Violences et corruption dans le sport : une commission d'enquête et après ?
Comme pour la commission d'enquête parlementaire sur l'énergie, celle sur les défaillances du sport en France a fourni son lot de "révélations". Mais la suite parait autrement plus compliquée.
Les auditions menées par la commission d’enquête parlementaire relative aux défaillances dans le monde sportif en France laissent un goût amer. Pas tant celui des scandales à répétition et de la quasi-totale impunité dont jouissent leurs auteurs, au premier rang desquels les présidents de fédération. Mais parce que, si l’intention des parlementaires des parlementaires de mettre à jour les dysfonctionnements est louable, il reste bien trop de zones d’ombre.
Alors oui, la commission d’enquête parlementaire a permis de porter à la connaissance du grand public des faits inadmissibles, au travers d’auditions souvent poignantes mais aussi d’attitudes inaceptables. Comme l’ingérence de la FFF et du CNOSF avant que ne démarrent les travaux parlementaires, la désinvolture voire le mépris et les contre-vérités proférées par des dirigeants qui parfois n’avaient pas préparé leurs auditions. Les absences, au premier rang desquelles celles du conseiller sport d’Emmanuel Macron, porté pâle sur pression de l’Elysée. Les “ignorances” du président de la fédération d’athlétisme qui a dit ne pas savoir qu’il avait le pouvoir de saisir la justice en vertu de l’article 40 du code de procédure pénale. Du président de la fédération française de gymnastique qui dit ne pas pouvoir suspendre un entraineur mise en cause. Ou de l’ex-président de la fédération française de football, sur qui une enquête pour harcèlement moral et sexuel a été ouverte, qui affirme ignorer l’existence de la plate-forme gouvernementale de signalement Signal-Sports.
Au fil des 90 auditions suivies d’un rapport dans lequel les parlementaires ont sabré 1 (on ne voit pas bien comment une “petite” commission parlementaire va avoir un impact), on a découvert des fédérations souvent au courant de rien et peu enclines à user de leurs quelques pouvoirs, notamment disciplinaires. Des fédérations en roue libre , sans contrôle ni suivi par un Etat qui ne contrôle rien et refuse de sanctionner, comme par exemple retirer un agrément. En vingt-cinq ans, trois fédérations, l’haltérophilie, l’équitation et le full-contact, ont été concernées. Quant aux mesures d’interdiction d’exercer, elles sont facilement contournées. Et on ne parle pas des suites judiciaires qui se heurtent rapidement à la prescription des faits. Sans parler des condamnations, trop souvent laxistes.
Le sport, opium du peuple
On ne peut peut-être plus vraiment parler d’omerta. Sur certains pans de la vie sportive, celui du harcèlement moral, des abus et violences sexuels, la parole s’est libérée. Au risque de tomber dans l’excès inverse, celui d’une chasse aux sorcières et d’ un journalisme de dénonciation qui oublie que seule la justice peut condamner. Or, la justice ne va pas vite. Et la prescription, elle, si.
Il y a le reste, tout le reste dont on parle beaucoup moins. Corruption, trafics d'influence, prise illégale d'intérêts, détournement de fonds publics, favoritisme… Une délinquance en col blanc, financière, qui, comme dans les autres pans de l’économie, est bien “cachée” derrière celle, prioritaire et c’est parfaitement entendable, des atteintes aux personnes. Et que manifestement la France n’est pas pressée de juguler. Dans l’Hexagone, le délit de fraude fiscale est très peu sanctionné, contrairement aux Etats-Unis par exemple.
Prenons le tennis. En 2016, le parquet national financier ouvrait une première enquête préliminaire sur une affaire de trafic de billets à Roland-Garros en même temps qu’un rapport de l’inspection générale pointait les manquements à l’éthique et à la probité, le tout sous couvert de “pacte du silence”.
