[ Edito ] Ma cassette ! Ma cassette !
Attention, pluie de criquets en perspective si les Français votent mal le 30 juin et le 7 juillet. Le chantage est maintenant économique. Mais est-ce bien de ce dont il s'agit ?
Dernière grande peur agitée à fins électorales, si le Rassemblement national ou le Front Populaire arrivait au pouvoir, nuées de criquets sur les marchés, augmentation des taux, peste et choléra financiers, dix plaies de l’Egypte sur les indices. Mon dieu, les investisseurs qui prêtent à la France s'affoleraient ?
Foutaises et billevesées. Les “investisseurs” sont rationnels et la bourse n’est plus depuis longtemps un indicateur de bonne santé économique. Ce à quoi nous assistons n’est ni plus ni moins que le début d’une attaque spéculative sur le marché obligataire, que nous avons les moyens légaux de stopper net avec la loi Sapin. S’agissant de dette souveraine, il faudra que la Banque de France soit ce qu’elle est, la Banque de la France, non pas celle des banques et des marchés.
[Rajout à 16h30 ] Si vous voulez une analyse réaliste et sans concession de la situation économique de la France, lisez ce fil de Jacques Sapir, qui remet le trésor au centre de la Banque centrale et impute les responsabilités à celui qui depuis 2012 décide de la politique économique de la France, Emmanuel Macron.
La grande presse se garde bien de mentionner deux faits qui constituent deux points de bascule fondamentaux de l’économie mondiale, et qui surviennent dans un contexte de crise larvée aux Etats-Unis et en Europe.
Le 9 juin, l’Arabie saoudite a décidé de sortir de son accord tacite conclu avec les Etats-Unis il y a cinquante ans et de ne plus vendre son pétrole exclusivement en dollars, donc de tuer le pétrodollar. Dès le 28 février 2022, nous vous annoncions que c’étaient en fait les Américains qui se tiraient eux-mêmes une balle dans la tête.
Une bonne partie des 3 000 milliards de dollars en circulation dédiés aux règlements énergétiques ne serviront plus à rien, les banques centrales réduiront de manière significative leurs réserves en dollars, ce qui aura pour effet de faire baisser son cours, d’augmenter l’inflation et les taux d’intérêts, donc le coût de la dette américaine.
Comme si cela ne suffisait pas, les Brics ont annoncé la création d’un système de règlement, d’une messagerie bancaire décentralisée et indépendante de Swift. Ce qui signifie donc qu’une partie croissante du commerce mondial ne sera plus réglé en dollars mais en monnaie nationale, les transactions étant effectuées par le truchement d’une sorte de chambre de compensation ou d’une nouvelle monnaie pivot.
Mais pour la presse mainstream, il faut cacher ces changements qu’on ne saurait voir…
Tout ceci arrive dans un contexte de crise bancaire aux Etats-Unis qui dure depuis deux ans et est causée par l’immobilier d’entreprise. Les banques se retrouvent avec des actifs non liquides dont personne ne veut en échange de prêts non remboursés, puisque la hausse des taux d’intérêt incite les propriétaires à ne pas refinancer leurs bâtiments, cf. les immenses immeubles commerciaux et de bureaux vides à New York, Los Angeles, San Francisco etc.
L’Association française des entreprises privées, une création d’Ambroise Roux et version moderne de la synarchie regroupant les 117 plus grandes entreprises françaises, parle d’un risque durable de décrochage des économies française et européenne et appelle tous les partis à la retenue budgétaire. Pourquoi donc ces entreprises sont-elles restées silencieuses quant aux 1 200 milliards de dette supplémentaire crées par Macron ? Un avertissement qui ne transpire pas vraiment l’inquiétude fébrile.
La vraie raison de la terreur qui étreint tout le petit monde politico-médiatique ne serait-elle pas les conséquences qu’aurait l’arrivée d’un RN à Matignon, qu’il dispose de la majorité absolue à l’Assemblée ou pas ? Le premier ministre gouverne la France. Il a accès à tous les dossiers, y compris les plus secrets. C’est lui seul qui peut décider de déclassifier. Imaginez par exemple qu’on rende public une partie du dossier des frégates de Taïwan. Cela ne mangerait pas de pain, Edouard Balladur ayant un pied dans la tombe et l’autre sur une flaque d’huile. Ou bien que, sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale, soient transmis au parquet des éléments sur Alstom, la gestion de la Covid et tout autre affaire politico-financière ?
Imaginez un parti dont la candidate a recueilli 42% des suffrages au second tour de la présidentielle en 2022, parti qui est diabolisé depuis vingt ans, avoir accès aux dossiers individuels de chaque parlementaire, de chaque personnalité que possède la DGSI et le contre-espionnage et l’anti-ingérence de la DGSE… Contrairement à l’ensemble des partis dits “de gouvernement”, le Rassemblement national ne participe pas (encore) au jeu du je-te-tiens-tu-me-tiens-par-la-barbichette. Même pas besoin de légiférer, il lui suffira de distiller.