Enseignement supérieur : les drôles de passerelles entre public et privé
L'Etat mise à fond sur l'apprentissage. Ce faisant, entre deux pantouflages, il fait un pont d'or aux écoles privées sans rien exiger en contrepartie. Qui va en payer le prix ?
Le 23 octobre, Olivier Dussopt a annoncé mettre le paquet sur l’apprentissage. Renforcement des cellules interministérielles pour accompagner et guider les jeunes, campagnes de mails individualisés, tout est mis en place pour que l’objectif d’Emmanuel Macron du million d’apprentis en 2027 soit atteint.
On y est presque. En quelques années, le nombre d’apprentis a explosé. Selon l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), près de 900.000 contrats d’apprentissage étaient en cours fin 2021, contre 480.000 deux ans plus tôt 1.
Derrière l’apparent succès quantitatif, qui a en outre l’avantage, tout aussi apparent, de se répercuter sur les chiffres du chômage, le dispositif dessine et encourage une toute autre réalité : celle au travers d’un détournement du mécanisme de l’apprentissage et des aides d’État, d’un transfert de fonds et de missions publics vers des intérêts privés d’où émergent des grands groupes adossés à des fonds de pension ou d’investissement à la rentabilité à deux chiffres. Et ce avec la bénédiction, si ce n’est l’encouragement et même la participation active, de l’exécutif, comme nous allons le voir.