[ Edito ] La marche hypocrite
La marche "pour la République, contre l'antisémitisme" était une opération électoraliste en vue des européennes de l'année prochaine. Les Français n'ont pas marché.
Spectacle pathétique qu’est celui de la classe politico-médiatique française qui, après une semaine de foire d’empoigne pour déterminer à coup d’invectives et d’outrances qui est dans le camp du bien et dans le camp du mal, défile dans le plus grand désordre alors qu’elle ne cesse d’importer depuis cinquante ans le seul antisémitisme viscéral qui depuis trente ans tue en France : celui de certains musulmans, certes minoritaires. Cette même classe politico-médiatique ne fait rien pour y remédier.
Ce fait indéniable, cette réalité irréfragable est allégrement passée à la trappe. Comme toujours. Plus facile de jeter l’anathème sur les Français, vous savez, ces racistes, ces sexistes, ces homophobes, ces antisémites, ces beaufs qui fument des clopes et roulent au diesel… Plus facile d’invoquer “les heures sombres de notre histoire” que de prendre conscience qu’on sème les graines de leur répétition, qui ne sera pas due à l’extrême droite, notre grand épouvantail national.
Epouvantail qu’on agite une fois de plus pour accabler de honte les électeurs qui auraient l’intention de mal voter, avec une grande nouveauté : la sortie de l’épouvantail d’extrême gauche. Difficile d’hurler au communisme comme durant la guerre froide, alors on la taxe d’antisémite. Si antisémitisme il y a, alors l’honnêteté intellectuelle la plus élémentaire est reconnaître qu’il s’agit de cas individuels, et certainement pas d’une politique déclarée dans les programmes du RN et de LFI. L’antisémitisme n’est pas non plus enkysté dans leur matrice idéologique.
La France n’est ni antisémite ni raciste. Les arabes, les noirs, les juifs et les jaunes courent toujours aurait dit Pierre Desproges.
Yaël Braun-Pivet et Gérard Larcher s’étaient déjà drapés, extatiques, des couleurs de l’Ukraine, pays mafieux et dirigé de fait par des nazis qui, si leur haine des Russes est plus forte que leur haine des Juifs, n’en restent pas moins des antisémites patentés. On ne peut rien attendre des présidents des deux chambres du parlement, fors le déshonneur.
Si l’on en croit la présidente de l’Assemblée nationale, 105 000 personnes dans la capitale sont “toute une nation”, ce qui explique beaucoup quant à sa perception de la nation française qui comprend 67 millions de personnes dont seulement 1,2 million à Paris et 20 millions de Ile-de-France…
Faire son beurre électoral sur des piles de cadavres étrangers au prétexte de bons sentiments frelatés par des considérations politiciennes ne changera rien au fait que Renaissance, le “parti” d’Emmanuel Macron, est donné à 12% dans les sondages aux européennes de 2024 (le PS, les Ecologistes et LR moins encore). C’est du même acabit que faire la guerre avec le sang des autres, impardonnable.
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La sanglante querelle de voisinage entre Israéliens et Palestiniens dure depuis soixante-dix ans. Ce n’est pas la nôtre. Que ceux qui souhaitent s’en mêler aillent le faire sur place. Nous ne pouvons que tenir les parties belligérantes responsables de leurs actes. A savoir le Hamas comme Israël de leur crimes de guerre, voire de leurs crimes contre l’Humanité. Les mêmes règles s’appliquent à tout le monde de la même manière. Nous ne pouvons qu’offrir notre médiation ou user de notre puissance, qui reste bien réelle, pour que les massacres cessent. Visiblement, vu l’incompétence, la faiblesse et la corruption de notre exécutif et de notre Parlement, nous n’en prenons pas le chemin.
Quant aux retournements de veste erratiques d’Emmanuel Macron, dont l’incompréhension du monde et le manque d’épine dorsale sont avérés depuis 2017, est-il encore besoin d’en parler ? Après son interview à la BBC où dans un anglais aussi approximatif que zézéyant il a demandé un cessez-le-feu, il vient de baisser son pantalon devant le président israélien qui exigeait des explications. Sa réponse : “Je soutiens sans équivoque l’Etat d’Israël et son droit à l’autodéfense”.
Israël n’est pas la France. La Palestine non plus. Ces deux pays ne sont ni européens, ni occidentaux. Leurs citoyens ne sont pas nos concitoyens. Nous ne leur devons rien, si ce n’est de veiller à l’application du droit international et de rechercher la paix.
L’antisémitisme est un sujet sérieux qui ne s’accommode pas de danses de salon parisien et de petites combinazione politiciennes. Marcher contre l’antisémitisme ? Nul ne peut le faire avec des arrières pensées.