[ Législatives 2024 ] Mutins de Panurge
Sous couvert d'actes de résistance, les appels à la désobéissance civile risquent fort de fissurer un peu plus le socle démocratique et ce qui reste de légitimité médiatique.
(Nous avons allégrement emprunté le titre de cet article à Philippe Muray)
“Le fascisme, ce n’est pas seulement empêcher de dire, mais c’est d’obliger à dire” - Roland Barthes.
Depuis l’annonce de la dissolution et les premiers sondages d’intention de vote, on assiste à un véritable florilège de déclarations à faire barrage contre l’extrême-droite, de menaces de séditions et autres actes de désobéissance annoncés dans ce qu’il faut convenir d’appeler à ce stade une totale esbroufe.
On a ainsi tour à tour vu des cadres de l’Education nationale pétitionner pour annoncer un solennel “nous n’obéirons pas”. A quoi ? Ça, personne n’est encore mesure de le dire mais peu importe. On a entendu la CGT prôner la désobéissance des fonctionnaires. Précision : les agents publics sont tenus d'obéir à leurs supérieurs hiérarchiques sauf ordre manifestement illégal et de nature à compromettre gravement un intérêt public. Non seulement le RN n’est pas encore au pouvoir mais faudra-t-il encore qu’il piétine la loi et pas seulement qu’il prenne des mesures contestées…
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On a vu le syndicat de la magistrature, dont le penchant à gauche n’est un mystère pour personne, appeler ses adhérents à se mobiliser contre l’accession au pouvoir de l’extrême droite. On rappellera que la neutralité, l’impartialité et la réserve sont des obligations statutaires des magistrats (à peine de sanctions disciplinaires lourdes voire de radiation).
On a entendu Manon Aubry appeler jusqu’à la grève générale. Petite précision: les 27 pétitions appelant à faire barrage à l’extrême droite totalisent moins de 18 000 signatures à ce jour. On a entendu Serge Slama claironner qu’il n’obéirait pas. Serge Slama est professeur de droit public à l’université de Grenoble et habitué des plateaux télé. Et il se contrefout du vote des Français, du jeu démocratique et semble avoir de sévères lacunes en droit. Le livre IV du code pénal “Des crimes et délits contre la nation, l'Etat et la paix publique” dans sa section 2 “Du mouvement insurrectionnel (articles 412-3 à 412-6)” punit l’insurrection et la sédition de quinze ans de réclusion criminelle à la perpétuité.
Tout cela au nom de principes républicains dont personne ne sait trop rien puisque les journalistes se gardent bien de poser la question de leur définition précise. Nous, on en a une : qu’est-ce donc ces valeurs républicaines dont tout ce petit monde se pare pour brandir une désobéissance à un scrutin élisant les représentants du peuple, désobéissance de nous parions va vite se dégonfler ?