[ Edito ] Brésil: explication par l'extrême droite
Peu se posent la question de savoir pourquoi la légitimité de l’élection présidentielle brésilienne est contestée. En bons chiens de Pavlov, hurler à l'extrême droite leur suffit.
En quoi des images de policiers qui font leur travail, c’est à dire s’assurer que les choses se passent bien et ne dégénèrent pas, sont-elles terribles ? Les manifestants n’ont agressé personne, pas de morts ni blessés rapportés pour le moment. Lula Da Silva n’était pas à Brasilia mais à Sao Paulo. Et le parlement ne siégeait à notre connaissance pas.
Les forces de l’ordre ont repris sans affrontement le contrôle des bâtiments. Il n’y a eu que des destructions matérielles. Et 170 arrestations pour le moment. Qu’aurait du faire la police? Ouvrir le feu sur près d’une dizaine de milliers de personnes? Elle a, il faut le reconnaître, très bien géré l’incident.
C’est le Brésil. Tout s’y déroule de manière générale dans la joie, la bonne humeur et avec beaucoup de musique. Même l’envahissement de l’ensemble des institutions fédérales. Avec des flics qui comme les manifestants se marrent et prennent des photos, le temps que les gens rentrent chez eux. Tout est un fête. Nous devrions en prendre de la graine.
Personne ne se pose la question de savoir pourquoi la légalité de l’élection présidentielle est contestée. Prenons par exemple William Burns, le directeur de la CIA, qui est allé sermonner l’ensemble des institutions brésiliennes, y compris la cour constitutionnelle, juste avant les élections. Si cela n’est pas de l’ingérence, qu’est-ce ? Croire que les Brésiliens ne le savent pas revient à les prendre pour des idiots.
Le Brésil est un État fédéral avec un régime présidentiel comparable à l’américain. A la différence que l’ensemble des élections des gouverneurs et les élections législatives se tiennent concomitamment. La légalité de l’élection de Lula da Silva est essentiellement contestée pour deux raisons.
Le fait que les résultats dans les États et aux législatives ne correspondent pas aux résultat de la présidentielle. Le parti de Bolsonaro a remporté la majorité des Etats et possède plus grand nombre de députés. Et donc cela fait craindre aux partisans de l’ancien président, à tort où à raison, que les élections ont été truquées, d’autant que le vote était principalement électronique. Le refus du président du tribunal supérieur électoral d’examiner la plainte du parti de Bolsonaro portant sur 280 000 machines à voter dysfonctionnelles de cinq modèles différents au motif que les mêmes modèles avaient été utilisés pour le premier tour et pour les élections législatives, n’a pas arrangé les choses.
La seconde est le fait établi que Lula da Silva a reçu le soutien actif des Narcos. Or dans les grandes villes, les gens n’en peuvent plus de la violence que les gangs de trafiquants imposent en continu dans les favelas qu’ils contrôlent. Comme ils n’en peuvent plus des (légitimes mais particulièrement brutales) descentes de police qui finissent en combat urbain à l’arme de guerre. Ordem e progresso (ordre et progrès) est la devise du Brésil. La plupart des Brésiliens n’ont pas le premier et pas suffisamment le deuxième.
Au Brésil, la réduction de la pauvreté, réelle et importante, n’a pas induit une réduction de la violence indicible de la société. Avec plus de 60 000 meurtres par an, on se situe au niveau d’une guerre, celle en Syrie ou au Yémen. C’est ce qui a expliqué l’élection de Bolsonaro en 2018, en sus de la bien réelle corruption de Dilma Roussef et de Michel Temer.