Immigration et délinquance; Enquêtes à gogo; Kissinger ce héros; L'instant Meurice
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Immigration et délinquance : le difficile constat
"Mal nommer les choses, c'est rajouter du malheur au monde", disait Albert Camus.
« En France, nous ne parvenons pas à dire certaines choses, parfois pour des raisons louables. Il en est ainsi de la surdélinquance des jeunes issus de l'immigration, qui a longtemps été niée, sous prétexte de ne pas stigmatiser. On a attendu que la réalité des quartiers, des commissariats, des tribunaux, des prisons impose l'évidence de cette surreprésentation pour la reconnaître publiquement. Et encore, les politiques ne savent pas comment en parler » (tribune Le Monde 2002).
"Mal nommer les choses, c'est rajouter du malheur au monde", disait Albert Camus. Plus de vingt ans après ce constat dressé par cet obscurantiste d'extrême droite qu'est Christian Delorme, prêtre catholique de l'archidiocèse de Lyon particulièrement impliqué dans le dialogue interreligieux, et notamment avec les musulmans – il a notamment été l'un des initiateurs de la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983 – on y est toujours.
En 2001, un rapport sénatorial (sûrement pas le premier) aurait dû alerter (déjà, encore) : ses auteurs y faisaient le constat d'une augmentation en nombre mais aussi en proportion, d'un rajeunissement et d'un durcissement de la délinquance des mineurs. Du développement aussi de la délinquance d'exclusion, celle qui se nourrit de trafics. Et d'une sur-représentation des jeunes d'origine maghrébine.
Il n'y a plus grand-monde pour nier la surreprésentation des immigrés ou issus de l'immigration dans les crimes et délits. Tout journaliste un tant soit peu honnête qui traite des faits divers l'admettra. Tout citoyen un tant soit peu observateur aussi. il suffit de lire les rapports du ministère de la Justice. Dans ses statistiques trimestrielles d'octobre 2021, le ministère dénombrait 17.198 détenus étrangers. Ils représentaient 24,5% de la population carcérale, alors qu'ils comptent pour moins de 8 % de la population française.
Parmi eux, 9 793 détenus étaient d'origine du continent africain, 5109 d'origine européenne et 1 308 issus du continent américain. Même constat du côté de l’Institut pour la Justice : 54 % des détenus viennent d’Afrique et du Maghreb, 33 % sont de nationalités européennes, essentiellement d’Europe de l’Est.
Au-delà des prisons, les étrangers sont surreprésentés dans toutes les catégories de crimes et de délits, d’après les chiffres du ministère de la Justice. Ils représentent 14 % des auteurs de crimes et délits à caractère sexuel, 14 % des coups et blessures volontaires, 17 % des homicides, 18 % des vols avec armes, 30 % des vols sans violence et 31 % pour vols violents avec arme.
Ce n'est pas raciste que de faire ce constat, factuel, indéniable, aux causes multiples qu’on nous dit êtres vraisemblablement la pauvreté et l'exclusion. Ces deux facteurs sociaux n'expliquent pas tout. A statut socio-économique égal, quelques travaux, notamment d'Hugues Lagrange ou de Sébastien Roché - d’infâmes suppôts de l’extrême droite - ont montré que des descendants d'immigrés commettent plus d’ actes délictueux ou criminels. Mais aborder la question sous l'angle culturel est tabou. Elle est pourtant sûrement centrale.
Ce n'est du racisme que faire ce constat, et notamment celui qu'une petite minorité jette l'opprobre sur une large majorité. En France, un tiers des médecins étrangers sont d’origine maghrébine. Aussi.
Vous reprendriez bien une petite enquête parlementaire?
Les sénateurs centristes réclament une commission d'enquête sur le prix de l'électricité. Un an après celle sur l'énergie dont les recommandations sont manifestement tombées dans les limbes.
Les sénateurs centristes réclament une commission d’enquête sur la production, la consommation et le prix de l'électricité. Dix ans après celle sur le coût réel de l'électricité et un an après la commission d'enquête parlementaire sur les raisons de la perte de souveraineté et d’indépendance énergétique de la France dont l'exécutif n'a pour l'heure guère tiré d'enseignement. Sur les trente propositions issues des centaines d'heures de travail et d'audition des députés, une seule a été mise en œuvre : la réexploration du sous-sol par le BRGM.
