[ Analyse ] D'Eretz Israël à ersatz d'Israël
Tel Aviv connaissait le plan d'attaque du Hamas. L'intention de nettoyage ethnique à Gaza, un crime de guerre, est aujourd'hui établie. L'avenir d'Israël semble bien sombre.
L’attaque terroriste du Hamas du 7 octobre fut une défaite stratégique pour l’Etat hébreu. Plus d’un millier de terroristes, combattants du Hamas, acteur quasi-étatique dont l’émergence est essentiellement due à Tel Aviv, ont réussi à pratiquer des brèches dans le mur réputé impénétrable qui matérialisait la frontière entre Gaza et Israël.
L’unité 8200, l’équivalent de la NSA américaine ou de la direction technique de la DGSE – les grands oreilles – avait pourtant décrit dans le détail le plan du Hamas il y a plus d’un an. Pas nous qui le disons mais The Times et le New York Times. Il s’agit peut-être d’une opération pour débrancher Netanyahu, mais il n’en reste pas moins que ce rapport existe. Et que rien ne fut fait.
Comme nous l’affirmions dès le 12 octobre, de deux choses l’une :
Soit les services israéliens ont bien prévenu le gouvernement israélien qui ne les a pas écouté, de la même manière qu’Emmanuel Macron et le gouvernement français n’ont pas écouté la DGSE qui les avait alertés des risques de coup d’Etat au Niger. Les dirigeants occidentaux ont la sale manie de rejeter tout ce qui ne va pas dans leur sens. Le renseignement leur sert à justifier des décisions déjà prises, non pas à éclairer leur prise de décision.
Soit le gouvernement israélien a écouté ses services de renseignement mais a fait le choix délibéré de laisser le Hamas attaquer afin de dégager un prétexte pour laminer Gaza, commettant ainsi l’erreur fatale de grandement sous-évaluer l’ampleur d’une menace qu’il croyait contrôler et l’échelle de l’opération menée par au moins deux organisations terroristes palestiniennes (ne pas oublier le Jihad islamique).
Il appartient au peuple israélien de tenir son gouvernement comptable de l’attaque du 7 octobre, tout comme il lui appartient de le faire quant à l’application, aujourd’hui avérée, de la directive Hannibal selon laquelle il vaut mieux tuer des Israéliens pris en otage que de devoir négocier et payer le prix politique de leur libération. Dans au moins deux kibboutzim, des chars ont ouvert le feu sur des bâtiments dans lesquels se trouvaient des citoyens israéliens. Des hélicoptères de combat ont effectué des passes sur des véhicules qui rentraient vers Gaza dans lesquels se trouvaient des Israéliens.
En revanche, Israël va devoir rendre compte de ses actes à Gaza devant l’humanité toute entière. Quand des responsables politiques dont le chef de l’Etat israélien suggèrent que les civils y sont des cibles légitimes, l’intention du crime de guerre est établie. Il suffit alors d’un mort et d’un seul pour le matérialiser. Aujourd’hui, il y en plus de 17 000. Et Israël n’est en aucun cas en train de vaincre le Hamas. C’est même plutôt l’inverse qui est train d’arriver. Selon le vieux principe de la guerre insurrectionnelle et de résistance, tant que le Hamas résiste, il gagne. Et il le fait en infligeant de sévères pertes à Tsahal.
L’armé israélienne a déclaré que 1500 soldats israéliens avaient avaient été blessés - au sens de blessés et hors de combat - alors que le chiffres des hôpitaux eux en affichent plus de 3500. Il s’agit de combat urbain, donc autant de tués que de blessés.