[ Climat ] "Le consensus du Giec a été fabriqué"
Poids du CO2 dans le changement climatique, de la variabilité naturelle, du consensus (ou pas), effets et contre-effets... Nous avons interrogé deux climatologues. Second volet avec Judith Curry.
Ne cherchez pas, vous ne trouverez en France aucun média, à l’exception de Guy Sorman pour Le Point, pour donner la parole ou même citer Judith Curry. Sauf pour la ranger dans le rayon des trumpo-climato-complotistes sans autre forme de procès.
Ses pairs reconnaissent en elle une vraie et éminente climatologue, nonobstant des désaccords. Les uns incriminent ses méthodes, d’autres ne lui pardonnent pas d’avoir quitté leur conclave en tenant publiquement une position divergente sur la question du changement climatique et surtout de son évolution.
Aux Etats-Unis où Judith Curry a suivi une longue et distinguée carrière1, la climatologue est entendue, écoutée, même si souvent critiquée. En France, rien. Ce qui en dit long non pas tant sur Judith Curry que sur l’état de la presse dans l’Hexagone et l’écho donné ici à la pluralité des opinions. Voir à ce titre la proposition de loi qui se prépare afin d’encadrer la parole et bannir de l’espace public et médiatique tout propos considéré comme climato-sceptique (définition et limites du climatoscepticisme ?).
Judith Curry doute quant à l’évolution du climat. A cause de l’incertitude qui pèse sur la variation naturelle, marginalisée par un Giec dont la mission selon elle est d’abord de travailler et valider la responsabilité de l’Homme. A cause aussi de l’incertitude des modèles climatiques. Quelques jours après notre échange, une équipe de chercheurs annonçait vouloir travailler à améliorer ces modèles jugés imprécis.
Des Etats-Unis où elle a accepté d’échanger avec nous par questions-réponses écrites (donc succinctement), la climatologue américaine revient sur le changement climatique et ses incertitudes. Sur ce qu’elle appelle la “fabrication du consensus”, qui l’a poussé à quitter ses fonctions universitaires, à la tête du département des sciences de la Terre de l’Institut technologique de Géorgie.
Depuis, la scientifique poursuit sa carrière dans le privé. Et vient de publier un livre, Climate Uncertainty and Risk : Rethinking Our Response, où elle invite à repenser la doxa du changement climatique pour sortir de l’impasse.
Pour la version originale, en anglais et en accès libre, suivre le lien : [ Climate ] "The IPCC consensus is manufactured"
Question subsidiaire : ses propos nous vaudraient-ils d'être censurés ou dépubliés, comme le laisse croire une proposition de loi en cours d'élaboration visant à bannir de l'espace public et médiatique tout discours réputé climato-sceptique ?
L’Eclaireur - Que sait-on aujourd’hui de manière certaine du changement climatique ? Sur quels points majeurs avons-nous des doutes ?
Judith Curry - Le changement climatique associé à l’augmentation des concentrations de CO2 dans l’atmosphère est une théorie dans laquelle le mécanisme de base est bien compris, mais dont l’ampleur est très incertaine.
Il y a trois faits incontestables au sujet du réchauffement planétaire : les températures moyennes à la surface de la planète ont globalement augmenté depuis environ 1860. Le CO2 a des spectres d’émission infrarouge, et réchauffe la planète. L’Homme rajoute du CO2 dans l’atmosphère via les émissions provenant de la combustion de combustibles fossiles.
Ces faits sont largement étayés par des preuves scientifiques, et il n’y a sur ces points pas de désaccord majeur dans la communauté scientifique. Cependant, ces trois faits, pris individuellement ou dans leur ensemble, ne nous renseignent pas beaucoup sur les enjeux les plus importants associés aux changements climatiques. Si et dans quelles mesures les conditions météorologiques et le CO2 ou d’autres émissions d’origine humaine ont été plus importants que la variabilité naturelle du climat dans le réchauffement récent. A quel point le climat va-t-il changer au cours du XXIe siècle. A quel point le réchauffement est-il dangereux. Et à quel point la réduction radicale des émissions de CO2 améliorera le bien-être des hommes au XXIe siècle.
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