JO Paris 2024 : et le grand absent fut...
TRIBUNE - La Russie a été le grand absent de la cérémonie des Jeux. Les quelques athlètes russes qui avaient accepté les conditions de participation drastiques du CIO en ont été exclus.
Le Comité international olympique avait imposé de strictes conditions à la participation des athlètes russes aux Jeux Olympiques de Paris. Mais la quinzaine d’entre eux qui avaient accepté de jouer le jeu ont été bannis d’une cérémonie d’ouverture dont “l’inclusivité” sans cesse rabâchée a résonné comme une sombre farce.
Pour Oleg Nesterenko, le président du Centre de commerce et d’industrie européen (CCIE) à Paris, ancien directeur de MBA et ancien professeur auprès des masters des Grandes écoles de commerce de Paris, à qui L’Eclaireur a plus d’une fois donné la parole tant il nous parait indispensable de multiplier les points de vue pour a minima comprendre le point de vue “adverse” - le français, l’occidental, appelons-le comme on veut - est largement relayé dans les grands médias et il s’agit là non plus ni moins que d’une discrimination majeure. Un abus de pouvoir qui continue de conduire l’Occident, par CIO interposé, vers le précipice.
Dans notre rubrique Réflexions libres, les propos des auteurs n’engagent qu’eux-mêmes et ne reflètent en aucun cas les opinions de L’Eclaireur, au-delà de notre choix, que nous jugeons nécessaire, de leur donner la parole dans un souci de pluralisme et de meilleure compréhension du monde.
Par Oleg Nesterenko
Les Jeux Olympiques de Paris ont débuté ce 26 juillet 2024 pour le plus grand bonheur des amateurs de sport de tous horizons qui préfèrent, à juste titre et pour ne pas gâcher l’ambiance de fête, fermer les yeux sur les scandales et le chaos sans précédent accompagnant la période de préparation de l’ouverture des actuels Jeux et de les ignorer en se concentrant sur les compétitions sportives qui se tiendront dans la capitale française jusqu’au dimanche 11 août 2024.
En laissant les fans de sport savourer le retour de l’événement qu’ils attendaient depuis trois ans, je ne peux, toutefois, pas ne pas me tourner vers ceux qui ont tendance à préférer la vision de l’ensemble des processus qui se déroulent dans l’époque que nous vivons, au lieu de se contenter de la consommation insoucieuse et agréable de ce qui leur est servi sur un plateau, sans examiner la qualité et la propreté de la table sur laquelle ce dernier est posé.
Je préfère laisser les autres commenter les graves dérives qui sont devenues une normalité durant les préparatifs des JO de Paris et dire quelques mots sur un autre aspect de l’événement qui sera lourd de conséquences : l’excès de la russophobie qui est devenue un synonyme de la compétition olympique de ce jour.
Les réalités du CIO
En 1925, lors du Congrès olympique qui s’est tenu à Prague, Pierre de Coubertin, le père-fondateur des Jeux Olympiques contemporains, a déclaré concernant les JO : “Tous les peuples doivent y être admis sans discussion, de même que tous les sports doivent y être traités sur un pied d'égalité sans souci des fluctuations ou des caprices de l'opinion”.
Le grand principe fondateur des Jeux Olympiques sur la participation inconditionnelle de tous les peuples dans l’événement, le principe sans lequel l’existence même de cette grande initiative sportive perd son sens, ce principe est non seulement bafoué, mais tout simplement méprisé par l’actuel Comité international olympique (CIO) qui a totalement oublié le rôle qui est le sien.
Quelle est la réelle raison de la mutation malsaine que le CIO a subie ? La réponse est simple. Aujourd’hui, ce Comité est totalement dominé par les lobbies des puissances occidentales qui l’ont transformé en simple exécutant de la volonté politique de ses commanditaires, en pervertissant le plus grand événement sportif international, sain autrefois, en une simple tribune de leur propagande.
La domination occidentale des JO via le CIO par le bloc occidental n’est guère une supposition, mais un fait concret : sur les 206 pays participants aux Jeux, seuls 106 constituent le Comité olympique, dont 54 – la majorité – sont les représentants des intérêts de l’Occident collectif, dont l’ensemble des populations est inférieur à 20% de la population mondiale. En ce qui concerne la Fédération de Russie, la Chine, l’intégralité du continent africain et l’intégralité de l’Amérique latine, tous ces pays et continents qui constituent la majorité écrasante de la population de la terre, elle n’est représentée que par 32 membres, soit moins d’un tiers des voix comptant pour les votes.