Alerté, le ministre des sports de l’époque, Patrick Kanner, n’a pour autant pas saisi la justice. Le trafic s’est poursuivi. En 2018 et 2019 et même après. D’après Laurent Mauduit, journaliste à Médiapart qui a consacré un gros dossier sur le sujet, les reventes ont continué jusqu’en 2022, et même 2023. Il a fallu la plainte de sept dirigeants et ex-dirigeants, et le soupçon de l’existence d’un “pacte corruptif” pour que le PNF reprenne l’enquête qui pourrait mettre en cause l’actuelle ministre des sports, Amélie Ouéda-Castéra, directrice générale de la FFT aux moment des faits.
Auditionné à l’Assemblée nationale, le président de la FFT Gilles Moretton a donné sa version de l’histoire (partielle), quitte à prendre quelques libertés avec la vérité. Au risque d’être poursuivi pour parjure.
Par-delà cette délinquance financière tristement banale et l’impunité qui l’accompagne, que cela cela nous dit-il? Que l’on est dans un système que certains qualifieront de mafieu, où dirigeants de fédération, politiques, médias et sportifs ont signé un pacte. Le pacte de silence ? Nous en avons parlé avec Romain Molina, un des très rares journalistes sportifs d’investigation, à l’origine de nombre de révélations de scandales publiés dans la presse étrangère. Il a été parmi les premiers auditionnés par la commission d’enquête parlementaire. Originaire de l’Isère, le journaliste vit aujourd’hui en Espagne où, sous le coup de menaces de mort, il a trouvé refuge.
L’Eclaireur - Dans vos articles, vos livres, lors de votre audition par la commission d’enquête parlementaire, vous dressez le portrait d’un milieu du sport littéralement gangréné par les jeux de pouvoir, l’argent, la corruption, où les sportifs, souvent très jeunes, en paient souvent le prix. Comment expliquez-vous que ces scandales, sortis de quelques lignes dans la presse, très peu dans la presse sportive en France, se répètent, sans guère plus de condamnations ?
Romain Molina - En politique, il y a des médias plus à gauche, des médias plus à droite. Mais dans le sport, non, il n’y a pas “d’opposition”. Il n’y a absolument pas de contre-pouvoir. C’est un milieu complètement sclérosé, fermé et si on va contre l’ordre établi, on se fait bannir. Les journalistes sportifs ne veulent pas avoir de mauvaises relations. Et politiquement, il ne faut rien dire.
Résultat, dans les journaux et notamment L’Equipe (groupe Amaury, Tour de France, ndlr), les rédacteurs en chef ne donnent pas la liberté et pas les moyens d’aller plus loin. A L’Equipe, le responsable d’enquête a une relation très trouble avec les autorités, notamment policières, où il obtient toutes les fuites parce qu’on les lui balance pour influencer les enquêtes (c’est le cas dans les pôles enquête et faits divers de la plupart des journaux, ndlr).
Il n’y a que le rugby où ils ont été bons. Mais le scandale du tennis, c’est Médiapart qui le sort. Le football, ils ont embrayé derrière moi. Le scandale du patinage est sorti après les révélations de Sarah Abitbol qui a entrainé la démission du président de la fédération des sports de glace, Didier Gailhaguet, pour avoir couvert les viols pendant plusieurs années.
(NDLR, depuis Didier Gailhaguet a attaqué et obtenu la condamnation de l’Etat pour l’avoir poussé à démissionner. Alors que la justice s’intéresse à des abus financiers au sein de la fédération, l’enquête sur les abus sexuels épargnera le premier mis en cause dans cette affaire : mis en examen, l’ex-entraineur Gilles Beyer est décédé. En attendant, les choses suivent leur cours. A lire le rapport accablant en. 2020 de la mission d'inspection (qui a révélé que plus d’une vingtaine d’entraîneurs seraient impliqués dans des affaires de violences sexuelles dans le milieu du patinage) et à écouter les auditions des responsables passés et actuels, on comprend vite que rien n’a changé. Et que le “système”Didier Gailhaguet continue de perdurer.)
