En Savoie, le Département sur une pente glissante
En Savoie, le Département joue les promoteur et agent immobiliers pour mieux faire tourner les remontées mécaniques qu'il exploite. Le terrain est pour le moins glissant.
Depuis longtemps et bien avant les Jeux Olympiques d’Albertville en 1992, la Savoie en pince pour le ski. Une particulière attention et affection qui la fait se dévouer corps et âme pour la glisse et ses dérivés. De fait, hormis le tourisme, et notamment de sports d’hiver, le département n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Alors, pour ses stations de ski, le Département de la Savoie met le paquet et dépense sans beaucoup compter. Trop ? Et, surtout, quitte à déborder de ses compétences pour aller marcher sur les plates-bandes des voisins ?
Le 14 mars, la chambre régionale des comptes épinglait le Département de la Savoie dans un rapport consacré à l’entretien des routes. Pour faire remarquer que si la géographie et le climat peuvent expliquer que le département y consacre autant d’argent, certaines routes, et notamment celles permettant d’accéder aux stations de ski, sont particulièrement chouchoutées.
Il n’y a pas que les routes. En Savoie, le Département exploite et vole au secours de nombreuses stations de ski par l’entremise d’une société d’économie mixte qu’il a créé en 1991 et dans laquelle il détient 74 % des parts : Savoie Stations Participations (SSP) rebaptisée depuis Savoie Stations Ingénierie touristique (SSIT).
Au travers de SSIT et plus précisément de sa filiale SSDS (Savoie Stations Domaines Skiables), le Département de la Savoie participe à l’exploitation de quinze stations de ski. C’est en grande partie des remontées mécaniques, et des dividendes que les stations lui reversent, que le groupe tire ses ressources. Et notamment celles de la Setam, la société qui gère Val Thorens et dont SSIT est l’actionnaire principal.
« Les dividendes de la Setam ont représenté à eux seuls 98 % des recettes annuelles entre 2009 et 2016, et ont progressé de 53 % sur cette période. La SSP a donc directement bénéficié de la profitabilité croissante de l’exploitation du domaine skiable de Val Thorens », soulignait la chambre régionale des comptes dans son rapport en 2017.
Val Thorens, c’est la pépite du groupe sur lequel repose tout le système. De fait, entre 2010 et 2015, celle-ci a engrangé plus de 48 millions d’euros de bénéfices.
« Le modèle de SSIT, ce sont des participations dans de nombreuses remontées mécaniques, certaines plus rentables que d’autres. Les bénéfices perçus par les plus rentables permet d’aider les sociétés qui le sont moins, explique Jean-Christophe Ailloud, le directeur général de SSIT. Ainsi les dividendes de Val Thorens permettent d’intervenir pour des stations plus en difficulté, comme Albiez ».
En tout, SSIT détient des participations financières dans une vingtaine de sociétés commerciales intervenant dans les stations touristiques de montagne. Un acteur discret, moins puissant que la Compagnie des Alpes, mais bel et bien incontournable et qui s’est fait une place dans le paysage. « Quand SSIT n’est pas actionnaire, ils sont là en conseil, à tirer les ficelles », fait part un observateur avisé.
Là où il y a comme un hic, c’est que le code général des collectivités territoriales interdit ce genre de pratiques. Comme le résumait la CRC en 2017 : « une collectivité ne peut créer une Sem dont l’objet serait de détenir pour son compte un portefeuille de participations dans des sociétés commerciales ». Clair et net ? Pas vraiment manifestement.
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