Le CIO et ses dérives russophobes
Dès le début de l’initiative militaire de Moscou contre les intérêts du bloc de l’Otan sur le territoire ukrainien, les décideurs occidentaux ont ordonné au CIO d’entreprendre une série de répressions à l’encontre de la Fédération de Russie, ce qui a été promptement réalisé et mis en avant en tant qu’un des éléments dans le cadre du grand tableau de la propagande déclenchée par le camp “atlantiste” contre son adversaire politico-militaire russe.
Le Comité “international” olympique a réprimé non seulement le droit souverain des sportifs russes de concourir sous leur drapeau national, mais en plus les a autorisés à participer dans les JO uniquement en tant qu’athlètes neutres, sans représenter leur pays.
En tant que condition supplémentaire additionnelle, le non-soutien de l’opération militaire russe, soit la non-opposition à la politique du bloc de l’Otan a été requise auprès de chaque participant potentiel originaire de la Russie. Tous ceux qui ont refusé de se plier à chacune des conditions politiques exposées ont été interdits de facto à participer aux JO. Quasi l’intégralité des sportifs de l’équipe olympique russe, dont un grand nombre déjà médaillés olympiques, a refusé personnellement de participer à ce “championnat de la russophobie” orchestré par des puissances ennemies. Seules 15 sur plus de 200 athlètes prendront part aux JO de Paris sous une bannière neutre.
De ce fait, il est à souligner que l’intégralité des résultats des JO de Paris 2024 sera complètement faussée suite à l’absence d’un grand nombre d’athlètes qui auraient eu d’énormes chances de recevoir de nouvelles médailles. Les médailles seront donc attribuées à des compétiteurs plus faibles; l’ensemble de l’événement ne devient qu’une triche légalisée à l’examen.
Sans entrer dans les détails de la guerre en Ukraine qui est un autre sujet et dont la réalité est très éloignée des narratifs mensongers propagés par le bloc politico-militaire occidental, en faisant des parallèles, on ne peut ne pas constater que l’histoire ne se souvient pas de l’exclusion des athlètes américains, notamment lors des Jeux olympiques d’Athènes en 2004, après que leur pays d’origine ait perpétré un gigantesque massacre des populations et des crimes contre l’humanité lors de l’invasion et la destruction de l’Irak en 2003. Ni des athlètes anglais et français lors des JO de Londres en 2012, à la suite de la destruction en 2011 de la Libye et de l’avenir de son peuple perpétré par la France et le Royaume-Uni à la demande de leur tuteur outre-Atlantique.
De même pour les athlètes d’Israël : ils n’ont pas eu le moindre dérangement de la part du CIO à la suite de l’action de leur pays vis-à-vis de Gaza – je vais revenir plus loin sur la situation de l’équipe olympique hébreu dans le cadre des JO de Paris.
Aujourd’hui, la guerre en Ukraine dorénavant perdue par le bloc occidental face à la Fédération de Russie, ce dernier observant l’agonie de sa créature qui est le régime de Kiev, pousse le CIO à la bassesse d’une revanche d’impuissance qui s’est traduite par une répression supplémentaire : l’interdiction pure et simple aux sportifs russes admis sous bannière neutre aux JO de Paris de participer à la parade sur la Seine avec les autres délégations lors de la cérémonie d'ouverture.
Etant donné qu’il s’agit de sportifs en tant que personnes physiques qui se sont déjà pliés à des conditions discriminatoires du CIO à l’encontre de leur pays, l’interdiction de leur participation à la cérémonie d'ouverture ne peut en aucun cas être traitée judiciairement autrement que par la discrimination par une personne morale vis-à-vis de personnes physiques sur la base de leur origine. J’aimerais rappeler aux responsables (irresponsables, pour être plus précis) concernés du prétendu pays du respect des droits : ce méfait constitue une grave violation directe, assumée et affichée au titre de l’article 225-1 du code pénal.
La flagrance de ces constats est plus que parlante et le monde non occidental tire ses conclusions et prend ses dispositions dans la construction du monde de demain.
Les JO et la dégénérescence morale de la classe politique française
Sans avoir à citer l’intégralité des dérives morales de la quasi-totalité des représentants de l’actuelle classe politique française, arrêtons-nous sur un échantillon tout à fait représentatif qui est madame Anne Hidalgo, la mairesse de la ville de Paris.
En surfant sur la vague de la propagande étatique russophobe afin de gagner des points politiques auprès de la masse électorale formatée et endoctrinée par des mass-médias, c’est déjà début avril 2024 que cette dame avait fait connaitre sa position vis-à-vis des futurs JO : “Je veux dire aux athlètes russes et biélorusses qu’ils ne sont pas les bienvenus à Paris”.
Enfin, il se peut que je me trompe sur les penchants russophobes de la mairesse Anne Hidalgo et qu’elle ne produit ce type d’immondes déclarations que juste pour détourner l’attention des habitants des graves problèmes de la ville, que cette dame, aussi étonnant que cela puisse paraitre, est sensée administrer.
