[Alpes] Ascenseurs valléens : à fond dans l'impasse ?
Dans les Alpes, les ascenseurs valléens se multiplient. Avec une vision pour le moins étriquée de ces "nouvelles" mobilités impulsées à coup de millions d'euros d'argent public.
Où mènent en France les ascenseurs valléens si ce n’est vers les stations de ski? On a passé en revue plusieurs équipements et projets. Des infrastructures à plusieurs millions d’euros, dix, vingt, trente, cinquante voire cent millions. Financées à coup d’argent public. Tout le monde y va de son obole, l’Etat (30 millions d’euros lors du dernier programme Avenir Montagne Mobilités), la Région Auvergne Rhône-Alpes (12 projets retenus pour 50 millions d’euros), les Départements, communes, etc
L’ascenseur valléen, c’est la grande mode. Le truc qu’il faut avoir parce que considéré comme “innovant”. Un équipement porté aux nues ces derniers mois pour, dans le désordre, faire moderne, écolo et efficace puisque plus rapide. En oubliant un peu au passage que de telles installations équipent depuis plusieurs dizaines d’années certaines communes comme à Bourg-Saint-Maurice. Là, depuis 1989, un funiculaire permet de rejoindre la station des Arcs.
Rapide, écologique et moderne… vraiment ?
Mais à y regarder de plus près, on est loin, très loin, des promesses vantées. La “rapidité” par exemple consiste souvent en quelques minutes gagnées, dix voire vingt minutes. A relativiser quand on rapporte ce gain de temps à la perte engrangée dans l’attente de l’ascenseur en question puis, souvent, de la navette qui s’en suit pour mener jusqu’à la destination finale.
C’est le cas aux Arcs pour pouvoir rejoindre les autres stations. Ce sera le cas aussi à La Plagne où la liaison partant d’Aime et qui devrait tutoyer les 100 millions d’euros, doit arroser quatre communes, dix sites et 67 000 lits. Moyennant un bon paquet de navettes derrière sans que la question de la motorisation de ces dernières (des bus électriques ?) ne soit tranchée.
Plus écologique ? Ce futur méga projet de liaison avance une économie annuelle de 540 tonnes de gaz à effet de serre. Bon. Bien. Reste à tout mettre dans la balance. A Saint-Gervais, la mairie a elle aussi en projet une télécabine qui rallierait le Fayet au Mont d'Arbois sur cinq kilomètres.
Quels avantages faut-il en espérer ? Une amélioration de la qualité de l’air ? Moins de trafic routier ? Tout le monde n’est pas de cet avis comme le montrent les résultats d’une consultation – largement favorable toutefois – menée en juin dernier. D’autant que des bus continueront de faire le trajet via la route départementale et que rien d’un tant soit peu contraignant – péage ou priorité aux véhicules hybrides par exemple – n’est prévu pour barrer la route aux voitures. En France, la politique est à l’incitation, et tant pis si le dispositif s’arrête au milieu du gué.
A qui profitent ces ascenseurs valléens ? A Thones dans les Aravis où une liaison est aussi dans les tuyaux pour rejoindre le plateau de Beauregard, difficile de croire qu’une telle installation va résoudre le problème du trop-plein routier.
Dans la vallée de l’Arve en Haute-Savoie, le Funiflaine – 88,5 millions d’euros de budget, 58 millions de subventions – avance cahin-caha. Beaucoup le voient comme une simple remontée permettant d’accéder aux pistes de ski sous couvert, et donc financé, comme un transport public.
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