La refonte du marché européen de l’électricité et la suspension de l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique (Arenh), ce mécanisme complexe qui permet à des acteurs indépendants d’acheter de l’électricité à EDF à un prix fixe pour la revendre ensuite ? La question ne transperce jamais, pas plus dans les débats politiques que sur les plateaux des médias.
C'est ainsi que la prochaine programmation pluri-annuelle de l'énergie (PPE) dont L'Eclaireur a raconté combien la feuille de route tournait un peu dans tous les sens mais devrait suivre son train, au rythme d'une programmation tous les dix ans avec révision à mi-parcours. Passons outre le fait que la dernière révision, dont la date butoir était fixée à juillet, n'a pas encore eu lieu et que la PPE est loin, très loin, d'avoir tenu ses précédents objectifs. A se demander, vu qu'il n'y a aucune contrainte, à quoi elle sert. Se fixer des objectifs à un terme qui convienne mieux à un secteur de l'économie où la programmation et les investissements se comptent en plusieurs dizaines d'années ? C'est du reste ce que réclamait la comission d'enquête : une programmation sur plusieurs décennies. Proposition qui pour l'heure, ne semble guère avoir plus de succès que la suspension de l'Arenh.
Même sur-place à propos du nucléaire durable, les réacteurs de la génération IV et la fermeture du cycle. Et colère sur les réseaux sociaux de Yves Bréchet, l'ancien PDG du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) – dont l'audition avait été autant relayée que saluée en son temps – que l'on vous relaie ici.
"J’avais dit à quel point les « rapports techniques », demandés par le gouvernement pour éclairer ses décisions, étaient comme « reliés des deux cotés ». Ainsi sur le sujet de la fermeture du cycle, le rapport de l’OPECST sur l’arrêt d’Astrid (S.Piednoir, T.Gassilloud) a été prestement enterré, et en 2018 le rapport « Descatha-Collet Billon », recommandant le lancement immédiat de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires, avait été classé « secret défense » par l’Elysée".
Déni de démocratie
"Mais cette fois, il s’agit du rapport d’une commission d’enquête parlementaire officielle, demandée par l’Assemblée nationale. Enterrer un rapport technique est une faute. Enterrer un rapport de commission d’enquête de l’assemblée de nos représentants démocratiquement élus est un déni de démocratie parlementaire. S’y résoudre reviendrait de facto à entériner la propension de l’exécutif à piétiner le parlement. Il ne s’agit pas de savoir si on est d’accord ou pas avec les recommandations, il s’agit de savoir quelle suite leur est donnée, et qu’il en soit rendu compte au parlement."
On se demande bien d'où lui vient cette idée d'un probable enterrement dudit rapport... C'est pas comme si un autre rapport qui avait fait du bruit lui aussi, celui sur la situation de l'hôpital et le système de santé, avait sombré corps et âme... Parmi les propositions des sénateurs, seule celle d'un ratio minimal de soignants par patient, a suivi son cours : le sénat a voté la proposition de loi.
Et ça s'est arrêté là.
A peine a-t-on entendu l'appel de 1 200 soignants relayé dans une tribune dans Le Monde (une tribune, pas un article...) – dont l'accès est soit dit en passant réservé aux abonnés payants alors qu'on cherche vainement la valeur ajoutée du travail journalistique. Un appel pour réclamer que le texte soit également voté par les députés à l’Assemblée nationale. On en est donc là...
Pendant ce temps, la crise de l'hôpital dure, celle de l'énergie aussi.
Que le diable l'emporte
Henry Kissinger était l'un des pires criminels de guerre de la seconde moitié du XXe siècle.
Dans le monde de "l'élite globalisée", il est normal d'avoir décerné le prix Nobel de la paix à l'un des pires criminels de guerre de la seconde moitié du XXe siècle.
Que le diable emporte Henry Kissinger et lui fasse cuire le cul pour l'éternité. Il est responsable de 2 millions de morts civils au Vietnam, au Laos et au Cambodge. Il est responsable des coups d'Etat de Pinochet au Chili, de la junte militaire en Argentine, du maintien de la dictature de Castelo Branco au Brésil et des horreurs qui s'en suivirent en Amérique latine pendant plus de dix ans. Le plan Condor, 60 000 morts et disparus, c'est lui. Le programme Phoenix d'assassinat systématique au Vietnam (plus de 20 000 morts), c'est lui. Le soutien au régime d'apartheid en Afrique du Sud pour mener la très sale guerre de Zambie (aujourd'hui la Namibie), c'est lui.