En ne parlant que des soucis municipaux les plus inoffensifs et en ne mentionnant même pas la célèbre invasion des punaises dans les lits des Parisiens, il ne serait pas de refus que quelqu’un de l’entourage politique de cette personne lui rappelle que, notamment, la population des rats porteurs de maladies contagieuses au sein de sa commune est aujourd’hui largement supérieure au nombre des habitants. Qu’on lui rappelle également qu’il est impossible de marcher sur ses trottoirs sans mettre les pieds dans les excréments des chiens qui, depuis longtemps, sont devenus l’une des attractions touristiques les plus remarquées de la ville de Paris.
Au lieu de jouer à la grande politicienne soucieuse de la victoire de la prétendue lumière face à l’obscurité, madame Hidalgo devrait plutôt s’occuper de son travail pour lequel elle perçoit un salaire tout à fait confortable payé par les contribuables : nettoyer les trottoirs des excréments.
Pour ma part, j’aimerais lui rappeler un autre fait la concernant. Madame Anne Hidalgo ou, plus exactement, Ana Maria Hidalgo Aleu, étant citoyenne du Royaume d’Espagne, connait très mal non seulement son histoire, mais l’histoire tout court.
Durant les Jeux Olympiques de Berlin qui se sont tenus en 1936, sous le IIIème Reich, même un personnage comme Adolf Hitler ne s’est jamais permis de prononcer un seul mot désobligeant ou discriminatoire vis-à-vis de ne serait-ce qu’un seul athlète d’un des pays participants aux JO. Et ceci malgré sa détestation personnelle viscérale et sa considération d’un grand nombre d’entre eux en tant que sous-hommes et animaux à éliminer.
Pendant le déroulement des jeux, Adolf Hitler a même fait passer une circulaire de l'interdiction de l'affichage et de l'application de sa politique raciale (lois raciales de Nuremberg de septembre 1935) sous peine de poursuites pénales, afin de ne pas froisser la sensibilité des étrangers inhabitués aux “nouveautés” développées sous le Reich et de ne surtout pas provoquer le moindre incident international.
Il n’est également pas à négliger que le début des Jeux olympiques de Berlin a eu lieu à la troisième semaine de la guerre civile sanguinaire en Espagne - pays natal de la mairesse de Paris - dont l'Allemagne était déjà en train de prendre ses positions et dispositions en tant qu'ennemi de certains pays, dont les athlètes étaient présents aux JO à Berlin, mais qui n'ont à aucun moment aperçu la moindre hostilité de la part du pays-organisateur, même si ce dernier était une dictature sanguinaire nazie.
L’analyse comparative de la rhétorique du mois d’avril 2024 d’Ana Hidalgo, fière représentante et porte-parole de la classe politique française dans le cadre des JO de Paris, avec celle du mois d’août 1936 d’Adolf Hitler, le chancelier du IIIème Reich, ne peut que laisser perplexe, car son résultat est tout à fait en défaveur de l’actuelle occupante de l’Hôtel de ville de Paris.
La politique du “deux poids, deux mesures”
En mettant de côté l’inacceptabilité des abus commis tant par le Comité international olympique (CIO) 1 régi par des forces occidentales que par les représentants politiques du pays organisateur qui est la France, une autre question se pose.
Comment se fait-il qu’en face de la répression sans précédent de l’équipe olympique russe pour des raisons plus que discutables, l’équipe israélienne ne connait même pas le soupçon du début de problèmes similaires ?
C’est exactement le contraire qui arrive : de même que le congrès des Etats-Unis d’Amérique a applaudi récemment Benyamin Netanyahou, le premier ministre israélien, les hauts représentants du pouvoir actuellement installés en France ont mis un effort tout particulier, assumé et affiché, non seulement dans la protection de l’équipe olympique israélienne – ce qui est tout à fait normal – mais en plus et, surtout, dans la négation du grand massacre de masse de la population civile de Gaza perpétré d’une manière assumée et préméditée par les forces armées de l’état hébreu.
Ni les nombreuses résolutions de l’ONU, ni les très graves accusations de génocide à l’encontre d’Israël, ni les initiatives de la Cour pénale internationale (CPI) tant chérie et applaudie par l’ensemble du monde occidental dont la France, au moment du lancement des poursuites contre le président de la Fédération de Russie Vladimir Poutine (voir mon analyse “Le « tribunal pour l’Ukraine » ou la chasse aux sorcières à l’occidental”, démontrant l’absurdité et la totale illégalité de l’initiative de la CPI à l’encontre du président russe), aucun de ces éléments n’a créé la moindre réflexion dans le camp irresponsable de la Macronie qui pourrait mener à la modération du zèle dans le positionnement de la France en tant qu’ennemi du peuple de Gaza et, par la même occasion, de l’ensemble du monde arabo-musulman.
