[ Industrie ] STMicro en eaux troubles
Emmanuel Macron a promis beaucoup d'argent pour doubler la production de semi-conducteurs de STMicro. Et beaucoup d'eau pour faire tourner l'usine. L'autorité environnementale alerte.
En août dernier, nous avons relaté combien le chemin vers la souveraineté industrielle était surtout pavé de gadgets communicationnels. Comment l’alliance entre STMicro, le géant européen de semi-conducteurs et Global Foundries, le fondeur américain, qui vise à doubler la capacités de production du site de Crolles, aux portes de Grenoble, était étroitement conditionnée à une infusion massive d’argent public : 2,28 milliards d’euros sur les 5,7 milliards d’investissements.
L’argent - nonobstant l’opacité de l’opération, nous y reviendrons - semble être la seule chose qui coule à flot. Ce n’est pas la CGT ni un collectif lambda qui le disent mais l’autorité environnementale. Plus exactement la mission régionale d’autorité environnementale (MRAe), cette entité indépendante chargée de rendre un avis en amont de l’enquête publique quant à l’impact d’un projet sur son environnement, avis que les préfets passent trop souvent sous le boisseau, avec des conséquences judiciaires fâcheuses, comme l’annulation de la déclaration d’intérêt public du projet Inspira.
Le dossier qui a été transmis à la MRAe est sommaire. Les informations qu’il contient sont au mieux partielles. Combien l’usine STMicro consomme-t-elle d’eau aujourd’hui, eau qu’elle prélève sur le réseau d’eau potable afin de nettoyer les plaques de silicium ? Combien en consommera-t-elle demain avec l’extension de capacité? Avec quel impact sur la ressource ?