suivre) et combien.
Car, oui, pour ne pas perdre sa souveraineté en matière de viande rouge, il y a une solution plaide la Cour des comptes : en manger moins. Et pas plus de 500 grammes par semaine, un seuil aujourd’hui dépassé par 28 % des adultes. On serait complotiste qu’on sentirait poindre le passe alimentaire.
En attendant, le dégraissage agricole a lui bel et bien commencé, avec les résultats que l’on voit. Le cheptel français a baissé de 10 % ces six dernières années. Résultat, la France exporte moins. Et résultat, aussi magistral que glorieux pour notre balance commerciale, la France importe de plus en plus vu que, intra-muros, la consommation de viande que beaucoup aimerait voir drastiquement chuter, résiste.
Selon les données des Douanes françaises relayées par FranceAgriMer, les exportations françaises de viande bovine fraîche ont reculé de 3,6 % en 2022. Dans le même temps, les importations ont pris plus de 20 % de hausse. Même topo pour la viande transformée (respectivement à + 3 % et + 16 %) et pour la viande congelée ( - 8 % et + 27 %) qui enregistre là un petit record sur les cinq dernières années comme le souligne le site spécialisé Les marchés.
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