Et notre ministre des affaires étrangères ose le qualifier de "maître de la diplomatie". Ce qui en dit long sur la conception qu'ont nos élites de la diplomatie : soit tu fais ce qu'on te dit de faire, soit on te tue.
Kissinger n'est somme toute pour rien dans les quelques réussites diplomatiques de Richard Nixon, l'un des présidents américains le plus intriguants. C'est de Gaulle qui le convainquit de reconnaître la Chine communiste, reconnaissance à laquelle Kissinger était opposé. C'est Nixon qui seul eut l'intuition de la nécessaire détente avec l'URSS, ce qui provoqua sans doute sa chute à cause de l'affaire du Watergate, utilisée par les premiers néoconservateurs pour le dézinguer. Au moins, ne fut-il assassiné que politiquement, contrairement à JFK.
Que le diable emporte Henry Kissinger et lui fasse cuire le cul. Pour l'éternité.
L’instant Meurice (suite)
Nous n'aurions jamais cru devoir défendre Guillaume Meurice...
Les méthodes de l'Organisation juive européenne sont pénibles et n'ont rien à envier à celles des islamistes. Cette organisation n'a rien trouvé de mieux que de porter plainte pour incitation à la haine contre Guillaume Meurice, qui avait déclaré à l'antenne de France Inter que Netanyahu était un "nazi sans prépuce". Saillie certes de mauvais goût mais pas illégale, qui n'est pas sans contenir un fond de vérité, comme on le voit aujour'hui à l'usage : il a été déclaré à mots couverts à de multiples reprises par des membres du gouvernement israélien (dont Gila Gamleil), que la guerre que mène Israël est une opération de nettoyage éthnique visant à coloniser Gaza. C'est l'un des nombreux crimes de guerre commis par Israël, que ne viennent en aucun cas excuser ceux du Hamas.
Tout peuple croyant bénéficier de droits naturels accordés par dieu, par l'histoire ou par le grand Skippy, droits naturels le mettant au dessus du reste de l'Humanité, finira toujours par user de méthodes similaires à celles des nazis, à celles de tous les autres suprémacistes puisque c'est cette prétendue supériorité qui justifiera l'usage de moyens aussi immoraux que criminels sur d'autres êtres humains déshumanisés puisqu'inférieurs ou non-élus.
Ceux qui par voie de justice et par la menace essaient de faire taire des humoristes, aussi mauvais fussent-ils, n'ont pas leur place parmi nous, qu'ils soient fréristes, sionistes, fascistes, gauchistes ou nudistes. Si, comme l'a dit Desproges dans son fameux sketch "la France [est] ce pays où les juifs courent toujours", c'est parce qu'en France on résout ce type de différents par le débat, par la discussion, pas par voie de justice pénale, pas par poursuite baîllon. En France, on fait société pour le meilleur et pour le pire. Guillaume Meurice n'est pas un professionnel de la communication mais un artiste, dont on a tout le loisir de discuter de la qualité des prestations. En France, on ne fait pas taire les artistes. Même pas Dieudonné, qui fait systématiquement casser les arrêtés d'interdiction de ses spectacles, autant d'excès de pouvoir dit la justice.
La plainte de l'OJE n'a que peu de chance de prospérer. Netanyahu étant un personnage public, un premier ministre en exercice d'un pays étranger, on peut le brocarder à l'envi, dixit la Cour européenne des droits de l'Homme. Aucune incitation à la haine puisque la pique de Meurice ne visait qu'un seul individu nommé et non pas un groupe d'individus en raison de leur ethnie, de leur religion, de leur orientation sexuelle etc.
Rappelons à Me Muriel Ouaknine-Melki, la présidente de l'OJE, que l'ostracisme et le harcèlement judiciaire de Dieudonné en ont fait l'un des plus grands vendeurs de billets de théâtre de France. Effet Streisand. Rappelons à Me Muriel Ouaknine-Melki que les Français en ont par dessus la tête qu'on leur fasse subir les conséquences de confits de voisinage qui ne sont pas les leurs, que ce soit en Ukraine ou en Palestine et qu'on leur impose les névroses et les angoisses de minorités agissantes qui ne valent ni plus ni mieux que leurs propres angoisses. Rappelons à Me Ouakine-Melki que quand on fait nommément l'objet d'une plainte, on est toujours entendu par la police, principe contradictoire que le parquet est dans l'obligation de respecter. Rappelons à Me Ouaknine-Melki que dans les affaires de droit de la presse et de liberté d'expression, l'enquête, c'est le procès – s'il y en a un.