Dérèglement climatique : et si le remède était pire que le mal ?
Puisque tout le monde cause changement climatique, on s'y met aussi.
Il fait chaud (mais les étés continueront d’être potentiellement pourris) ? La faute au réchauffement/dérèglement/changement climatique. Il pleut plus que de s(r)aison ? Le changement climatique. Les incendies ? Le changement climatique. La sécheresse ? Itou. L’inflation ? Pareil. Les aoutats, moustiques et mouches noires qui pullulent ? Le changement climatique. La croissance mondiale en berne ? Le changement climatique.
Les grenouilles coassent plus fort, les chiens mordent plus, le dragon barbu central (un lézard) change de sexe ? Le changement climatique. Les chèvres rapetissent ? Même topo.
Que ce soit vrai, ou à moitié vrai (comprendre que la montée des températures n’est qu’un contributeur à tous ces phénomènes, comme si rien ne changeait, comme si rien n’évoluait et tout devait rester immuable), il n’en reste pas moins qu’un tel matraquage quotidien est dans le meilleur des cas lassant. Dans le pire, il fait l’inverse que ce qu’il est censé (?) faire : sensibiliser.
“Le traitement médiatique de la recherche sur les enjeux climatiques n'est pas à même d’activer les mécanismes connus en psychologie pour déclencher une action chez les individus et les groupes”, conclut en avril dernier une étude de l’université de Lausanne.
Le problème avec le traitement médiatique du changement climatique, c’est que cela vire au fourre-tout qui laisse tout un tas d’autres paramètres en plan. Et plus beaucoup de place, voire aucune, à la critique et la nécessaire distance. Sans parler de la place prise par la com’, dont le dernier épisode en date – un iceberg trimballé du Groenland au sud de l’Espagne pour sensibiliser au changement climatique – se perd quelque part entre débilité profonde et provocation hors-sol.