Affaire Bensaïd - GHM : l'accablante inaction d'Olivier Véran

Des documents montrent que les pratiques de Bernard Bensaïd, mis en examen mercredi, ont été signalées à Olivier Véran, alors ministre de la santé, depuis janvier 2021.

Olivier Véran à Grenoble en février 2022 lors de la réunion informelle des ministres de la Santé européens © Patricia Cerinsek

Olivier Véran jure ses grands dieux “qu’on ne laissera jamais tomber le GHM”. “On” peut-être pas. Olivier Véran l’a déjà laissé tombé depuis deux ans.

Contacté, Olivier Véran n’a pas encore répondu à nos questions.

[ mise à jour le 14/01/2023 avec de nouveaux éléments plus bas, ndlr]

Des documents en notre possession - nous en publions deux - montrent qu’Olivier Véran était au fait des pratiques de Bernard Bensaïd à la tête du Groupe hospitalier mutualiste (GHM), que le PDG du “groupe” Avec (ex-Doctegestio) a “repris” en 2020. Ministre de la santé, il a été le destinataire de plusieurs signalements détaillés, dont le contenu est la ligne de force de la plainte déposée par les syndicats FO et CGT. C’est cette plainte qui a mené à la double mise en examen de Bernard Bensaïd, comme nous le relations hier.

Nous vous engageons à lire notre (longue) enquête sur le “groupe” Avec dont les neuf premiers épisodes sont en lien dans l’article ci-dessous. Et la saison n’est pas encore terminée, plus à venir.

[ Groupe Avec ] L'Appui de Bernard Bensaïd (1ère partie)

Etant données les multiples interpellations publiques et signalements écrits des syndicats, du conseil économique et social du GHM, de la société civile, de la Métropole de Grenoble et de son président Christophe Ferrari, de partis politiques, le parti socialiste en tête dont Olivier Véran fut membre et qui l’a investi pour les législatives 2017 dans la première circonscription de l’Isère (il était déjà conseiller départemental PS ), il sera difficile à l’actuel porte-parole du gouvernement de nier ne pas avoir été au courant, même en arguant de la crise de la Covid. Un sourd, à défaut d’entendre, aurait vu. Et ne serait pas resté muet.

Olivier Véran n’a jamais répondu à ceux qui l’ont interpellé, y compris au président de Grenoble Alpes Métropole. La métropole grenobloise a pourtant lancé dès la substitution des mutuelles qui a vu arriver M. Bensaïd à la tête du GHM, des procédures judiciaires lourdes (visant entre autres à l’annulation de la “vente”), toujours en cours. Collectivité qui semble la seule à avoir senti le loup. Nous aurons l’occasion d’y revenir la semaine prochaine puisque Christophe Ferrari, son président, nous a accordé un long entretien jeudi 12 janvier.

Etat : la grande vadrouille

Les syndicats ont rencontré à plusieurs reprises Camille Gaillard-Minier, la suppléante d’Olivier Véran qui le remplaçait sur les bancs de l’hémicycle une fois nommé ministre. A cette occasion furent signalées les méthodes du “groupe” Avec et les nombreux points d’achoppement qu’elles créaient.

Deux visioconférences ont été organisées entre les syndicats et Arnaud Vanneste, alors conseiller offre de soins au cabinet d’Olivier Véran, ministre de la Santé. Il n’en est visiblement rien sorti.

Sans compter les études commandées à des cabinets indépendants par le comité économique et social du GHM, qui mettent en lumière la situation financière catastrophique du “groupe” Avec et ses ventes “forcées” de prestations discutables au GHM.

Cerise sur le gâteau, l’ex-femme d’Olivier Véran, Camille Véran, est gynécologue-obstétricienne au GHM depuis plus d’une dizaine d’années. Olivier Véran, médecin neurologue au CHU de Grenoble, connait ses confrères du groupe mutualiste grenoblois. La médecine hospitalière, surtout dans la capitale des Alpes, est un petit monde.

Les deux documents (nous en avons d’autres) montrant qu’Olivier Véran a été avisé suivent ci-après.

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