L’idée de l’interdiction par le ministère de l’Intérieur de l’affichage du drapeau palestinien lors du passage de la flamme olympique (à Vitry-sur-Seine) était certainement considérée comme très lumineuse. Le fait que la Palestine soit représentée en tant qu’Etat par son équipe sportive aux Jeux olympiques de Paris 2024 n’a guère effleuré les esprits des auteurs irresponsables de cette gravissime discrimination d’un peuple victime de massacre à des proportions industrielles.
De leur côté, les athlètes russes se sont vu privés non seulement de leur droit absolu du port du drapeau national et de la participation à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris – ce qui est une totale aberration politique – mais également de l’assistance par leur propre ambassade via le refus officiel de la délivrance de l’accès aux espaces des Jeux à des représentants du corps diplomatique russe en France. Une mesure très discriminatoire, jamais vue dans les 128 ans d’existence des Jeux Olympiques contemporains, a été mise en place par les autorités irresponsables du pays d’accueil sans la moindre réflexion quant à la gravité de la violation des règles régissant la diplomatie internationale.
De même, à l’opposé des excès de zèle vis-à-vis de l’équipe sportive israélienne, il n’est plus guère étonnant que les autorités françaises n’ont pas mis en place le moindre début de mesures de protection aux athlètes russes contre d’éventuelles agressions de la part d’extrémistes ultranationalistes ukrainiens, dont la France regorge aujourd’hui au même titre que le reste de l’UE.
Cela étant, en notant le haut degré de l’irresponsabilité politique et morale des autorités françaises dans le cadre de l’organisation des JO, il est néanmoins à souligner que les membres de l’équipe olympique israélite ne doivent en aucun cas être stigmatisés et jugés responsables des actions criminelles menées par le chef de l’État et le gouvernement du pays dont ils sont originaires. Le domaine des responsabilités des athlètes aux JO ne peut être autre que celui du sport.
Les principes fondamentaux des Jeux Olympiques exprimés par Pierre de Coubertin – “Tous les peuples y doivent être admis sans discussion” – sont sacrés et leur profond mépris de la part des actuels “responsables” et organisateurs des JO qu’on observe aujourd’hui est un véritable crime vis-à-vis de l’institution. Un crime lourd de conséquences qui ne se limiteront certainement pas à la grave détérioration de l’image de l’événement dans le monde.
JO de Paris – une pierre de plus à l’édifice de l’effondrement de l’Occident
Dans les décennies passées, la politique étrangère de l’Occident collectif vis-à-vis du reste du monde était grandement guidée par des principes ayant pour réel objectif final la mise en place de rapports “gagnant-perdant” en sa faveur.
Cela étant, la vraie nature des rapports instaurés était soigneusement dissimulée à l’aide de toute une panoplie d’outils de pression que l’hégémonie économico-militaire occidentale a procuré à sa classe politique qui était, en sa grande partie, porteuse des aptitudes et compétences professionnelles de haut niveau dans son action du développement et de la consolidation de la domination.
L’hégémonie de l’Occident sur le monde, qui a perduré depuis le 15ème siècle, s’approche de son terme. Et ceci d’une manière indéniable et irrévocable.
La situation du camp occidental est grandement aggravée par la tendance généralisée du grand remplacement des élites politiques porteuses des capacités de vision à longue terme et des compétences permettant de le réaliser sur le terrain par celles des activistes-arrivistes. Activistes, dont la plupart sont dépourvus tant de l’aptitude aux postes occupés, tant des compétences et de la capacité de vision à long terme qui sont les trois conditions sine qua non pour mener les États ailleurs que dans le précipice de la récession et de la décadence.
Ces Jeux Olympiques ne sont qu’une scène de plus, parmi tant d’autres qui ont eu lieu ces dernières années, sur laquelle la classe politique actuellement au pouvoir en France – tout à fait représentative de l’ensemble de la classe politique du monde occidental – commet une erreur fatale vis-à-vis de la volonté de la perpétuation de l’hégémonie mondiale du camp qu’il représente : en exposant d’une manière ouverte et assumée leur modus operandi qui consiste en l’application des doubles standards, de la politique “deux poids, deux mesures”.
Tel abus ouvert et démesuré de la position de force occidentale, qui marche à grand pas vers son annihilation, ne fait que creuser davantage le précipice idéologique entre l’Occident collectif et le reste de l’humanité qui tolère de moins en moins les dérives immorales à répétition de ceux qui se positionnent en maitres. Maitres à qui il ne reste plus grand chose du passé florissant, hormis les démesurées ambitions.
A ce titre, écouter le journaliste Romain Molina, fin connaisseur des institutions et fédérations sportives, s’agissant du CIO.