[ Edito ] Remaniement – en deux mots
Gabriel Attal déjà désigné successeur d'Emmanuel Macron ? Et si ce dernier n'avait plus prosaïquement pas eu le choix?
Sale blague à la Jean Yanne : l’avaleur n’attend pas le nombre des années non plus. La grande presse n’a eu depuis une semaine pas d’autre plat à nous passer. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de nous resservir la même campagne en carton qu’elle avait orchestrée pour Emmanuel Macron en 2016. Voir ce fil d’Amélie Ismaïli.
Passons outre les hypocrites pâmoisons sur l’âge (qui n’est pas une qualification) du nouveau premier ministre et les imbéciles dithyrambes sur ses capacités de travail et facultés intellectuelles. Laissons sur le bas côté de route M. Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France, qui le jour même de la nomination de Gabriel Attal a immédiatement hurlé, face à la levée de bouclier dans l’opinion publique donc sur les réseaux sociaux, à l’antisémitisme et à l’homophobie, manière de couper court aux critiques du haut d’un piédestal moral sans prendre la peine d’apporter les preuves de propos qui intéressent la justice. Faisons fi des échotiers de cour parisiens qui répètent ce que ce qu’il est convenu d’appeler l’oligarchie lui susurre aux oreilles depuis plus d’un an : Gabriel Attal sera le successeur d’Emmanuel Macron.
Et si la réalité était bien plus prosaïque ? Et si Emmanuel Macron n'avait tout simplement pas eu d’autre choix, la perspective d’agir selon l’esprit de notre Constitution qui lui commande de dissoudre l’Assemblée nationale (ou de démissionner) lui étant insupportable ?
C’est le deuxième et dernier quinquennat d’Emmanuel Macron. En ne lui donnant pas de majorité aux législatives ni au sénatoriales, les Français lui ont interdit de gouverner à sa guise – à moins d’user de subterfuges procéduriers comme lors de la réforme des retraites ou de 49-3 en série pour faire passer les budgets. Ca va bien trois mois - on voit le résultat au bout de 18 - mais cela ne peut perdurer.
L’esprit de notre Constitution veut que la politique du gouvernement étant désavouée dans l’opinion et/ou dans les faits, on change de politique et on matérialise cela par un nouveau premier ministre et un nouveau gouvernement. Emmanuel Macron, terrifié à l’idée d’être tel Caligula suriné dans le dos par les prétoriens Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin (il y a déjà le prétorien déchu Edouard Philippe qui attend tapis dans l’ombre) s’il les nommait à Matignon a préféré, comme le rappelle avec malice Régis de Castelnau, désigner premier ministre son cheval Gabriel Attal.
Sauf que les choses ne se passent pas non plus comme cela. Si le président de la République souhaite conserver la même politique, il faut alors qu’il demande quitus au peuple en repassant devant les urnes, soit en dissolvant l’Assemblée nationale, soit en organisant un référendum si la constitution l’autorise, soit en remettant son mandat présidentiel en jeu.
La seule question qui préoccupe Emmanuel Macron est lui-même. Rien de nouveau. Reste à savoir si son ambition est de tenir jusqu’en 2027 sans dissoudre dans l’espoir de revenir en 2032 ou bien s’il a des envies, qu’aucuns lui prêtent, de devenir chef de l’Europe. Interrogation qui pourrait s’avérer stérile. L’effondrement de la France et de l’Union européenne est tel qu’elles ne pourraient plus exister en 2032, du moins sous la forme que nous leur connaissons.
Gabriel Attal, dont l’expérience ne dépasse pas le périph’, commence mal. Avec un gouvernement qui n’est somme toute qu’un casting de téléréalité avec Amélie Oudéa-Castéra dans le rôle de Kenza, Rachida Dati dans celui Loana et Stéphane Séjourné en Steevie, trois ans, c’est long, ça use. Quand on considère la manière dont s’engagent les choses avec la super-ministre Ouéda-Castéra, les prestations de Stéphane Séjourné à l’étranger et une ministre de la culture mise en examen pour corruption et visée par une enquête de l’Office de lutte contre contre le crime organisé, le tout nouveau locataire de Matignon aurait intérêt à se souvenir avec tendresse de Jean-Yves Lafesse et de son “pourvu qu’ ça dure!”.
Enfin il y a l’inéluctable défaite du parti d’Emmanuel Macron aux Européennes en juin prochain dont l’actuel premier ministre sera immanquablement tenu responsable. Gabriel Attal n’est pas le dauphin. C’est le bourrin.
La preuve: une semaine après sa nomination et avant même qu’il eût prononcé son discours de politique générale, Emmanuel Macron tire le tapis de la sale défaite (pardon, salle des fêtes) de l’Elysée sous les pieds de Gabriel Attal en tenant une conférence de presse de 2 heures ce soir sur 6 chaînes de télévision. Pas sûr que cet exercice passionne les foules. Il s’annonce déjà pathétique dans son imitation imbécile du Général De Gaulle. Mais attendez-vous à l’Assemblée à un premier ministre qui va émailler son discours de politique générale de “comme Emmanuel Macron l’a dit”. Discours qui ne sera suivi d’aucun vote de confiance. Attal, c’est le cheval. Le seul qui reste dans l’écurie.
En effet, je pense la même chose que vous. Le choix est de plus en plus restreint au fur et à mesure que les affaires s'enveniment. Au-delà de 3km autour de l'Elysée, il n'y a plus de candidats! Qui voudrait prendre la relève alors que tous les clignotants sont au rouge cerise? Et puis, Macron est invivable, c'est le seul qui a usé 3 CEMAA et combien de Premier ministre déjà? Afin d'en finir et relativiser l'importance du gouvernement, avec une Europe qui va devenir fédérale (si on ne l'arrête pas) il suffira d'un caporal de semaine pour transformer ses directives en lois et nous ferons (peut-être) des économies. Même à l'Elysée, un planton suffira! C'est déjà parti avec Séjourné dont le rang protocolaire a été rétrogradé.
Bien triste perspective! Et on s'étonne que les candidats pour l'engagement dans les armées ne se bousculent pas? Donner sa vie à l'Europe, NIET!