Quelques semaines après ce scandale, en 2020, le président de la fédération de roller et de skate Nicolas Belloir, également vice-président du comité olympique français, démissionnait lui aussi. Il avait été accusé par dix athlètes de l’équipe de France d’avoir couvert des affaires de pédophilie. En 2018, l’ancien entraîneur Arnaud Mercier avait été condamné à 13 ans de réclusion criminelle pour agressions sexuelles et viols sur mineures. Les premières plaintes remontaient à 2011.
L’Eclaireur - On voit qu’aucun sport n’est épargné…
Romain Molina - Oui, et même des sports dits “mineurs”… C’est là où il y a parfois les pires choses, comme dans l’équitation… Le président de la fédération française d’équitation est en poste depuis 2004. Médiapart a fait une excellente enquête sur le sujet en plusieurs volets, montrant preuves à l’appui qu’il était au courant des affaires de pédophilie dans son club (NDLR, Loïc Caudal, un ancien enseignant, avait été condamné à deux reprises pour atteinte puis agression sexuelle) et qu’il avait toujours fermé les yeux. Qu’importe, il a été réélu, et personne le ne touche ! Parce qu’on a un ministère qui ne sert à rien…
Prenez l’actuelle ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra et son implication dans la gestion de la fédération de tennis française (NDLR, plusieurs élus de la FFT ont déposé une plainte contre X auprès du parquet national financier pour détournement de biens et corruption en lien avec la billetterie de Roland-Garros. Dans le collimateur, le président de la fédération mais aussi Amélie Oudéa-Castéramais qui en fut la directrice générale jusqu’à son entrée au gouvernement). Quant à Roxana Maracineanu, elle n’a jamais rien dit sur la pédophilie dans son club de natation de Clamart.
Il y a un énorme problème de pédophilie dans le sport et pas que dans le sport français… Et un énorme problème dans la presse sportive en France.
Le 4 septembre, Matthieu Rabby a été élu président du collège du district des Pyrénées atlantiques à la FFF. Il traine cinq ou six casseroles d’agressions sexuelles (NDLR, M. Rabby a en 2022 été renvoyé devant la commission de discipline pour des faits de harcèlement sexuel). La presse est au courant, notamment So Foot, mais ils n’ont pas le courage de rendre public son nom. Pour moi, c’est aussi la presse sportive qui est coupable d une pas faire son boulot (NDLR : le nom de M. Rabby est cité notamment par Charente libre et Le Monde).
L’Eclaireur - Au-delà des personnes mises en cause, vous dénoncez davantage un système qui, au final, perdure et se reproduit. On peut en effet s’étonner de voir Jean Noël Le Graet, le patron de la FFF, après sa démission suite aux accusations de harcèlement moral et sexuel et l’enquête judiciaire ouverte à ce sujet, être nommé au siège parisien de la Fifa…
Romain Molina - Non seulement, il a été recasé mais en plus le système Le Graet est resté. La directrice générale Florence Hardouin a été indemnisée un million d’euros, pour son licenciement et pour son silence (NDLR - Florence Hardouin avait porté plainte contre Noel Le Graet avant de se rétracter). C’est la définition d’un système mafieux.
Aux Etats-Unis, la procédure choisie pour le FifaGate était celle des organisations de type mafieuse criminelle comme la Causa Nostra dans les années soixante-dix. Le sport essaie d’imposer ses lois aux gouvernements. C’est le pouvoir absolu du sport, et notamment du foot qui est le plus médiatique et le plus populaire.
En France, on a un président de la République qui s’est personnellement impliqué dans les dossiers, par exemple pour essayer de sauver le club de Sochaux à qui il manquait 8 à 10 millions.
On est dans une industrie. L’an passé, les quarante clubs professionnels ont perdu plus de 600 millions d’euros malgré les aides exceptionnelles de l’Etat. Et on entend le patron de la direction de contrôle et de gestion (NDLR, Julien Gillet, contrôleur de gestion au sein de la ligue de foot pro) dire “le foot français est en bonne santé, ils n’ont perdu que 300 millions cette année”. Mais ce qu’il oublie de dire, c’est que les clubs sont obligés de vendre leurs joueurs pour faire face à leur déficit structurel qui avoisine les 940 millions d’euros par saison. Mais dans quel secteur d’entreprise a-t-on des pertes pareilles, continue-t-on d’être encouragé et de se voir verser des aides supplémentaires ? C’est un suicide financier !
