La facture du téléphérique s'envole, les Deux-Alpes sort le parachute
Un document prévoit que les communes se portent garantes de l'investissement principal au cœur du contrat et du contentieux judiciaire, dont la facture est passée de 60 à 148 millions d'euros.
C’est la colonne vertébrale du domaine skiable des Deux-Alpes. LE téléphérique que la station phare de l’Isère attend depuis des années. Mais les déboires autour du 3S n’en finissent pas de s’accumuler et de faire boule de neige. Au risque de planter la station ?
Le 3S n’est pas seulement au cœur du domaine skiable, il est au centre d’un contentieux aux multiples facettes. Contentieux administratif d’abord… il est la pièce maîtresse d’un procès qui a conduit l’ex-exploitant de la station de ski évincé en décembre 2000, la société Deux Alpes Loisirs, filiale de la puissante Compagnie des Alpes, à traduire devant les tribunaux les communes des Deux Alpes et de Saint-Christophe en Oisans qui avaient résilié le contrat avant l’heure pour l’attribuer au local, le groupe Sata (Huez).
Un procès gigogne dont L’Eclaireur vous parlait ici, et qui n’est pas fini. D’après nos informations, la commune a fait appel de la décision du juge sur la résiliation anticipée du contrat, décision qui lui a valu de devoir payer à Deux Alpes Loisirs la somme de 4,5 millions d’euros. Mais la filiale de La Compagnie des Alpes a fait de même, sur un autre volet du dossier : l’attribution du contrat (et son avenant passé en juin 2021) à son concurrent.
Ce volet de l’affaire suit aussi un autre cours, au pénal. Depuis 2021, le parquet de Grenoble a ouvert une enquête préliminaire pour soupçons de favoritisme. Les communes des Deux-Alpes et de Saint-Christophe en Oisans ont-elles favorisé le groupe Sata dans l’attribution du contrat de délégation de service public comme nous l’expliquions ici ? La procédure suit toujours son cours, comme nous l’a confirmé François Touret-de-Coucy, le procureur adjoint de Grenoble 1.
Le 3S aussi dont le chantier a commencé. Et c’est plutôt rocambolesque. Car la gare de départ, sur le front de neige, sera installée sur deux parcelles qui appartiennent à Deux Alpes Loisirs et pour lesquelles la société n’a d’après nos informations donné aucune autorisation.
De la sorte que tout ceci ressemble fort à ce stade – les communes et Deux Alpes Loisirs ayant malgré tout repris leurs discussions – à un château de cartes dont on s’attache à consolider les fondations au fur et à mesure que l’édifice s’écroule. Car en quelques mois, le 3S a pris du poids. Initialement estimé à 60 millions d’euros, le chantier atteint aujourd’hui 148 millions d’euros hors taxes. Sans compter le fonctionnement et la maintenance.
Pourquoi cette envolée des prix ? Il y a quelques mois, la commune des Deux-Alpes et la Sata mettaient tout cela sur le dos de la Covid, puis de la guerre en Ukraine. Un peu le même schéma que le Funiflaine en Haute-Savoie, lui aussi prévu pour être construit par Poma, abandonné depuis.
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