[ Les Deux Alpes ] "J'avais l'impression qu'on construisait une autoroute en Angola"
Les perquisitions au siège de la Sata et à la mairie des Deux-Alpes ne sont que la partie très visible d'un dossier où se mêlent des enjeux autant politiques qu'économiques.
Remue-ménage aux Deux-Alpes. Les perquisitions, au siège de la Sata et à la mairie, ont fini par faire éclater au grand jour ce qui était que secret de Polichinelle – il n’y avait bien que le maire des Deux-Alpes pour le nier : la justice continue de dérouler le fil de son enquête ouverte début 2021 pour favoritisme et recel de favoritisme dans l’attribution du marché d’exploitation des remontées mécaniques de la station de ski à la Sata, le groupe qui rayonne sur le massif des Grandes Rousses.
La petite visite des enquêteurs de la police judiciaire est certes très visible, fait beaucoup de bruit – plus que des auditions, qui ont cours elles aussi – mais ce n’est que la partie émergée d’un dossier la première fois révélé dans Place Gre’net en décembre 2020, où se mêlent tout un tas d’acteurs dans ce qui est tout à la fois une lutte de pouvoirs pour les uns, une question de survie pour les autres, une course contre la montre pour à peu près tout le monde et dont le contribuable risque fort d’une manière ou d’une autre de faire les frais.
En question ? L’attribution du marché d’exploitation des remontées mécaniques des Deux Alpes en 2020, dont plusieurs éléments en notre possession laissent penser que la Sata a bel et bien été favorisée au détriment de son concurrent, et précédent exploitant : Deux Alpes Loisirs, la filiale de la puissante Compagnie des Alpes.
Au cœur de ce marché, il y a un équipement, colonne vertébrale du domaine skiable aux Deux-Alpes : le 3S Jandri. Un téléphérique dont la robustesse et la fiabilité ne sont plus à démontrer. Là n’est pas le problème. La question est plutôt de savoir si la commune des Deux Alpes (et celle de Saint-Christophe en Oisans avec qui elle exploite le domaine skiable) a les reins suffisamment solides pour se permettre un tel équipement. Si la Sata a les caisses suffisamment remplies, et la garantie des banques (et à quel prix ?) pour miser sur un tel investissement en même temps qu’elle se lance à corps perdu dans l’exploitation de stations et équipements voisins (Le Freney, Oz-en-Oisans ou le téléphérique de la Grave par exemple).
En 2019, la question avait commencé à quelque peu interpeller les magistrats financiers de la chambre régionale des comptes. De fait, d’après nos informations, l’investissement global de la Sata se chiffrerait à plus de 500 millions d’euros sur cinq ans.
La question est donc de savoir si la Sata et son appétit démesuré ne prendrait pas un peu le contribuable pour la vache à lait quand bien même la station fait depuis deux hivers le plein de skieurs.
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