[ Edito ] L'envers de l'affaire Judith Godrèche
Personne ne semble vouloir poser la question, fondamentale, du rôle des parents. Pour des raisons peu avouables.
C’est reparti pour un tour de manège victimaire nombriliste et moralisateur de tout ce compte la grande bourgeoisie culturelle subventionnée. Judith Gordèche, victime du “prédateur” Benoît Jacquot à l’âge de 14 ans ? Peut-être. Nous ne sommes pas juges, nous ne connaissons pas le dossier. Mais le réalisateur est-il bien le seul responsable ?
Quand on a 14 ans, on est mineur et on ne peut pas être émancipé. On est sous la responsabilité de ses parents qui exercent l’autorité parentale, qui pose le devoir de protection et d’entretien de l’enfant. Faillir à remplir ce devoir peut mener en prison. L’autorité parentale donne la possibilité de recourir à la force publique pour imposer le retour du mineur dans le foyer familial. Les parents sont également fondés à agir en justice au nom du mineur.
Où étaient donc les parents de Judith Godrèche, tous deux psychanalystes parisiens ? Pourquoi n’ont-ils rien fait à l’époque ? Même question que l’on pourrait poser à Bernard Kouchner qui savait les abus sexuels que son fils subissait de la part d’Olivier Duhamel. Même chose pour l’affaire Gabriel Matzneff, qui revendique la paternité de la fameuse tribune pro-pédophilie parue dans Libération en 1977 et signée par Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Gilles et Fanny Deleuze, Philippe Sollers, Jack Lang, Bernard Kouchner etc.
Judith Godrèche ne s’en prend donc pas aux bons primo-responsables, ses parents. Née en 1972, elle avait 14 ans en 1986. Dans l’écrasante majorité des familles françaises de l’époque, les parents n’auraient pas laissé leur fille de 14 ans vivre avec un homme de 39. Ce type de comportement n’était à l’époque – comme aujourd’hui au demeurant – qu’à trouver dans des milieux très frustres où les gens vivent dans la misère, ou bien dans une partie de la grande bourgeoisie.
C’est donc moins de Benoît Jacquot, du milieu certes pervers du cinéma et d’une époque qu’il faut faire le procès que de cette intelligentsia au pouvoir depuis cinquante ans, qui persiste à donner des leçons à la terre entière. Car là est le fond de l’affaire : ce sont les mœurs du “petit Paris germanopratin” qui sont une nouvelle fois mises en lumière.
Nous passerons sur le caractère nombriliste de ces grands bourgeois parisiens stipendiés par le contribuable qui lavent leur linge sage en public – toute occasion est bonne pour paraître – ni sur le ridicule de Judith Godrèche qui invoque un “système patriarcal”, expression pétrie d’idéologie à la mode. C’est le rôle des parents de protéger leurs enfants de tels “systèmes” quand ils y sont confrontés. C’est à ses parents que Judith Godrèche aurait du demander de l’aide. A moins bien sûr qu’elle ne blâme le “système” pour le fait qu’elle n’ait plus la carrière qu’elle souhaite. Pas son manque de talent, pas le fait qu’elle ne soit pas une très bonne actrice ni une très bonne réalisatrice. Non, le “système patriarcal”. Car enfin, il y a toujours eu au moins autant de stars du cinéma femmes qu’hommes.
Le secteur du divertissement de masse - cinéma, disque, télévision et dans une moindre mesure l’édition- propose de devenir très rapidement riche et célèbre. Il le fait par des contrats forcément faustiens. On y laisse une partie de son âme.
Nous touchons là à un autre aspect du problème, qui met tout le petit monde culturo-politico-médiatique en émoi : la fin du “star système”, concomitante à l’effondrement de l’audience des médias de masse, donc de l’industrie du cinéma dont ils étaient le fondement. Les preuves ? La notion de “‘bankable” et le fait que tant de rejetons d’acteurs ont embrassé cette carrière parce qu’ayant déjà un nom – une “marque” – et les relations de leurs géniteurs.
Il faudrait être naïf pour croire qu’une star ne se fabrique pas. A part de très grands artistes qui possèdent un talent tel qu’ils peuvent s’autonomiser au bout d’un moment de la machine qui les a mis sur le devant de la scène, les stars ont toujours été des produits qui ne s’appartiennent pas. C’est le principe même d’Hollywood, importé en France au mitan des années 1960, ce qui coïncide paradoxalement avec l’explosion du montant des subventions publiques au cinéma.
Voyez les films de super-héros, les seuls à réellement cartonner au box office : la star n’est pas l’acteur qui joue le super-héros, mais le super-héros lui-même, personnage en essence désincarné puisqu’agissant derrière un masque et sous un costume. Version française : ce n’est pas Guillaume Canet que les spectateurs sont allés voir dans son (mauvais) Astérix, mais Astérix.
Mais revenons à nos pervers. Le plus navrant est cette classe culturo-politico-médiatique qui aujourd’hui fustige une forme d’exploitation qui avait cours dans le passé, soutient l’émergence d’un système comparable avec la ”théorie du genre” et tous ces corollaires. Sexualiser une personne que la loi considère un enfant reste de la pédophilie.