L’Eclaireur - Où part cet argent ? Dans les commissions et rétro-commissions ? Les transferts ?
Romain Molina - Dans plein de choses… mais ils vivent au-dessus de leurs moyens surtout. Cette direction de contrôle et de gestion de la FFF, qui n’est même pas un organe étatique, est d’une totale opacité. C’est pratique, ce sont eux qui font leurs propres contrôles !
Mais quels politiques vont s’attaquer au foot ? Personne. Personne ne voudra perdre une partie de son électorat. C’est donc une zone de non-droit. Tout est permis et autorisé.
Les LR ne bougeront pas. Le RN n’a que le mot islamisme à la bouche. Laurent Croizier (Modem) avait des questions interessantes (NDLR, lors des auditions de la commission d’enquête parlementaire). François Piquemal (LFI) aussi. La rapporteuse et la présidente font très bien leur boulot dans un milieu ultra-masculin où les hommes ne parlent jamais. Ce sont toujours les femmes qui se mettent en danger… Sabrina Sebaihi, la rapporteuse (EELV) a reçu des pressions avant les auditions du comité olympique français.
Lire notre article : Corruption et violences dans le sport : la FFF et le comité olympique en flagrante ingérence
Moi je l’interprète comme “on est au-dessus des lois, on vous emmerde”. Le problème, c’est qu’il n’y a jamais eu d’article 40 (NDLR, qui veut que toute autorité, fonctionnaire ou officier public se doit, à la connaissance d'un crime ou d'un délit, en aviser le procureur de la République). Toutes ces fédérations qui ont des missions de service public n’ont jamais eu recours à l’article 40. C’est passible de trois ans de prison si on ne le fait pas…
L’Eclaireur - Hormis pour Noël Le Graet…
Romain Molina - Même pas, c’est le ministère qui l’a activé. J’ai été interrogé dans le cadre de la mission d’audit et de contrôle du ministère au sein de la fédération française de football. Je leur ai donné des documents sur le trucage d’élections (NDLR, au sein de la Ligue réunionnaise de football en 2016 et 2021 2), des affaires pédo-criminelles, etc. Je connais des personnes qui les ont contacté, ils m’ont transféré les mails… Ils n’ont rien mis dans le rapport.
(NDLR, la procureur de Paris a été saisie le 13 janvier 2023 conformément à l’article 40 du code de procédure pénale, “les faits évoqués par plusieurs témoignages recueillis par la mission étant susceptibles de recevoir une qualification pénale”, souligne le rapport à lire ici).
La ministre a juste eu la mission de flinguer le président de la fédération de football pour dire “regardez, j’ai la tête du président de la fédé !” Comme elle l’a fait au rugby.
Une seule fois l’article 40 a été activé : quand les footballeuses ont menacé de quitter l’équipe de France si l’encadrante, Angélique Roujas, qui avait eu des relations sexuelles avec des mineures à Clairefontaine, était maintenue à son poste.
(NDLR, mise en cause, Angélique Roujas a toujours nié des faits qui avaient été à l’époque signalés à la justice par Noël Le Graet conduisant au licenciement de l’entraineuse. Affaire classée sans suite par le parquet pour “prescription de l’action publique”).
Cette personne a été virée pour abus sur mineures à Clairefontaine, il n’y a eu aucune interdiction de licence et ils n’ont prévenu personne ! (NDLR, Angélique Roujas est aujourd’hui manager générale de l’ESO La Roche-sur-Yon, voir l’article de Ouest France). Ce n’est pas le premier cas. Il y a eu d’autres cas de harcèlement sur mineures à Clairefontaine. Il n’y a pas eu d’article 40, ils leur ont laissé les diplômes, de la sorte que ces personnes peuvent continuer à exercer auprès de mineurs…
Quand on a sorti l’article dans le New York Times, le parquet a ouvert une enquête… mais il y avait prescription. Donc aucune personne n’a été sanctionnée. Le seul qui est emmerdé, c’est moi. La fédération française de football avait appelé le New York Times pour faire en sorte qu’ils ne travaillent plus avec moi. On mesure le degré d’impunité de ces gens-là.
