Le grand "nudge" climatique
Le rapport de France Stratégie sur le financement de la "transition écologique" n'est que la présentation "d'input" façon McKinsey à une nouvelle concertation factice.
Le “climat” est une religion, la pire sorte qu’il soit : millénariste. Il faut avoir quelques problèmes avec l’appréhension de la réalité pour croire que l’humanité a quelque prise que ce soit sur le “climat” et son évolution. Oui, le climat change, il l’a toujours fait. Et il ne le fait pas à une échelle humaine.
On ne comprend toujours pas ce qui a mené aux périodes de glaciation. On sait en revanche que de multiples facteurs rentrent en jeu, du moins important au plus important : la composition de l’atmosphère; les changements d’orbite de la terre autour du soleil ; les mouvement des plaques tectoniques ; les variations de production solaire ; la dynamique orbitale du système terre-lune ; la fluctuation des courants océaniques ; et l’impact de météorites de grande taille et les éruptions volcaniques. Etudiez votre thermodynamique, enfin!
Incapables de sérier ce qui fut, on voudrait nous faire croire qu’on sait prévoir l’augmentation des températures d’ici la fin du siècle, à 80 ans? Foutaises et billevesées. Arguties et idéologie aussi nombriliste que paranoïaque.
Le rapport de France Stratégie qui recommande de taxer le patrimoine financier des 10% des ménages les mieux lotis pour financer la “transition écologique” alors que pour figurer dans ces 10%, il suffit de gagner 3 800 euros bruts par mois ? La proposition, toujours de France Stratégie, que l’Etat décrète être copropriétaire de tous les terrains bâtis afin de pouvoir les louer aux propriétaires (donne-moi ta montre je te louerai l’heure) ? Le rapport de la Cour des comptes qui préconise de réduire la taille du cheptel français pour diminuer les émissions de méthane ? La “concertation” lancée par le ministre Béchu afin de revoir toutes les normes pour “préparer la société à une augmentation de température de 4°C, concertation factice puisque son issue est déjà décidée ?
Tout ceci n’est qu’un “nudge”, une manipulation grossière dont la mécanique, fondée sur la peur, est la même que celle utilisée lors de la Covid. Elle consiste à faire croire que la météo est le climat et inversement, comme on a fait croire “le” vaccin était le remède, que “le” vaccin soignait. Et puisque “le'“ vaccin était le fait de l’Etat, revoilà le thaumaturge. Une gigantesque escroquerie intellectuelle et scientifique, à laquelle se prête avec complaisance l’audiovisuel public, qui a renommé la météo en “journal météo climat”.
Ce n’est pas non plus un hasard si le gouvernement sort ce lapin de son chapeau maintenant alors que se prépare vraisemblablement pour lui et Emmanuel Macron une sévère défaite le 8 juin à l’Assemblée nationale, jour où la loi sur la réforme des retraites a de bonnes chances d’être lancée sur le chemin de l’abrogation.
Qu’attendre d’un d’un “fake state”, selon la parfaite description qu’en fait l’économiste Frédéric Farah ? Un État qui ne produit rien - surtout pas du service au public, régalien inclus - si ce n’est de la norme hors-sol, des chèques et des marchés publics, un État qui n’est qu’un comptable comptable de rien ? Certainement pas de prendre le taureau par les cornes, c’est trop risqué. Et puis un taureau participe au réchauffement climatique en dégazant du méthane.
Quand on parle de réchauffement climatique, on parle essentiellement d’énergie. Sans énergie, pas de transformation. Que vous labouriez votre champ avec une charrue tirée par un bœuf ou un tracteur, cela consomme de l’énergie et produit CO2 et autres gaz à effet de serre. Sans énergie, pas de survie et encore moins de croissance. Sans énergie, pas d’agriculture, pas de services et encore moins d’industrie.
Au lieu de subir les diatribes des faux prophètes, prenons le temps de lire un scientifique, un vrai. Pas un climatologue ou un sociologue des sciences, mais un très grand physicien. Allemand qui plus est.
Nous republions l’interview du professeur Friedrich Wagner de l’Institut Max Planck, réalisée par Patricia Cerinsek en décembre 2022.
Il n’y a pas qu’en France où la voix des scientifiques, et en premier lieu des physiciens qui pourtant devraient être en première ligne sur les questions d’énergie, porte peu. Un docteur en physique nous expliquait toutes les peines du monde qu’ils avaient à se faire une place dans les coulisses de décisions politiques où domine le courant de pensée, écologiste, porté par des Bruno Latour et Michel Callon. Comment la sociologie des sciences qui n’est en rien la science, a infusé les cercles de pouvoir politique ces trente dernières années. Comment cette école de pensée a davantage l’oreille des conseillers, comme l’ont tour à tour dénoncés Yves Bréchet et Patrick Landais, l’ancien et l’actuel haut-commissaire à l’énergie atomique auditionnés par la commission d’enquête parlementaire, que l’Académie des sciences ou les vraies sociétés savantes.
