A la Meije, un téléphérique peut en cacher un autre...
Derrière le téléphérique de La Grave, le numéro 2 français des exploitants de remontées mécaniques, la Sata, a d'autres ambitions. Que la justice pourrait bien doucher.
Le téléphérique de la Meije va-t-il faire dérailler la stratégie de développement du deuxième plus gros opérateur de remontées mécaniques en France ? Plusieurs associations ont annoncé saisir la justice après l’avis favorable rendu par le commissaire enquêteur sur le 3e tronçon de cette liaison prévue pour faire la jonction, en lieu et place des actuels téléskis, entre le col des Ruillans à 3 200 mètres et le dôme de la Lauze jusque sur le glacier de la Girose, quatre cents mètres plus haut.
Cet avis ne fait pas seulement les affaires de Sata Group, l'opérateur historique de L’Alpe d'Huez, qui exploite le téléphérique des glaciers de la Meije depuis 2017. Les conclusions du commissaire enquêteur 1 sont pour le moins sommaires. Et peu motivées. Si le président du tribunal administratif de Marseille ne réclame pas que lesdites conclusions soient complétées, il y a de grandes chances qu’elles soient annulées par voie de justice…
Le collectif La Grave autrement, un des opposants au projet, ne pointe pas seulement la “mascarade démocratique” ayant conduit à l’avis favorable, dénonçant les prises de position, publiques, du commissaire enquêteur, son choix assumé de ne retenir que les avis des “gens de La Grave”, les pressions et chantages à l’emploi…
S’appuyant sur l’expertise de cabinets indépendants, il pointe des retombées de l’exploitation d’un téléphérique construit en partie grâce à l’argent public (4 millions de subventions publiques sur un budget de 12 millions) qui seraient largement surestimées par la Sata. Un classique qui a fait ses preuves dans les stations de ski, la “rentabilité” étant promise à grands coups de promotion immobilières… Rappelons que les Deux-Alpes a en projet d’accompagner son plan ski d’un plan immobilier tout aussi conséquent avec, à la clé, 3 000 lits en plus. Et que la Sata a une filiale dédiée, Foncière Sata, chargée de cela.
Le volet économique, c’était un des points qui avait fait tiquer Deux Alpes Loisirs, la société qui jusqu’en 2017 exploitait le téléphérique. Si la filiale de la Compagnie des Alpes n’avait pas postulé au nouveau contrat, jugeant que le cahier des charges rédigé initialement ne permettait pas d’assurer la viabilité de l’exploitation, elle avait porté l’affaire jusque devant la Cour de cassation, des modifications ayant selon elle été apportées en cours de procédure de passation de marché. Avant d’être déboutée, son recours ayant été jugé irrecevable faute d’avoir candidaté…
L’épisode du téléphérique de la Meije n’est qu’un pan et un produit marketing – qui peut parler de transport public ou de nouvelle mobilité ? – dans une stratégie d’aménagement autrement plus large comme nous allons le voir ci-après.
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