L’Eclaireur - Comment en êtes-vous arrivé à travailler pour The Guardian, le NYT, BBC, CNN, Josemar en Norvège… En France, vos enquêtes ne sont jamais publiées ?
Romain Molina - En France je suis complètement boycotté parce que j’ai parfois dit que certains n’étaient pas des journalistes mais des propagandistes. A l’international, j’ai sorti beaucoup d’enquêtes, notamment d’affaires de pédophilie sur mineurs qui ont conduit à des arrestations (NDLR, notamment dans le football gabonais via The Guardian, article ayant entraîné l’arrestation de plusieurs entraîneurs, dont Patrick Assoumou Eyi, dit "Capello", et du président de la fédération Pierre-Alain Mounguengui. Accusé d'avoir couvert un scandale de pédophilie, Pierre-Alain Mounguengui est parvenu à conserver la présidence de la fédération de football gabonaise, malgré plusieurs mois de détention).
En France (soupir)… Je me suis battu pendant des années… Là, maintenant j’ai l’impression que les gens ouvrent les yeux.
Dans le milieu du sport, je sais que certains “veulent ma tête” dont l’ancienne patronne du comité olympique français, Brigitte Henriques, qui a porté plainte trois fois contre moi. On avait prévenu cette dame, qui était alors vice présidente de la FFF en charge du football féminin, des abus sur mineurs (NDLR, l’affaire Angélique Roujas). Elle a répondu qu’elle ne pouvait rien faire. Elle ne pouvait pas lui enlever ses diplômes ?
(NDLR, l’article 85.4 des règlements généraux de la FFF précise que “le refus de délivrance d’une licence, ou son retrait, ou encore la suspension, peut aussi être prononcé pour les mêmes fautes (pour faute contre la morale, l’honnêteté ou l’honneur), même si elles ne font pas l’objet d’une sanction pénale ou d’une interdiction de stade).
On peut raisonnablement dire que c’est une personne qui fait partie d’un système qui a couvert des abus… Mais c’est moi qui me fait attaquer aujourd’hui. Pourquoi à un moment donné L’Equipe va se mettre contre elle ? C’était juste avant sa démission… Parce qu’il y avait un intérêt, parce que des personnes voulaient récupérer sa place. C’est toujours par intérêt politique ou par copinage.
L’Eclaireur - Ce que vos enquêtes montrent, et c’est aussi ce qu’ont montré les auditions lors de la commission d’enquête parlementaire, c’est que par-delà les pratiques des clubs, par-delà l’inaction quasi-totale des fédérations, il n’y a aucun contrôle de l’Etat…
Romain Molina - Non, le ministère ne dit rien. Je ne sais pas à quoi il sert… Ils ont pourtant tout. Je leur ai transmis les documents, à Cyril Mourin le conseiller sport d’Emmanuel Macron également (NDLR, Cyril Mourin a “échappé” à l’audition par la commission d’enquête parlementaire sur pression de l’Elysée).
C’est le cas pour les sports de combat également. Là, je n’ai même pas de mots. On est dans la très haute voyoucratie et ils ne veulent pas y toucher.
Pour bien comprendre, lire l’enquête de Romain Molina : Kickboxing / Muay-thaï : une fédération à la dérive. Ou les détournements de fonds, agressions physiques, violences sexistes et sexuelles se font d’après le journaliste avec le silence plus ou moins complice du ministère des Sports, tenu sur des dossiers compromettants.
Pourquoi ils ne veulent pas y toucher ? Parce qu’un cadre du ministère a été filmé avec des filles en Thaïlande et qu’ils ont les vidéos. Le ministère est au courant depuis février.
