[ Edito ] L'avis des Français et l'état du pays sont sans importance
Le spectacle d'une classe politique française qui s'écharpe pour savoir qui, sur la question de l'immigration, fait le jeu du RN ou de l'extrême gauche est pathétique.
Depuis près de vingt-cinq ans, plus de la moitié des Français souhaite un arrêt de l’immigration. Ce sont aujourd’hui 80% de nos concitoyens qui ne veulent plus que la France accueille de migrants. Pendant ce temps-là, le patron du Medef assène que d’ici 2050, la France “aura besoin” de 3,9 millions d’immigrés, rabâchant bêtement les antiennes fournies prémâchées par les think-tanks libéraux américains et autres Davos. La raison invoquée est, comme toujours depuis cinquante ans, la sauvegarde du modèle social français. Certainement pas l’accès à une main d’œuvre corvéable à merci, acceptant des salaires de misère et des conditions de travail particulièrement pénibles.
L’argument des “métiers en tension” ne tient pas. Comme l’avait souligné Maurice Allais, prix Nobel d’économie en 1988 “il est faux de soutenir que les Français ne veulent plus exécuter de travaux pénibles. Ce qui est vrai est qu’ils ne veulent plus les faire aux salaires réels pratiqués”. Que les héritiers de la collaboration économique avec l’Allemagne nazie durant l’Occupation qui peuplent le Medef prennent leurs responsabilités et acceptent la réalité du marché également pour le travail : quand la main d’œuvre manque, les salaires augmentent et les conditions de travail s’améliorent.
Le taux de chômage réel reste supérieur à 12%, statistiques truquées à coup de fausses réformes nonobstant. Quel est donc l’intérêt de faire venir une immigration de masse, si ce n’est de créer artificiellement un déséquilibre sur le marché du travail justifiant le maintien de bas salaires et de donner aux employeurs un pouvoir de négociation qu’ils n’ont pas ?
Crise politique ? Pas besoin d’être grand clair pour comprendre qu’en ne donnant pas de majorité à Emmanuel Macron en 2022, les Français ont clairement exprimé qu’ils ne souhaitaient pas qu’il gouverne. Ils en ont soupé des dénis de démocratie, des manœuvres et magouilles juridiques, des 49-3 et de la violence sociale. N’accorder de majorité à personne est s’assurer que la balance finira par pencher tôt ou tard du côté de l’opinion majoritaire. C’est ce qui vient de se produire, et en matière d’immigration, l’opinion majoritaire est claire : 8 Français sur 10 ne souhaitent pas accueillir plus de migrants.
Mais le fait le plus marquant est le refus du réel d’un grande partie de la classe politique, refus particulièrement marqué à gauche. Cette gauche-là, indissociable de l’idéologie néolibérale, aussi bourgeoise que moralisatrice, s’est arrogé il y a quarante ans un magistère qui voudrait que seules ses idées peuvent prévaloir. Hautement démocratique et pluraliste. Que nos concitoyens mahorais – nous avons bien dit nos CONCITOYENS – en soient réduit à consommer de l’eau empoisonnée au plomb ne la concerne pas. La misère totale dans laquelle nous laissons de bien trop nombreux concitoyens ultramarins ? Un épiphénomène.
La réalité de cette loi sur l’immigration est bien plus prosaïque. Vide, puisqu’elle ne prévoit aucune mesure de contrôle aux frontières, elle sera en partie retoquée par le Conseil constitutionnel et rendue caduque par le pacte européen sur les migrations. Elle permet en revanche à l’ensemble de la classe politique de se refaire une virginité. A gauche, par l’indignation factice au nom de grands principes qui ne sont qu’idéologie creuse et clientéliste. Pour la Macronie, en prétendant contrôler l’immigration tout en même temps maintenant les vannes ouvertes et en signant le pacte européen sur les migrations, qui laissera ses Etats membres à la merci des juges qui décideront de leur politique migratoire. Quant aux Républicains, cela leur permet de dissimuler qu’ils sont les primo-responsables du chaos migratoire actuel qui s’est amorcée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy avec l’intervention en Libye. Le Rassemblement national de son côté peut clamer une “victoire idéologique” à peu de frais.
L’immigration clandestine est un trafic, comme la drogue. Tant qu’il y aura une demande de la part d’exploiteurs bien français, ce trafic continuera. Rappelons qu’employer un clandestin est puni de cinq ans de prison. Les employeurs de clandestins et leurs clients, complices, ne sont jamais poursuivis. Sinon les patrons des grands du BTP, de Uber et des autres entreprises de livraison, Chronopost inclue, et de très nombreux restaurateurs seraient déjà à l’ombre.
Bref, on continue à faire semblant, à voter des lois de marchandage et d’affichage qui n’auront aucun effet si ce n’est d’aggraver une crise démocratique aujourd’hui proche de basculer dans de sérieux troubles civils.
Excellent article! Bravo! Le court reportage sur Mayotte est intéressant pour plusieurs raisons dont une qui m'est chère: la préférence nationale. Cela est vu comme une injure, un gros mot, par la gauche 'caviar' qui nous mène à notre perte.
A propos d'un autre article paru sur un autre site qui relatait la tentative par le même Darmanin de supprimer l'AME aux immigrés illégaux - proposition que j'approuvais, elle, au motif que cette aide était payée par les impôts des Français qui peinent à se soigner aujourd'hui - il s'est trouvé des socialistes (ils défendaient leur position en invoquant leur idéologie) qui trouvaient ignoble que je puisse avoir cette opinion. Quoi de plus normal de recentrer notre système social sur nos ressortissants au moment où notre situation économique se dégrade fortement. Mais cette constatation est, il est vrai, le résultat d'une observation du réel et un certain nombre de nos compatriotes (et la totalité de nos dirigeants) vivent dans un monde de bisounours très loin de la réalité. Je vous invite à écouter les quelques minutes de l'intervention sur Tocsin du général Tauzin, candidat malheureux que j'avais avec d'autres, reçu dans notre département, à la précédente présidentielle; il y décrit l'évolution du monde politique français avec beaucoup de lucidité.