Lutte contre la désinformation : l'étrange conseiller de Thierry Breton
La Commission européenne s'en remet à Newsguard, une plate-forme d'évaluation et de notation américaine. Où l'establishment est particulièrement bien représenté.
On ne sait de quoi il faut le plus s'inquiéter : de la volonté de contrôler et encadrer l'information (pour ne pas dire la censurer) dont le Digital Service Act européen (DSA) et ses variantes sont les derniers avatars. Ou de l'immixtion d'intérêts américains dans la politique intérieure européenne. Grâce à d'Elon Musk, oui celui que le commissaire européen Thierry Breton veut combattre au nom de la lutte contre la désinformation, on a ainsi redécouvert que Newsguard, cette start-up née en 2018 aux Etats-Unis et débarquée en France en 2019 dans l'objectif éminemment bienveillant de lutter contre la propagation des fake news, avait ses entrées à Bruxelles.
L'intrusion n'est pas nouvelle. Elle remonte à octobre 2021 quand la firme américaine s’est imposée comme une des signataires du Code européen de bonnes pratiques contre la désinformation, un des deux piliers de la politique européenne érigée au rang de priorité et appelé à venir compléter un DSA inopérant dans ce domaine. Rappelons que le Digital Service Act vise principalement les contenus “illégaux” et n'a donc pas grand-chose à voir avec la désinformation.
La désinformation n'étant pas illégale et la liberté d'expression inscrite dans la Déclaration européenne des droits de l’Homme, dans la charte des droits fondamentaux de l’UE et dans les Constitutions des Etats membres, impossible pour l'Union européenne de l’interdire. D'où la mise en place d'un code de bonnes pratiques. Sans se pencher sur les modalités de contrôle, il faut bien préciser que l'adhésion à ce code se fait sur la base du volontariat et d'une auto-régulation, et qu’à ce titre on voit tout de suite les limites de l'exercice...
Mais revenons à Newsguard qu'il est difficile de ne pas voir comme un nouveau cheval de Troie débarqué sur le continent européen – comme si nous n'avions pas pareilles entreprises sur ce marché dans l'UE... Newsguard n'est pas la seule du reste. Dans les rangs des signataires, on trouve aussi Avaaz, une ONG américaine cybermilitantiste à la croissance fulgurante, financée à ses débuts par l'Open society de Soros, accusée de s'ingérer dans les affaires de pays tiers. Il y a aussi Globsec, un think tank slovaque, Logically, une startup britannique spécialisée dans l’analyse et la lutte contre la désinformation ou WhoTargetsMe, des activistes anglais, également soutenus par Soros, spécialisés dans la communication politique sur les réseaux sociaux.
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