La mort d'Alexei Navalny met à l'ombre Julian Assange
Sur fond de guerre en Ukraine et d'élections en Russie, dans l'UE, aux Etats-Unis, la mort de Navalny apparait bien commode.
Mort d'Alexei Navalny : "La Russie n'est plus une démocratie" affirme Olaf Scholz, le chancelier allemand sur BFM-TV. "C'est très triste mais nous savons maintenant exactement de quel type de régime il s'agit. Toute personne qui émet des critiques, qui défend la démocratie doit craindre pour sa vie et sa sécurité".
Passons outre le fait que la mort dans des conditions forcement suspectes 1 d'un des opposants (on verra que ce n'est pas le principal) à Poutine survient à un mois des élections en Russie et, en Europe occidentale, à cinq mois d'élections européennes dans un contexte où il est manifestement de bon ton de hurler à la désinformation par n'importe quel moyen, même le plus inepte : voir à ce titre le rapport de l'agence gouvernementale Viginum mettant à jour un "réseau structuré et coordonné de propagande prorusse" – quoi de plus "normal" par temps de guerre, mais bon... Il s'avère que parmi les 193 sites analysés (qui les a consultés avant qu'ils ne soient mentionnés dans le rapport ?), un seul est en français qui totalise 5 000 vues par mois... Attention, arme russe de désinformation massive .
La mort de Navalny est bien évidemment à déplorer. Mais comment ne pas faire le parallèle avec Julian Assange ? La défense de la démocratie, la liberté d'expression et de critique, la privation de liberté que subit depuis bientôt quinze ans le journaliste australien… Qu’en pense le chancelier allemand ?
Interpellé à ce sujet en 2022 par le père et le frère du journaliste qui lui demandaient d'intervenir auprès du président américain en faveur de l'abandon des poursuites, le porte-parole du gouvernement allemand avait tout bonnement botté en touche. Et donc, rien fait.
La mort de Navalny survient vingt-quatre heures après que le Parlement australien a voté en faveur de la fin des poursuites contre Julian Assange aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, et autorisé son retour dans son pays. A quelques jours d'une dernière audience du tribunal britannique. Rappelons que le fondateur des Wikileaks risque jusqu’à 175 ans de prison s’il est reconnu coupable d’espionnage. Qui pour s’en émouvoir parmi les dirigeants européens ? Personne.
Il est d'autant plus incongru de dresser en quasi-héro, en figure plus emblématique et médiatique que politique de l'opposition un homme qui, finalement, ne faisait pas beaucoup d'ombre à Vladimir Poutine. En mai 2017, un sondage en vue de l'élection présidentielle de 2018 le créditait de 2 % des voix, contre 63 % pour Vladimir Poutine. Sa candidature avait finalement été invalidée en raison d'une condamnation pour détournement de fonds.
Parfait opposant façon épouvantail, Navalny ?
C'est ce qu'affirme le journaliste canado-américain Aaron Maté. "Poutine a eu intérêt à ce qu’il soit considéré en Occident comme son principal opposant". Ce afin de pouvoir mieux masquer l'éviction de Boris Nadejdine, ex-député à la douma (le parlement russe) et candidat à la présidentielle, qui condamne ouvertement la guerre en Ukraine. Boris Nadejdine était crédité de 20 % dans les sondages, en deuxième position derrière Vladimir Poutine, quand la commission électorale centrale a invalidé sa candidature, au motif d'erreurs dans les signatures.
"Nous entendons moins parler de gens comme Nadejdin et Kagarlitsky (le sociologue également opposé à la guerre condamné à cinq ans de prison) en Occident pour une raison : contrairement à Navalny, ils ne collaborent pas avec les gouvernements occidentaux, assène Aaron Maté. Navalny a travaillé avec Bellingcat, une officine de l'OTAN, et a suivi le programme « Yale World Fellow » 2, un centre d'entraînement au changement de régime", conclue t-il.
Sur le site de l'école, on trouve son portrait. Il y est dépeint comme le chef de l’opposition russe. "Il n'est pourtant pas le seul à critiquer le pouvoir, ni le plus qualifié pour apporter le changement", soulignait en 2017 Olivier Védrine, rédacteur en chef du Russian Monitor.
"Certains pensent qu’il n’est pas l’homme capable de changer la Russie, et qu’il pourrait même se transformer en un Poutine 2.0. Navalny est en effet connu comme un nationaliste radical, co-organisateur des prétendues “Marches russes” – mouvement néonazi contre les immigrés. Un des plus importants partis politiques libéraux russes (comprendre: un parti très à droite) avait même expulsé Navalny de ses rangs pour ses opinions trop nationalistes".
On avait entendu (voir cette vidéo) Navalny comparer les immigrants musulmans à des cafards, ou à des caries dentaires. Demander la déportation de tous les travailleurs clandestins venus des pays d’Asie centrale anciennement soviétiques.
“Dans la Russie d’aujourd’hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à la mort”, a réagi Emmanuel Macron à la mort de Navalny. En 2020, Julian Assange, avait en vain demandé l’asile politique à la France.
Navalny purgeait une peine de 19 ans de prison pour « extrémisme » dans une colonie pénitentiaire reculée de l’Arctique.
Historiquement, Yale est l’université la mieux représentée parmi les cadres dirigeants de la CIA
Si j'avais l'esprit mal tourné, je dirai que le sujet Navalny, dont absolument toute la classe politique se contre fout royalement tombe pour la fin du match à Adiivka, ça permet de nous rappeller les valeurs démocratie .. patati patata....en nous faisant oublier que ce sont des chars bricolés avec des machines à laver qui ont l'initiative...mais bon il faut bien la continuer cette guerre...
C'est marrant, des amis "de gauche" ont leur réseau social endeuillé.... pourtant, même les médias estampillés "vérité d'état" expliquent que Navalny était un nationaliste, islamophobe, antimigrants entre autre...Quand les avis politiques tranchés ne reposent plus que sur des fantasmes... hahaha