[ Info L'Eclaireur ] La HATVP se penche sur les liens d'intérêts entre Cédric O et Mistral AI
A la fois conseiller gouvernemental, co-actionnaire et lobbyiste pour Mistral AI, l'ex-secrétaire d'Etat au numérique a-t-il mélangé les casquettes au risque d'une prise illégale d'intérêt ?
Cent soixante seize euros pour 1,15% du capital de Mistral AI transmutés du jour au lendemain en une valorisation de 23 millions via une société de conseil conseillant Mistral AI ? Mistral AI, histoire d’O ?
La Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), cette instance indépendante chargée de contrôler la déontologie des responsables publics et de prévenir les conflits d’intérêts, se penche sur le cas de Cédric O.
De pantouflage en rétro-pantouflage, l'ex-secrétaire d'Etat au numérique a-t-il un peu trop mélangé les casquettes ? Ses fonctions à Mistral AI sont-elles compatibles avec son mandat passé ? Un an après cette reconversion heureuse, la HATVP se penche sur le dossier, confirmant à L’Eclaireur son instruction en cours.
Ce n’est pas la première fois que la HATVP se prononce sur le cas de Cédric O. A plusieurs reprises, la haute autorité a eu à statuer sur les velléités de reconversion de l’ex-secrétaire d’Etat chargé du numérique de 2019 à 2022. Elle avait d’ailleurs mis son veto à sa nomination au conseil d’administration d’Atos au vu des conflits d’intérêts évidents : Cédric O siégeait au gouvernement quand ont été accordées des aides publiques dans le cadre d'un plan sur les technologies quantiques, sur les réseaux du futur ou encore pour créer une filière française du cloud.
L’ex-secrétaire d’Etat avait fait appel de la décision. Décision confirmée par le Conseil d’Etat. Fin de la partie pour Cédric O et Atos. Et début d’une autre partie. Car depuis, l’ex-secrétaire d’Etat a rejoint le conseil d’administration d’Artefact, un cabinet conseil spécialisé dans la data et l’intelligence artificielle où il siège en tant qu’indépendant. Il a aussi et surtout créé en juillet 2022 son propre cabinet d’études, Nopeunteo, malgré les mises en garde de la HATVP.
“L’infraction de prise illégale d’intérêts pourrait notamment être constituée dans l’hypothèse où Monsieur O réaliserait des prestations pour le compte d’une entreprise privée ou prendrait des participations au capital d’une entreprise privée alors qu’il aurait accompli à son égard, au cours des trois années précédentes, en tant que membre du gouvernement, l’un des actes mentionnés à l’article 432-13 du code pénal”, souligne la HATVP dans sa délibération du 14 juin 2022.
“Une prudence toute particulière doit ainsi être observée par Monsieur O dans le choix de ses clients ou des entreprises dans lesquelles il prendrait une participation, notamment si ces derniers appartiennent au secteur du numérique”.