[ Changement climatique ] " Remettre en question les fondamentaux est aberrant "
Poids du CO2 dans le changement climatique, de la variabilité naturelle, consensus (or not), effets et contre-effets... nous avons interrogé deux climatologues. Premier volet avec Gerhard Krinner.
Pour le climatologue et membre du Giec, aucun doute n’est permis quant aux paramètres de base, fondamentaux, qui président au changement climatique observé ces cinquante dernières années.
“Que les concentrations de gaz à effet de serre, le CO2 notamment, augmentent à cause des émissions humaines, à cause de l’utilisation des fossiles et du fuel, à cause de la déforestation, qu’il y a un effet de serre, qu’on observe un réchauffement climatique, que ça va continuer en fonction des émissions… aucun être sain d’esprit au monde qui a les moindres connaissances scientifiques ne peut mettre en doute cela sérieusement”.
Mais il reste encore beaucoup d’incertitudes, reconnait Gerhard Krinner. Sur l’évolution future des ouragans ou les calottes de glace. Sur l’amplification du réchauffement dans les Alpes aussi. Le scientifique nous a reçu pour un long entretien dans son bureau à la Maison Climat Planète sur le campus de l’Université Grenoble Alpes.
Second volet à suivre avec la climatologue américaine Judith Curry qui porte un regard critique sur les conclusions tirées de l’état des connaissances. A la tête du département des sciences de la Terre de l’Institut technologique de Géorgie, la scientifique a depuis renoncé à toutes ses fonctions universitaires. “Il est devenu très clair pour moi que les climatologues ne peuvent faire carrière que s’ils “jouent le jeu” en appuyant le consensus du Giec”.
L’Eclaireur - Quel est l’état des connaissances en matière de changement climatique ? Qu’est ce qu’on sait, de manière certaine, où est-ce qu’on a des doutes et qu’est ce qu’on ne sait pas ?
Gerhard Krinner - Dans les rapports du Giec, chaque résultat, chaque réponse à une question est donnée avec une évaluation de l’incertitude. On dit par exemple “global surface temperature has increased faster since 1970 than in any other 50-year period over at least the last 2000 years (high confidence)” 1. On appose donc un “statement” en fonction de la confiance que l’on a : ce peut être low confidence, médium confidence, high confidence, very high confidence. Ou on donne des probabilités. Quand c’est mieux quantifié, on peut dire “it is very likely”, “more likely than not”, etc . Tout cela est lié au nombre d’études, leur accord entre elles et leur qualité. Si tous les papiers publiés sont d’accord et sont de bonne qualité, on peut qualifier le résultat de “high confidence”.
Cette quantification des incertitudes par le groupe du Giec qui travaille sur une question, soit une dizaine de personnes, est primordiale.
Il y a de nombreuses questions en climatologie qui restent incertaines. Sur l’évolution future des ouragans dans l’Atlantique par exemple, les études sont diverses et variées.
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