[ Mille-feuille énergétique ] Autant en emporte le vent
A quelques jours de la COP 28, la France n'a en matière de politique énergétique toujours pas inscrit dans la loi son changement de cap. Et vogue vers un éolien marin qui prend l'eau de toutes parts.
En matière de transition énergétique et à une semaine de la COP, 28e du nom à Dubaï, la France navigue toujours à vue. Sans cap ni boussole. Cette boussole, c’est la PPE, la programmation pluri-annuelle de l’énergie, un document qui trace pour les dix ans à venir la politique énergétique du pays en fixant les parts du nucléaire, du pétrole, de l’éolien, du solaire, des réseaux de chaleur ou de la biomasse dans la production d’énergie.
Ce document de planification, qui court jusqu'en 2028, aurait dû être révisé à mi-parcours via une loi : la loi de programmation sur l'énergie et le climat (LPEC). Le gouvernement avait jusqu'au 31 juillet pour le faire. Mais dans la torpeur de l'été, non seulement il ne s'est rien passé, mais personne ou presque ne l'a relevé.
Une loi pivot, qui n’encadre pas seulement la PPE. Elle sous-tend aussi deux autres documents (autant les multiplier…) un tant soit peu "stratégiques" : la stratégie nationale bas carbone qui fixe des plafonds de CO2 secteur par Secteur et, plus largement, le plan national d'adaptation au changement climatique.
Résultat, aujourd'hui, la France s'en tient de manière strictement légale à l’ancienne ligne tracée par Emmanuel Macron, elle-même héritée de celle de François Hollande. Une ligne quasi-préhistorique, datant de 2018, basée sur l’objectif de 40% de renouvelables dans la production d’électricité d'ici 2030 et surtout sur la réduction de la part du nucléaire avec la fermeture d'ici 2035 de quatorze réacteurs en plus de Fessenheim.
C’est ce qui est inscrit dans le décret instituant l’actuelle PPE. Et donc ce qui est en vigueur.