La boxe thaï est un système de prostitution qui s’est développé à un niveau pas possible avec des personnes fichées au grand banditisme. C’est un dossier dans lequel on a des hauts flics impliqués, notamment un des responsables de la police du 93. Lui (Nadir Allouache, le président de la FFKMDA, NDLR) est membre du comité olympique dont il a reçu le plein soutien. Et c’est moi qui me fait attaquer… On est au-delà de la mafia. La plus grande mafia, ce n’est pas la politique, c’est le sport.
(NDLR, Nadir Allouache, le président de la FFKMDA, qui dément toutes ces informations, a porté plainte contre Romain Molina suite à ses propos tenus à ce sujet lors de son audition le 20 juillet par la commission d’enquête parlementaire. Plainte vaine puisqu’une personne auditionnée dans tel cadre bénéficie de l’immunité. Il a aussi réclame la suppression de l’article publié sur Blast, en vain. En parallèle, le 22 septembre, le ministère des Sports a annoncé avoir saisi la justice pour chantage sexuel).
C’est aussi un dossier très politique. Les “militants” des meetings de Valérie Pécresse en Île de France en 2021, Région qui arrose la fédération, c’est le président de la FFKMDA qui les lui ramène. J’ai les mails. (NDLR, une pratique pas nouvelle, voir l’histoire du meeting fantoche à Brive de Valérie Pécresse révélée par Médiapart).
Pareil pour le patron du MMA français. On a un ministère qui se dit contre les violences. Et Fernand Lopez a été condamné (il n’a pas fait appel) pour violences conjugales, reconnu coupable d’avoir fait des prises d’étranglement à la mère de sa fille, est reçu en grande pompe par la ministre lors des journées pour l’égalité ! Et je peux continuer…
L’Eclaireur - Les moyens de cette commission paraissent bien chiche au regard de la gravité et de l’ampleur de la situation…
Romain Molina - La rapporteuse m’a dit “on n’aura pas le temps de tout faire”. Ce qu’ils n’avaient pas prévu surtout, c’est que beaucoup de monde les a contactés. Je suis intimement persuadé que le milieu sportif va user de tous ses réseaux politiques… J’ai peur que cette commission soit vouée à l’échec même si c’est tout à leur honneur de l’avoir mise sur pied. Je suis juste un peu choqué qu’elle n’ait pas plus de soutien, politique mais aussi dans les médias sportifs…
L’Eclaireur - Votre audition n’a pas non plus été relayée dans les médias…
Romain Molina - C’est ce que j’ai décrit : l’omerta. Il ne faut rien dire. Et on voit que ce sont systèmes, que ce ne sont pas des prédateurs isolés et que cela touche tous les sports. Il y a eu des témoignages au judo très intéressants où on parle d’un système de 35 personnes interconnectées qui se couvrent selon l’ancien directeur technique national… J’ai donné à la commission les contacts des personnes de la fédération des sports de combat… s’ils vont au bout… Dans un Etat “normal”, le lendemain le procureur de la République s’en saisit…
Jusque-là, aucun procureur n’a jugé bon de s’en saisir. Alors que, concernant l’affaire de l’entraineur du PSG, qui aurait fait des choix selon l’appartenance religieuse (NDLR, une peine d'un an avec sursis, 45 000 € d'amende et trois ans d'inégibilité a été requise contre Christophe Galtier), le procureur s’en était saisi dès le lendemain de sa révélation ! Là il n’y a pas un procureur qui va ouvrir une enquête avec toutes les auditions qui sont menées ? Parce qu’on touche au cœur du système…
Dans le taekwondo, après le scandale de prostitution (NDLR, trois anciens membres de l'équipe de France de taekwondo jugés à Grenoble en 2015 pour proxénétisme de mineurs ont été condamnés à des peines jusqu'à 7 ans de prison), les lanceurs d’alerte ont tous été dégagés. Récemment, à la la fédération d’échecs, des joueuses ont dans un communiqué expliqué qu’elles en avaient marre des violences sexuelles…
Il faut donc partir du fait que tout le milieu du sport est touché. Après, comment les fédérations réagissent ? C’est toujours quasiment la même chose : on ne dit rien, on fait l’autruche et c’est rare que la presse sorte quelque chose…
