[ Edito ] La chasse aux soignants
La loi Rist, qui plafonne les salaires des médecins intérimaires, ne concerne pas le secteur privé. Qui veut la peau du service public ?
François Braun, qui n’est pas à un mensonge ou une approximation près, l’a assuré au micro de BFM-TV : il n’y aura pas de fermeture de services hospitaliers avec la mise en œuvre du plafonnement de l’intérim médical. La mesure, plafonner les rémunérations et surtout le faire respecter moyennant sanctions, était dans les cartons depuis plusieurs mois et même plusieurs années.
La loi Rist, du nom de la députée Renaissance Stéphanie Rist, rhumatologue à l’hôpital d’Orléans où – détail – une patiente est décédée sur un brancard et où les urgences n’en finissent pas de fermer faute de personnel, a été votée en 2021. Son application, repoussée par Olivier Véran pour cause de crise Covid, a donc fini par tomber. Avec et en même temps que le dernier épisode de la fin officielle de la crise : la réintégration des soignants non vaccinés maintenant que la Haute autorité de santé (HAS) a préconisé de lever l'obligation de vaccination contre la Covid-19.
Rappelons que rien de scientifique (sans parler d’éthique, qui mériterait qu’on s’y penche longuement) ne justifiait de maintenir une position aussi rigide que dénuée de tout fondement. Et que la France était avec la Hongrie le dernier pays en Europe à l’imposer… Même la Principauté de Monaco avait fini par plier.
La réintégration des non-vaccinés ne changera pas grand-chose, quantitativement parlant, même s’il met fin à une injustice flagrante. D’abord parce qu’il est peu probable que tous les soignants reviennent. Ensuite, parce que ce personnel en plus va vite être éclipsé par du personnel en moins, l’Etat ayant manifestement décidé de poursuivre sa chasse aux sorcières. Et tant pis si le moment est malvenu et si rien n’a été préparé alors que cela fait des mois que la loi n’attendait que le feu vert pour être appliquée.
La méthode reste la même : autoritaire et brutale, baignant dans l’improvisation puisqu’à quelques jours de sa mise en œuvre, le ministre relevait subrepticement le plafond. Prévu initialement à 1 170 euros, les 24 heures de garde sont passées à un maximum de 1 390 euros. Panique ?