
Pot-pourri culturel du week-end
Maren Uthaug - Régis de Castelnau - La Caravane passe - Jacques Schwarz-Bart - Le son de Detroit.
Bouquins
Une fin heureuse - Maren Uthaug - Gallmeister (2023)
Quand on adore son métier et qu’on l’a appris dans l’entreprise familiale de pompes funèbres dont l’origine remonte au XIXe siècle sur une île reculée de l’océan pacifique, on finit par se poser la question de savoir si génétiquement on n’est pas une goule.
Ce roman de la danoise Maren Uthaug n’est pas sans rappeler l’exubérant macabre de la série “Riket” (Le Royaume) de Lars von Tier. A déguster avec des raksild (harengs faisandés) sur des pumpernickels avec une joyeuse dose de sauce moutarde. Croque-moi l’orteil, je te prendrais le pouls.
Régis de Castelnau - Une justice politique - L’Artilleur (2022).
Controverse et polémique sont les deux mamelles du débat. Y compris celles du débat contradictoire se tenant dans les prétoires. Maître Régis de Castelnau, avocat au barreau de Paris qui nous a fait le plaisir de nous accorder un long entretien (voir infra), n’y va pas avec le dos de la cuillère. Forcément, tel Henry IV, il n’a pas été fait en deux coups de cuillère à pot (alerte calembour, pompé sans vergogne à Frédéric Dard). Et la maison d’édition n’est pas un hasard : Me de Castelnau n’est à pas court de boulets rouges. Contrairement à Zelensky, mais ça il faut pas dire.
L’indigence de la justice française, un scandale démocratique dans le temps long, serait elle le résultat du seul manque de moyens ? La haute magistrature, protégée constitutionnellement comme tout magistrat l’est, n’outrepasse-t-elle pas la diction du droit pour s’égarer dans la morale, pourtant déjà contenue dans la loi ? Pire, l’institution judiciaire française n’a-t-elle pas développé au cours des quatre dernières décennies la mauvaise habitude de faire de la politique ?
Ceci est une farce. Pas une pipe.
Musique douce
La Caravane passe feat. La Rue Ketanou - Moulin à paroles- Studio Tito, Budde Music (2023)
Les farfelus en fourrure de La Caravane passe fêtent leurs 20 ans. Avec un nouvel album. Premier extrait, avec La Rue Ketanou en vedette américaine. C’est devenu plus sérieux, plus figé, moins foutraque. Mais c’est toujours bon. Pour participer au financement du reste de l’album, c’est ici.
Jacques Schwarz-Bart - Harlem suite - Ropeadope (2023)
Un Guadeloupéen qui a commencé le saxophone ténor à 24 ans, quitte son emploi au Sénat (oui, le nôtre, la House of Larcher) pour aller à New York et à Berklee, pas pour vendre de la dope contrairement à ce que pourrait laisser penser le nom du label ayant sorti son dernier album, qui est dope (en argot, très bon).
Musique qui fait du bruit, spécial Detroit
Detroit, Michigan. Symbole de l’effondrement d’un pays, d’une fin d’empire qui dure trop parce que l’empereur à poil persiste à se préoccuper de l’extérieur. Jacques Derrida appelait cela de la déconstruction. Un peu mon neveu, quand on voit l’état de cette ville qui fut l’un des phares du rêve américain. French school, my ass.
Detroit, cette ville qui se développa grâce à l’industrie automobile, avait besoin de main d’œuvre. On vit une migration interne aux USA peut-être aussi importante que celle de la ruée vers l’Or en Californie. Tous, nouveaux arrivants européens comme noirs américains ayant quitté le Sud, dans l’espoir d’une vie meilleure, peu qualifiés, trouvèrent du travail dans les usines. Ford, General Motors etc. Leur participation au rêve américain.
Les vrais racistes, voyant des Pontiac étincelantes acquises par le fruit du labeur garées sur les driveways de maisons neuves achetées à crédit parce que les banques croyaient en l’avenir de tous, trouvèrent vite l’opprobre. Poor Old Nigger Thinks It’s A Cadillac = Pontiac.
Mais voyez-vous, quand les gens vivent plus ou moins les uns avec les autres – à l’usine, à l’école, au supermarché, à l’église, au bar etc. – la nature humaine fait qu’ils se parlent. Elle fait qu’ils se mêlent. Et donc à Detroit fut fait de manière industrielle ce qui fut fait à Saint Germain-des-Près, genre Miles Davis amant de Juliette Gréco. Par la musique, qui vraiment adoucit les moeurs.
Il y a eu Motown, qui mit des musiciens noirs au sommet des charts. Il y eu les énervés de MC5 et de Iggy and the Stooges, qui fin des années 1960 posèrent les base du mouvement le plus influent de la musique populaire après le blues, le punk.
Il y a toujours ce son si particulier de Detroit, dont jamais on ne se lasse. Tout sur l’art de la démerde seul, avant le fait-maison posh anglais, est venu de là. Bref, le garage rock.
Rachel Nagy, la chanteuse des Detroit Cobras, nous a quitté l’année dernière. Sans doute emportée par la drogue, l’autre plaie de Detroit…
Et puis The Dirtbombs.
Reprise de Phil Lynott, le bassiste et chanteur de Thin Lizzy, groupe Irlandais séminal. Juste pour le plaisir, en live, avec Huey Lewis (oui, de Huey Lewis and the News, de la B.O de Retour avec le futur).