La ville durable, concept coulé dans le béton
A Grenoble, les destins très liés depuis quinze ans de la Métropole, d'Eiffage et de Poma pour dessiner la ville de demain, durable, décarbonée, bétonnée, gentrifiée et... câblée.
Alors que le préfet tarde à donner son feu vert au projet de câble urbain aux portes de Grenoble (100 millions d’euros prix plancher), il est intéressant de se pencher sur la genèse d’un tel projet, dont on se demande comment diable il a pu cheminer jusqu’à ce stade de la procédure, à savoir l’enquête publique.
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Pour comprendre comment il a pu atterrir là, tissant un parcours sans cohérence entre Fontaine et Saint-Martin-le-Vinoux, il faut voir au préalable que le câble s’inscrit dans une vaste transformation du nord-ouest de l’agglomération grenobloise. Quand on dit transformation, comprendre urbanisation et densification - bref bétonisation. En fait, une véritable orgie immobilière pour le plus grand plaisir - et le profit - du BTP, des promoteurs et des banques. Ce qui n’est manifestement pas antinomique avec le fait que la ville centre, Grenoble l’écolo, a été sacrée capitale verte européenne…
En quelques années sur le secteur, les ZAC ont poussé comme des champignons. Prenez la ZAC Presqu’Île, fournisseur officiel mais non avéré de passagers pour le Métrocâble, et son éco-quartier Cambridge vanté pour “repousser les performances énergétiques et les nouveaux procédés d'économie des ressources naturelles”. Bon, en vrai, c’est un peu plus compliqué. Là, le “premier bâtiment autonome” en France, “démonstrateur de la ville durable” a de gros ratés comme l’a raconté Place Gre’net. Le quartier quant à lui ressemble ni plus ni moins qu’à une cité dortoir, qu’à une Villeneuve en devenir. Quant à la Presqu’Île, lire l’avis cinglant de l’hydroclimatologue Thierry Lebel, dans Le Dauphiné Libéré en septembre 2022 :
"Les édifices qui ont poussé sur la Presqu’île sont aberrants : construits sur du bitume, avec une mauvaise circulation d’air. Il existe tout un tas de préconisations au sujet de la ville durable. Ce sont des messages que nous avons déjà véhiculés, depuis 2003 au moins. Or, dans une ville comme Grenoble, qui est une cuvette, il n’y a pas eu de véritable politique de la part des collectivités territoriales".
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