Plus encore en Allemagne, qui ne jure depuis 25 ans que par les énergies renouvelables et l’hydrogène, ces voies “dissonantes” sont étouffées1.
Certaines sont pourtant majeures. Comme celle du Professeur Friedrich Wagner de l’institut Max Planck, sommité mondiale de la physique. Auditionné en 2016 par l’Office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST), en France, le physicien, auréolé pour ses travaux sur la fusion des plasmas, s’est depuis dix ans attelé à la question énergétique en Allemagne et en Europe. Et il relativise fortement l’intérêt de recourir massivement aux énergies renouvelables intermittentes.
“Un maximum de 40 % de sources intermittentes peut être accepté”, concluait-il en 2016. “Au dessus de ce niveau, je m’attends à ce qu’il y ait des problèmes économiques à cause du système de la production excédentaire, des coûts du système d’appoint et de la technologie nécessaire pour supporter ces augmentations de puissance. Sans parler de la question d’un réseau européen où l’on puisse opérer des transferts Nord-Sud, Ouest-Est et de la nécessité d’interconnecteurs forts qui n’ont pas de bonnes perspectives économiques”.
Ses études restent confinées à des publications dans des revues scientifiques à comité de lecture. D’Allemagne, il a accepté de répondre aux questions de L’Eclaireur.
L’Eclaireur - Vous êtes un expert en physique des plasmas, comment en êtes-vous venu à vous intéresser aux énergies renouvelables ?
Friedrich Wagner - En raison de l’énorme développement des capacités renouvelables en Allemagne et des attentes élevées d’une source d’énergie cent pour cent électrique, j’ai commencé à me demander au début des années 2010 si mon domaine, la recherche sur la fusion, pouvait encore être justifié. Je me suis alors rendu compte que les publications disponibles ne permettaient pas de distinguer les faits scientifiques solides de simples efforts de lobbying.
J’ai commencé à faire ma propre analyse selon la méthode scientifique. J’ai présenté mes résultats aux groupes énergie des sociétés allemande et européenne de physique et publié dans des revues à comité de lecture2.
L’Eclaireur - Comment analysez-vous le choix de l’Allemagne en 2002 d’éliminer progressivement la production d’énergie nucléaire et compter sur un mix associant un développement massif d’énergies renouvelables, couplées au gaz et au charbon?
Friedrich Wagner - Il y a eu différentes phases. En 2002, la coalition entre le parti social-démocrate (SPD) et le parti vert a décidé d’abandonner le nucléaire. En 2010, le parti conservateur (CDU-CSU) et le parti libéral (FDP) ont décidé de prolonger l’utilisation du nucléaire. En 2011, juste après l’accident de Fukushima, la même coalition a décidé de réduire progressivement l’énergie nucléaire et de l’éliminer définitivement fin 2022. Ces décisions politiques ont été entièrement acceptées par le public.
La possible pénurie d’électricité cet hiver a forcé une nouvelle décision : celle de la coalition SPD-Parti vert-FDP de finalement prolonger l’exploitation des trois réacteurs nucléaires encore en activité (4,1 GW) jusqu’à la mi-avril 2023.
Les décisions de 2002 et de 2010 sont le résultat de considérations partisanes à l’égard de l’énergie nucléaire. La décision de 2011 a également été motivée par différentes considérations politiciennes parce que la question du nucléaire a été enjeu des élections locales en Allemagne. Seule la décision de cette année est fondée sur des préoccupations liées à l’énergie.
Pour ma part, je considère comme une erreur de sortir du nucléaire et de la recherche en la matière. Je pense que les pays hautement industrialisés comme l’Allemagne devraient utiliser l’énergie nucléaire parallèlement aux énergies renouvelables pour respecter l’Accord de Paris et maintenir leur base industrielle.
L’industrie allemande a développé un type de réacteur, le Convoy, qui a démontré une sécurité, une fiabilité et une disponibilité opérationnelles élevées. Les trois derniers sont arrivés en fin de vie après 35 années de service. Alors que l’Allemagne sort du nucléaire, ses centrales qui étaient exportées par l’industrie allemande dans les années 70, continuent de fonctionner aux Pays-Bas, en Suisse, en Espagne et en Amérique du Sud. L’Allemagne néglige ses propres produits qui sont encore appréciés par d’autres.
La conséquence la plus sévère de cette politique est que l’Allemagne n’est pas en mesure de réduire ses émissions de CO2. Remplacer le nucléaire par des technologies renouvelables exemptes de CO2 n’apporte rien puisque cela revient à remplacer une technologie propre par une autre technologie propre. En conséquence, l’Allemagne est toujours le plus grand émetteur de CO2 en Europe et l’un des plus importants en termes d’émissions par habitant.
