Un téléphérique nommé désir
Plus le projet de transport par câble se déroule, moins il tient la corde. Alors que son issue semble compromise à Grenoble, tout comme le contrat passé avec Poma, d'autres pistes sont considérées.
A Grenoble, le projet de transport par câble au nord de l’agglomération faiblit du pylône. Nous avons relaté comment on tentait de faire passer ce téléphérique urbain au forceps. Comment ce projet, bâti sur la perspective de nombreuses transformations et aménagements dans un secteur contraint, avait une assise pour le moins instable.
Notre article, à lire là : [ Transport par câble ] Aux portes de Grenoble, un téléphérique coûte que coûte
Récapitulons brièvement. Aucune enquête de mobilité spécifique n’a été menée sur ce projet alors que cela permettrait de se faire une idée précise du potentiel des reports modaux. Reports modaux qui sont un des principaux moteurs du téléphérique.
Aucune estimation des besoins existants ou projetés n’a non plus été conduite. Quant aux économies d’émissions de CO2, le dossier de concertation les chiffre 6 000 tonnes équivalent (Teq) CO2 sur la période 2024-2070. Soit 130 Teq CO2 par an, à comparer aux un peu plus de 7 140 Teq de CO2 annuels espérés économisés entre 2016 et 2030 sur les transports. Soit moins de 2 %.
Et tant pis si le projet, estampillé écologique, fait une croix sur plus de vingt hectares de terres agricoles, qui n’ont pas seulement vocation à accueillir des cultures. A la manière des zones humides, ces terres permettraient de réguler les épisodes de sécheresse et de fortes précipitations, soutiennent les associations de protection de l’environnement locales. Et serviraient de zone d’évacuation des eaux en cas de rupture de la digue.
C’est un peu comme si vous montiez votre boite sans étude de marché ni plan d’affaires et comptes prévisionnels, au doigt mouillé, sauf que là, on parle en dizaines de millions d’euros. Et que c’est de l’argent public. Détail ? Le plan de financement pour trouver ces 80 à 100 millions n’est pas bouclé. Le Département de l’Isère refuse de mettre la main à la poche. Quant à la Région Auvergne Rhône-Alpes, un potentiel financement de sa part avait été renvoyé au prochain contrat de plan Etat-Région. CPER 2021-2027 dont le volet infrastructures n’a pas encore été abordé avec l’Etat, qui l’a ajourné à début 2023, nous font savoir les services de Laurent Wauquiez.
Ce n’était pas très bien parti. Mais là, à quelques semaines ou mois du lancement de l’enquête publique – attendue en septembre, elle a finalement été repoussée en 2023 – le projet porté par le syndicat des mobilités (Smmag) et la Métropole de Grenoble est en train de dérailler.
La Ville de Grenoble a fait machine arrière : elle a donné un avis très réservé. On se rappelle que la municipalité grenobloise, écologiste, n’avait pas bronché quand le projet fut lancé et porté par Yann Mongaburu … Depuis, mais ce doit être un détail, le Smmag a changé de président et c’est un socialiste macron-compatible qui a pris la place de son prédécesseur écolo. Et après, on vous affirmera que le projet est solide et Ô combien pas politique du tout.
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