
[ Flash ] Aurélien Rousseau se pique pour les vaccins
Pour le ministre de la Santé, les nouveaux vaccins anti-Covid sont non seulement efficaces mais aussi exempts de tout effet secondaire. Ce qui fait de lui le parfait candidat pour tester le DSA...
Tout auréolé, même si de manière très indirecte, du prix Nobel de médecine, le vaccin anti-covid nouvelle mouture s’est trouvé en France un fort zélé promoteur en la personne d’Aurélien Rousseau. Sur France Inter, le ministre de la santé s’est lancé dans un véritable plaidoyer pour la vaccination au nom d’une “responsabilité collective vis à vis des personnes fragiles parce qu’il y a encore eu l’an dernier des morts et des centaines de morts du Covid” dont on peut se demander si elle ne s’affranchit pas un peu des recommandations des autorités sanitaires, la Haute autorité de santé préconisant de ne vacciner que les personnes les plus à risque de forme grave de la maladie (la liste est là).
Rappelons que c’était au nom d’un supposé bénéfice collectif que l’on avait vacciné massivement, et ce à l’encontre de textes de loi précisant que tout acte médical invasif sur les enfants doit être strictement justifié avec un bénéfice direct pour le mineur lui-même.
Relire à ce titre cette interview : "Personne ne peut dire sérieusement que la gestion sanitaire en France est guidée par des impératifs de santé publique"
Donc, sur la radio publique, Aurélien Rousseau n’y est pas seulement allé de sa piqûre de rappel. La vaccination étant un choix personnel, d’autant plus s’il est réfléchi et éclairé, nous ne nous mêlerons pas de savoir s’il convient de se vacciner ou non. Mais sans être nullement contredit, le ministre a simplement déclaré :“on a un vaccin qui est plus efficace que celui de l’an dernier”.
Plus efficace sans qu’il ait beaucoup eu à faire la preuve, in vivo, de son efficacité ? Rappelons que le Comirnaty Omicron XBB.1.5, le nouveau vaccin de BioNTech/Pfizer (oui BioNTech, le laboratoire où travaille une des deux lauréats du prix Nobel de médecine) n’est autorisé dans l'Union européenne que depuis le 11 septembre. Que son homologue de Moderna a reçu une autorisation de mise sur le marché européenne le 15 septembre quand celui de Novavax est encore en cours d’évaluation.
On rappellera aussi que l’année dernière, seules 20 % des personnes éligibles à la vaccination, s’étaient fait piquer. D’où l’idée de coupler la vaccination Covid avec la vaccination contre la grippe. Et que 2,5 millions de doses du nouveau vaccin de BioNTech-Pfizer ont été livrées à la France sur les 13,5 millions de doses qui ont été commandées.
Mais le vaccin est selon Aurélien Rousseau pas seulement efficace. Il est aussi totalement exempt d’effets secondaires (“il n’y a pas d’effets secondaires”, a promis le ministre, toujours pas contredit). On rappellera qu’Aurélien Rousseau est un énarque titulaire d'une maîtrise d'histoire passé par le cabinet de Bertrand Delanoë alors maire de Paris. Qu’à la ville, il est le compagnon de Marguerite Cazeneuve, la n°2 de l'Assurance maladie passée par le cabinet conseil McKinsey, elle-même fille de Jean-René Cazeneuve député du Gers et dont la maman travaille au laboratoire pharmaceutique américain Elli Lilly (ouf).
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Mais le ministre n’a pas dû lire les notices des médicaments, ni pris attache avec les autorités sanitaires. Quand bien même les effets indésirables des vaccins restent rares voire exceptionnels, et que la balance bénéfices-risques reste favorable à la personne vaccinée, le concept de “consentement éclairé” ne fait manifestement pas partie de la doctrine du ministre. Qu’est-ce qu’Aurélien Rousseau ne comprend pas dans “effets secondaires” ?
Comme pour ses prédécesseurs, le nouveau Comirnaty expose, outre à une fatigue, des maux de tête, de la fièvre ou des vomissements, à un risque accru de myocardite et de péricardite (très rare). Mais aussi à des risques de paralysie faciale (rares) et des troubles menstruels (importants mais dont la fréquence reste indéterminée, travaux en cours).
On notera que “l'efficacité, la sécurité et l'immunogénicité du vaccin n'ont pas été évaluées chez les personnes immunodéprimées, y compris chez celles qui reçoivent un traitement immunosuppresseur”. Qu’aucune étude d’interaction (notamment avec d’autres vaccins) n’a été réalisée. Et qu’aucune donnée n’est encore disponible concernant l’utilisation du Comirnaty Omicron pendant la grossesse comme pendant l’allaitement. Ce qui ne veut pas dire qu’il y a un risque. Mais ce qui ne veut pas dire non plus qu’il faille les balayer sous le tapis.
Des risques, et notamment de troubles de la coagulation et autres thromboses, attribués aux vaccins à ARNm que Drew Weissman avait pointé dans une étude publiée en 2018. Avant de recevoir, avec Katalin Kariko, le prix Nobel de médecine cette année. Une distinction saluée à sa façon par Aurélien Rousseau. Dans un tweet, le ministre s’est ému que les chercheurs aient offert à l’humanité “une des plus belles découvertes scientifiques des dernières décennies”. Détail : Katalin Kariko et Drew Weissman ont obtenu le Nobel non pour avoir découvert la technologie des vaccins à ARNm, qui revient au professeur Malone, mais pour l’avoir industrialisée (et mal industrialisée selon le Pr Malone lui-même) …