Depuis le sabotage des gazoducs de Nordstream vers la Russie, l’Allemagne est obligée de brûler plus de charbon, plus particulièrement du lignite disponible localement, la forme de charbon la plus sale. Son empreinte CO2 augmentera encore et la confiance internationale dans les efforts écologiques de l’Allemagne s’amenuisera rapidement.
Quand on parle de qualité de l’environnement, il y a une différence frappante entre la France et l’Allemagne : sur une quarantaine d’années, la France a émis environ 300 millions de tonnes de CO2 de moins par an que l’Allemagne. C’est un résultat remarquable, obtenu principalement grâce à l’énergie nucléaire. Un avantage que les mouvements écologistes en Allemagne ignorent, mais qui est maintenant reconnu par l’Europe au travers du processus de taxonomie de l’énergie verte de l’UE 3.
L’Eclaireur - Quelles sont les limites de cette politique de recours massif aux énergies renouvelables, techniquement, industriellement, économiquement parlant à l’échelle allemande et européenne ?
Friedrich Wagner - Un système d’approvisionnement en électricité renouvelable nécessite des centaines de GW d’énergie éolienne et photovoltaïque (PV), de l’ordre de 600 GW. Cela nécessite en outre un système de secours avec une capacité électrique proche de la charge prévue pour faire face aux besoins futurs, des milliers de kilomètres de nouvelles lignes électriques et des installations pour importer et distribuer de l’hydrogène quelque soit sa forme (liquide ou gazeuse, ndlr).
Du côté de la demande, les 600 GW devront être être répartis entre les électrolyseurs pour la production d’hydrogène, éventuellement avec des systèmes de stockage dédiés, les industriels ayant remplacé leurs technologies traditionnelles (par exemple, l’industrie chimique en Allemagne exige 628 TWh d’électricité, environ 50 % de plus que la production nucléaire française) et tous les autres consommateurs d’électricité.
Les limites techniques du recours aux seules énergies renouvelables sont liées aux deux principales caractéristiques de l’éolien et du solaire : une faible densité de puissance nécessitant beaucoup d’espace et de matériaux (en partie des minéraux rares) pour collecter suffisamment d’énergie et une production d’électricité intermittente nécessitant un deuxième ensemble de systèmes d’approvisionnement pour répondre à la demande en périodes de creux, par exemple, pendant la nuit ou en hiver, ou lorsque le système d’alimentation photovoltaïque ou éolien tombe en panne.
Le foncier disponible pour les panneaux éoliens et photovoltaïques est trop petit en Allemagne compte tenu des conditions météorologiques locales et de la forte densité de population. Seule une partie des besoins énergétiques futurs peut être fournie par les technologies renouvelables. La situation française est plus favorable avec plus d’hydroélectricité, une plus longue côte atlantique, plus de soleil et moins de densité de population. Il ne nous sera pas possible d’importer d’Europe l’électricité manquante de plusieurs 100 TWh en 2045. La demande supplémentaire prévue en l’Allemagne dépasse de loin l’actuelle capacité de production et la capacité du réseau de transport et de distribution.
Techniquement, l’industrie nucléaire allemande (et sa colonne vertébrale scientifique) a été détruite par les décisions politiques . Elle ne sera pas en mesure (et ne veut pas) d’organiser une renaissance de l’énergie nucléaire. L’industrie de l’énergie photovoltaïque est, elle, partie surtout vers la Chine. Quand l’industrie des éoliennes souffre depuis des années.
D’un point de vue économique, l’industrie de l’énergie renouvelable repose sur d’énormes subventions4 . Ce n’est pas le fondement d’un développement économiquement durable. Cela ne sert que des intérêts politiques à court terme. Parmi les autres problèmes industriels qui restent à résoudre, il y aura la question d’adapter tous les procédés à l’électricité produite par des conditions météorologiques imprévisibles en retournant la logique de l’offre et de la demande.
L’industrie manufacturière, qui nécessite l’accès à une énergie suffisante et bon marché, est la base économique de l’Allemagne. Cela a permis à l’Allemagne de financer tous ses programmes sociaux, plus de 1 000 milliards d’euros par an. Or l’énergie ne sera jamais aussi bon marché qu’elle l’a été en Allemagne. Comme en Europe. C’est différent pour les Etats-Unis (presque autosuffisant en hydrocarbures, ndlr) et peut être aussi pour les pays asiatiques avec le gaz et le pétrole russe. Résultat : la grande industrie allemande investit davantage en Chine et aux États-Unis qu’en Allemagne (voir BASF). Il faut s’attendre à une désindustrialisation généralisée de l’Allemagne avec toutes les conséquences sociales et financières.
L’Eclaireur - Quels sont les principaux obstacles au développement des énergies renouvelables pour atteindre l’objectif de 100% 2045 ? Est-ce réaliste ?
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