Béchu hors-sol ; de l'eau dans le gaz; la leçon de maths de Pap Ndiaye; Eurocrates de combat; CPI en roue libre
L'info sous les radars, l'information passée à la moulinette de L'Eclaireur.
Béchu hors-sol - La vente des piscines hors sol va être interdite dans les Pyrénées-Orientales. “ Le dérèglement climatique c'est maintenant, il faut qu'on sorte de la culture de l'abondance”, s’est fendu le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu sur RTL.
On avait déjà interdiction de les remplir (comme d’arroser les pelouses ou laver les voitures, liste non exhaustive). On va désormais avoir interdiction de les acheter. Voilà une mesure qui est forte. On sent qu’elle va être aussi appliquée que productive.
On va remettre tout ça dans le contexte, autrement problématique et compliqué qu’une toile en plastique dans un jardin. Rappeler que depuis belle lurette au moins 20 % de l’eau est perdue à cause des trous dans le réseau de distribution d’eau potable dont la gestion est dans la plupart des cas déléguée au privé, Veolia et Suez en tête. Rappeler aussi ce projet fou qu’avait le gouvernement de troquer de l’eau contre du pétrole, sûrement au vu de l’abondance de la ressource…
“En France, on n'a pas de pétrole mais on a des idées !”, clamait de son temps Valéry Giscard d’Estaing – dont les velléités érotico-littéraires ont manifestement fait des émules. C’est ainsi que l’on peut permettre aux golfs de déroger à l’interdiction d’arrosage (l’affaire qui a occupé une certaine partie de la classe politique, écolos en tête, l’été 2022) mais ne rien faire contre la construction de piscines enterrées tous azimuts. Les riches continueront donc de patauger dans leur jardin pendant que les autres transpireront à grosses gouttes devant les portes des piscines municipales fermées pour cause de flambée des prix de l’énergie.
Hydroélectricité : de l’eau dans le gaz - D’un côté, la commune et le préfet, aux manettes de la construction de la centrale hydro-électrique de Sallanches en Haute-Savoie. Centrale dont la justice a décidé le démantèlement, le projet provoquant une réduction de plus de 50 % de l’hydrologie du cours d’eau. Démantèlement qui vient d’être suspendu – et annulé comme beaucoup relayé – en attendant la décision en appel.
De l’autre, l’association France Nature Environnement qui a porté les recours. Recours qui, faut-il le rappeler, n’avaient pas empêché les promoteurs de cette micro-centrale de poursuivre les travaux, manifestement assurés d’être dans leur bon droit, à moins que ce ne soit la simple application de la politique de la terre brûlée.
En attendant que justice se fasse, on a eu droit à de magistrales leçons dans les médias. Sur un droit ennemi du bons sens et de l’intérêt national, sur fond d’urgence climatique érigée en vérité absolue et au nom d’une aussi urgente transition énergétique qui s’assiérait sur une non moins urgente protection de la biodiversité. Que la justice évite de se mêler d’environnement et de politique environnementale et décide en droit a manifestement échappé à certains. Que la biodiversité soit partie intégrante de la protection de l’environnement aussi.
Pot de terre contre pot de fer - Dans les Hautes-Alpes, c’est d’ailleurs une fleur, l’Androsace du Dauphiné, qui pourrait faire plier le projet de téléphérique de la Meije à La Grave. Zappée de l’étude d’impact (un nouvel inventaire doit être réalisé ce printemps), cette plante de montagne, que les bureaux d’étude disent n’avoir pas trouvé, est une espèce rare et protégée. La hantise des promoteurs de petits et surtout grands travaux qui dans les Hautes-Alpes, escomptaient beaucoup de l’avis favorable, et aussi clément que peu motivé, du commissaire enquêteur pour faire aboutir leur projet, comme nous le racontions le 22 mars dernier…
On se rappelle qu’à Huez, par exemple, c’est un papillon en voie de disparition, l’Apollon, qui s’était mis en travers du chemin de nouvelles constructions dans la station de ski.
