Polémique à Georges-Pompidou : l'hôpital se fout de la charité
Un appel aux dons pour financer un scanner ? C'est oublier que cela n'a rien de nouveau et que c'est inhérent au sous-financement chronique des hôpitaux.
Un appel aux dons pour financer un scanner photonique à l'hôpital Georges-Pompidou ? Dans l'absolu, oui, c'est un scandale. Mais il est assez drôle de voir une classe politique s'indigner d'une situation qu’elle a grandement contribué à créer.
Le gouvernement a décidé une baisse de 600 millions d'euros du budget de l’hôpital en 2024. Cette coupe survient après trente années de tailles successives . Depuis les années 2000, tous les gouvernements qui se sont succédé ont suivi la même politique, à peine émaillée d'indignations quelque peu surfaites, comme celle dont nous a gratifiée Yannick Neuder, conseiller régional et sénateur LR et... médecin à la ville.
Rappelons que rien n'est sorti de la commission d'enquête parlementaire sur l'hôpital. Que la proposition de loi votée en février 2023 par le Sénat et garantissant un ratio minimum de patients par soignant n'a toujours pas été examinée par l'Assemblée nationale. Et que les quelques mesures prises pour renflouer des effectifs médicaux et para-médicaux à laquelle la fin du numérus clausus n'y pourra rien, se résument à une revalorisation salariale bien chiche au regard du retard accumulé depuis vingt ans.
C'est dans ce contexte que la polémique sur l'appel aux dons de l'hôpital européen a pris corps, alors que les appels aux dons ne datent pas d’hier Les hôpitaux civils de Lyon y ont par exemple régulièrement recours, via leur fondation. En 2022, 2,7 millions d'euros ont été collectés permettant de financer 46 projets. Même chose au CHU de Grenoble où la rénovation des urgences traumatologiques de l'hôpital sud – 600 000 euros –, service qui a échappé de peu à la fermeture en 2021, passe par un appel aux dons.
En fait, il s'agit ni plus ni moins que d'une réaction en chaine. Car c'est pour pour éviter la spirale du surendettement, faute de financement public à la hauteur, que les hôpitaux ont sous-investi depuis dix ans. Conséquence inévitable : bâtiments et équipements sont de plus en plus vétustes (c'est du reste peu ou prou la même chose à l'université).
Au départ plus ou moins réservés aux projets immobiliers, "secondaires" aux soins donc, les dons et legs concernent désormais tout ce qui a trait, de près ou de loin, à l'hôpital : cela va du repas aux soignants à l'équipement en IPad en passant par la recherche médicale ou le soin quotidien. On ne compte plus les échographes par ci, les respirateurs par là obtenus grâce à des campagnes d'appel aux dons. Dont le scanner de l'hôpital Georges-Pompidou est la dernière démonstration.