"Le Métrocâble est un extraordinaire anti-démonstrateur du câble en urbain"
TRIBUNE - L'association Le Chaînon manquant, un des principaux promoteurs du transport par câble en France, critique sévèrement le projet à Grenoble. Et se fait mettre au ban.
A plusieurs reprises attaquée pour s’être exprimée contre le projet de transport par câble à Grenoble – projet qui a reçu l’avis très défavorable voire cinglant de la commission d’enquête, en attente de la décision du préfet – l’association Le Chaînon manquant ne décolère pas contre le procès qu’il lui est fait. “On est considérés comme un des principaux promoteurs du transport par câble. Mais parce qu’on s’est exprimé contre le projet au vu de ses défaillances considérables, on est tenu pour responsables de l’échec du Métrocâble. Mais si échec il y a, c’est parce que l’analyse a été mal faite”.
“Nous sommes convaincus que le câble peut être un mode de transport efficace en milieu urbain, mais encore faut-il qu’il solutionne avantageusement un besoin identifié”, soulignait l’association dans sa contribution lors de l’enquête publique, contribution à lire en intégralité là, reprise et soulignée par la commission d’enquête 1. “Ce projet ne peut être un démonstrateur pertinent de l’intérêt du câble en ville, il risque au contraire d’être un anti-démonstrateur et d’apporter aux nombreux adversaires de ce mode de transport un exemple parfait.”
Dans notre rubrique Réflexions libres, les propos des auteurs n’engagent qu’eux-mêmes et ne reflètent en aucun cas les opinions de L’Eclaireur, au-delà de notre choix, que nous jugeons nécessaire, de leur donner la parole dans un soucis de pluralisme et de meilleure compréhension du monde.
Par Le Chaînon manquant
En préambule, nous rappellerons que depuis sa création en avril 2008 l’association Le Chaînon manquant – le transport par câble œuvre pour que les différentes formes de transport par câble soient systématiquement prises en compte dans les études de transport public que ce soit en urbain ou en périurbain.
En tant qu’experts de ce type de mobilité, nous sommes convaincus que le câble peut être un mode de transport efficace en milieu urbain, mais encore faut-il qu’il solutionne avantageusement un besoin précisément identifié.
Dès 2012, Le Chaînon manquant s’est donc intéressé de près à ce projet de câble sur la métropole grenobloise.
Il a, à partir des communications diffusées par le SMTC puis le SMMAG (les syndicats de mobilité successifs, ndlr) et tout au long des fenêtres de consultation et d’expression possibles, exprimé publiquement (notamment dans des articles du Dauphiné Libéré) ses réserves de plus en plus fortes au fur et à mesure de ses évolutions et notamment suite à la suppression des deux tiers du projet des Portes du Vercors, programme immobilier qui a toujours été avancé comme argument principal pour justifier le Métrocâble.
Après avoir analysé en détail le volumineux document mis à l’enquête (2600 pages doubles) les membres de l’association – dont la plupart sont issus professionnellement du transport par câble – ont pris conscience des importantes lacunes de ce projet qui ne valorisait aucun des avantages indéniables du câble et au contraire en amplifiait ses contraintes techniques intrinsèques. Ce projet leur est apparu comme un extraordinaire antidémonstrateur du câble en urbain et le bon moyen d’apporter aux adversaires fort nombreux et virulents de ce mode de transport un exemple parfait pour appuyer leurs dires.
Bien que favorable à la mise en place de trams aériens en milieu urbain, l’association ne pouvait cautionner ce projet mal conçu et qui cumulait les handicaps.
Précisons que les décisions et les positions de l’association sont prises de façon collégiale, ce qui a été le cas pour la contribution du Chaînon manquant à l’enquête publique. L’avis défavorable a été validé en assemblée générale à l'unanimité.
Le Chaînon manquant regrette la dérive du projet et la situation actuelle qui ressemble plus à des querelles politiques stériles qu’à une prise en considération des besoins et de la situation réelle dans le respect de l’utilisation de l’argent public..
L’association considère que ce projet tel qu'aujourd'hui serait plus une contre-performance nocive au transport par câble qu'une vitrine de ce moyen.
Dans son rapport, la commission d’enquête invitait à lire la contribution intégralement, soulignant que si “certains (contributeurs, ndlr) sont enthousiastes, une association dont l’objet est la promotion du développement du câble, met sérieusement en doute le choix de cette solution”.