(-) + (-) = + (leçon de mathématiques selon Pap Ndiaye) - “C’est par exemple le professeur d’anglais qui va remplacer le professeur de mathématiques, non pas pour faire des mathématiques mais pour faire de l’anglais […]. Les mathématiques seront rattrapées une autre fois lorsque le professeur d’anglais sera absent et que le professeur de mathématiques pourra le remplacer”.
Question Pap NDiaye : vu que l’anglais et les mathématiques, mais aussi l’allemand, la physique-chimie, la musique et la technologie sont comme dit pudiquement “en tension” on fait comment ? On limite leur enseignement (voir la valse des mathématiques avec la réforme du lycée) ? On le supprime (voir la technologie en 6e) ?
Nous, on propose que le petit jeu des chaises musicales soit appliqué au gouvernement. On pourrait alors avoir un ministre de l’Education nationale qui remplacerait au pied levé un ministre de l’Economie et vice-versa. Ou un ministre de l’Intérieur voire même un porte-parole officier en tant que ministre des affaires étrangères. Ah bon, ça se fait déjà ?
Eurocrates de combat - Toujours ce même chiffon rouge. Et quand l'Allemagne décide d’acheter des avions de combat F-35 à l'américain Lockheed-Martin au lieu du Rafale français ou de l'Eurofighter Typhoon, mettant un peu plus à mal le projet Scaf, personne ne bronche ? Même chose pour les chars Abrams commandés par la Pologne, les F-16 par la Bulgarie, la Roumanie, la République Tchèque, la Slovaquie etc.
“J’ai fait un rêve"…” (copyright MLK) - La Cour pénale internationale (CPI), présidée par le polonais Piotr Hofmański, compte sur l’Afrique du Sud pour qu’elle arrête Vladminir Poutine chez elle, lors d’un sommet réunissant en août les BRICS, soit le Brésil, la Chine, l’Inde ainsi que… la Russie. Maintenant qu’elle a émis un mandat d’arrêt international contre le chef de l’Etat russe et contre sa commissaire aux droits de l’enfant, la CPI se sent pousser des ailes. Et le clame haut et fort. Ce qui pose déjà question sur la méthode…
La chose parait surtout un tantinet plus compliquée. D’abord parce que la Russie est sortie du statut de Rome, traité établissant la CPI. L’Afrique du Sud tergiverse. Le 25 avril, le président sud-africain Cyril Ramaphosa avait annoncer quitter la CPI avant de revenir sur ses propos. Et l’Ukraine ne l’a jamais ratifié – ce qui n’a pas empêché Zelensky d’aller y plaider sa cause – pas plus que les Etats-Unis. En clair, la CPI n’a pas juridiction en Ukraine. Le mandat d’arrêt est donc nul.
La CPI peut-elle poursuivre, après l’avoir fait arrêter (si tant est qu’elle l’obtienne), le ressortissant d’un pays qui ne la reconnait pas sur la plainte d’un pays qui ne le reconnaît pas non plus ? On remarquera qu’aucun dirigeant américain n’a jamais été arrêté et traduit à La Haye. Ni même qu’aucune enquête, en Palestine ouverte il y a plus de deux ans, ou en Afghanistan, n’a abouti alors que pressions et menaces, elles, se multiplient.
En 2019, des membres du personnel de la CPI avaient ainsi été interdits de territoire américain alors les juges de la Cour devaient déterminer s’il convenait d’ouvrir une enquête au sujet de l’Afghanistan.
Manifestement pour Poutine, cela va beaucoup plus vite.
Le deuxième obstacle, c’est que l’Afrique du Sud, et notamment l’ANC au pouvoir, entretient une longue amitié avec la Russie. Les liens entre Pretoria et Moscou remontent à l'époque de l'apartheid, lorsque les pays soviétiques et leurs satellites avaient apporté leur soutien à l’ANC dans la lutte contre le régime raciste, rappelle Jacqueline Dérens dans Marianne.
Enfin l’Afrique du Sud a refusé de condamner l’invasion russe de l’Ukraine. Mais ce doit être un détail.