L’Eclaireur - On l’a vu aussi avec l’affaire, vieille d’il y a une quinzaine d’années, du tournoi de football de Montaigu et des violences et chantage sexuels sur de jeunes joueurs gabonais pour venir jouer en France et dont l’épilogue se poursuit sans que quasiment personne n’en parle en France. Pierre-Alain Mounguengui, le président de la fédération gabonaise de foot, accusé d’avoir couvert ces actes de pédophile, a passé six mois en détention avant d’être invité par la Fifa à assister au mondial de foot au Qatar 3…
Romain Molina - Le tournoi de Montaigu a peut-être été le summum des abus, la carotte qu’ils utilisaient pour appâter les gamins. Ils choisissaient des gamins assez pauvres, leur faisaient miroiter la chance d’aller en Europe…
L’Eclaireur - Sur cette affaire, il y a eu des suites judiciaires toutefois…
Romain Molina - Plusieurs personnes ont été incarcérées mais d’autres dossiers ont été ouverts. Il y a aussi un Franco-gabonais dans le lot quand même, toujours en liberté alors que c’est peut-être bien un des princes de la pédophilie. Sur ce dossier, on parle de centaines de victimes par coach… Ce sont des réseaux de trente ans avec au moins 70 % des enfants qui y sont passés…
L’Eclaireur - Cette omerta dans la presse française, vous la voyez dans les médias anglo-saxons ?
Romain Molina - Non, là, les dossiers sortent. En France, il y a une omerta partout mais dans le sport c’est encore pire. J’ai reçu des plaintes en diffamation, mais surtout du milieu français. Après, je n’y fais pas attention. Ça emmerde plus ma mère… Moi je sais ce que je fais. Le syndicat mondial des joueurs me demande de l’aide… J’ai encore été invité à des séminaires en Norvège… Au niveau international, une plate-forme de journalistes d’investigation dans le milieu sportif dont je ferais partie est en préparation (NDLR .
En France, il n’y a aucune volonté ni velléités de changement, mais je sais pourquoi on se bat. Je sais que ce sont des causes nobles et qui méritent d’être entendues. On repousse le summum de l’imaginable mais tôt ou tard ça tombera. Cette commission légitime le combat qu’on est plusieurs à mener.
La question de la radicalisation dans le sport a finalement été écartée, conduisant les élus du RN à quitter la commission d’enquête parlementaire.
Lors de son audition par la commission d’enquête parlementaire, Laurent blanc a eu ces propos : “il m’est impossible d’être élu à la présidence de la FFF, car le système électoral ne permet pas à une personne qui a de bonnes intentions d’être élue. Il y a des choses à dire sur le mode d’élection à cette présidence. Quand vous me demandez de m’imaginer président de la fédération, je vous réponds que c’est impossible, car le système électoral est très particulier. Il doit cependant être très difficile d’être président d’une fédération sportive, car il porte de très lourdes responsabilités. Toutefois, il me semble que, dans beaucoup de fédérations, le président est omnipotent. Que devrais-je faire en tant que président de la FFF ? Je n’ose l’imaginer, car c’est impossible et c’est une grande responsabilité.”
La FIFPro, syndicat mondial des joueurs, s’en est ouvertement indignée dans un communiqué publié sur Jeune Afrique : “Pierre-Alain Mounguengui fait actuellement l’objet d’une enquête pour avoir prétendument dissimulé des abus généralisés en ne les signalant pas aux autorités compétentes. Cela n’incite pas les victimes et les lanceurs d’alerte à risquer leur vie pour témoigner”.
Selon plusieurs sources approchées par Jeune Afrique, la Fifa et la Confédération africaine de football ont fait pression sur le gouvernement gabonais afin d’obtenir la libération du président de la Fegafoot, réélu le 16 avril dernier.
Il ment il a menti et s'est baladé 2 scoops d'un pervers il ne vérifie rien et il ne donne aucun droit de réponse et ne cite pas les noms car il se contente de comporter des ragots au risque de détruire des victimes et il s'en fout il est stupide et je sais de quoi et de qui je parle