Feuille de route énergétique : du vent ?

Où il s'avère que les objectifs de sortie des énergies fossiles restent tout aussi inatteignables que lors de la précédente programmation. Avec de gros trous dans la raquette.

Avec un an de retard, la France se dote d’une feuille de route énergétique. Voilà donc la 3e programmation pluri-annuelle de l’énergie (PPE), sur laquelle le public est appelé à donner son avis ¹. Le parlement, non : la PPE sera adoptée par décret.

La France et l'Europe décarbonent. C'est emminement louable, même si parler de neutralité carbone façon slogan ne veut pas dire grand-chose. Affirmer que les émissions de gaz à effet de serre baissent sans plus d'explications non plus. Surtout si cette diminution ne comprend que les émissions liées aux activités produites sur le territoire national sans tenir compte de celles qui sont importées pour satisfaire une consommation, mondialisée, qui reste très dépendante des énergies fossiles. Voir la fin de l'extraction des hydrocarbures en France.

Quand bien même cette baisse de l'empreinte carbone ne suffirait pas, à elle toute seule et même à l'échelle de l'Europe, à décarboner la planète alors que les émissions de CO2 n’ont jamais été aussi importantes. Ce qu'accessoirement, l'élection de Trump aux Etats-Unis ne devrait pas arranger.

Mais revenons en France. La baisse des émissions carbone ? En 2023, elle est d'abord à mettre à l'actif la baisse d’activité de l'industrie et du bâtiment malgré toutes les promesses de réindustrialisation répétées (source Citepa). Baisse sûrement plus conjoncturelle que structurelle. Or, la particularité de la conjoncture, c'est de se retourner.

Avec la 3e PPE, on va donc continuer de décarboner. Fixer des objectifs, aussi ambitieux sur le papier que décorrélés de la réalité, sans étude d’impact d’ensemble. Rappelons que les précédents objectifs, inscrits dans la PPE2, n'ont pas été atteints. Paris s'est même fait taper sur les doigts par Bruxelles pour son retard. Alors, forcément, les nouveaux objectifs obligent qu'on y regarde à deux fois. 

Reprenons de manière factuelle.