[ Edito] Gouverner par l'arnaque
Emmanuel Macron et son gouvernement viennent de sortir le "préférendum" du chapeau...
Vous avez aimé le grand débat et ses cahiers de doléances promptement disparus ? Vous allez adorer le ”préférendum”, un compte de Borda modifié.
Encore un dispositif absurde, une escroquerie démocratique qui n’aura aucune valeur constitutionnelle, dont les résultats n’engageront à rien et pourront être passés sous le boisseau sans autre forme de procès. Rajouter un mode de scrutin dont ont besoin les pouvoirs en place … pour rester en place.
Il s’agira de demander aux Français celle d’entre différentes propositions qu’ils préfèrent. Démocratie Canada Dry. On fera semblant, on jouera à la démocratie, ce ne sera pas pour de vrai.
Exemple de “préférendum” (à tester avec vos enfants, vos petits-enfants, vos neveux, bref tout bipède doué de parole de moins de 10 ans).
Que préfères-tu mon ange ?
Une glace à la fraise
Une paire de claque
Une langue de bœuf sauce financière
Si, comme le dit Olivier Véran, “C'est un concept qui nous permettrait de tester plusieurs sujets à la fois au cours d'un même vote. Vous pouvez poser des questions multiples aux Français. Je ne dis pas que c'est ce qui est sur la table, mais aucune porte n'est fermée”, il y a alors pour cela les études d’opinion - du moins celles faites sérieusement, pas sur internet et sur un échantillon représentatif de Français très supérieur à 2 000 individus - assorties d’études qualitatives réalisées sur la base d’interviews approfondies d’un échantillon réduit.
En démocratie, le vote n’est pas une mince affaire. C’est le peuple, seul souverain, qui décide de qui le représentera, de qui gérera en son nom la cité pour une période donnée et devra durant son mandat lui rendre compte. Dans le cas d’un référendum, ce sont les citoyens qui décident directement en lieu et place des représentants qu’ils ont élus en répondant oui ou non à une question précise.
Le vote ne consiste pas à donner à ceux qui gouvernent l’occasion de se dégager de leurs responsabilités en proposant un éventail de choix distillé pour aboutir à un résultat prévu d’avance, faisant ainsi l’économie du débat. Gouverner, c’est choisir et prévoir, pas rédiger des menus. La démocratie n’est pas un self-service.
Emmanuel Macron, sa bande et ceux qui les ont fait élire sont prêts à tout. Après avoir systématiquement perverti les institutions, avoir érigé en norme le mensonge et la corruption, s’être assuré que l’incompétence n’aurait pas plus conséquence pour les incompétents que les lois pour certains qui les violent, ils s’attaquent au cœur même de ce qu’est la démocratie : au vote, au droit que chaque citoyen dispose dans l’isoloir d’exercer sa part de pouvoir. Un citoyen ne perd jamais une élection puisqu’une opposition est toujours élue. Même en cas de référendum, le citoyen ne perd pas puisque l’acceptation du choix majoritaire à la fois garantit et est l’expression de la cohésion de la société.
En revanche, quand on foule au pied le résultat d’un référendum comme cela fut fait en 2009 par l’adoption par voie parlementaire du traité de Lisbonne dont les Français avaient refusé le contenu en 2005, on mine durablement la démocratie en attisant la défiance vis-à-vis des institutions. Et on aboutit quinze ans après à la situation actuelle, où on ne gouverne plus dans l’intérêt général et celui de la nation, mais pour celui d’une infime minorité, d’une oligarchie.
Présenté comme le fait Véran, c’est un concept plutôt inquiétant, car il prête à penser que les lois ne sont pas dictées par une politique long-termiste, mais par une opinion court-termiste….
Sans parler du coût d’organisation d’un tel événement politico-médiatique.