Petit précis de manipulation médiatique
A l'usage des gueux agricoles, de la foule haineuse et des dindons de la farce.
Vous êtes dans la panade la plus totale. Vous avez remanié et nommé ministres des bras cassés, des incompétents et des insignifiants qui ont tous plus ou moins des affaires aux fesses mais qui vous sont loyaux car n’existant que grâce à vous. Les membres de votre gouvernement, premier ministre en tête, sont la risée de tous, des cours d’école aux gazettes bien informées. Ça ne passe pas dans l’opinion et vous avez une fois de plus organisé une entourloupe avec le Conseil constitutionnel qui va censurer une loi adoptée par les deux chambres du Parlement que plus de 70% des Français plébiscitent. Dans un contexte où l’élection européenne s’emmanche mal pour votre parti et à l’aube de Jeux Olympiques s’annonçant catastrophiques. Le tout sous fond de récession économique et d’effondrement tous azimuts.
Il vous faut donc créer une crise. Et les crises, ce n’est pas ce qu’il manque, vous en créez une tous les deux mois depuis votre première élection en 2017. Vous n’avez qu’à choisir. Avant de partir faire un tour en calèche à New Delhi, laissez les instructions suivantes à vos zélotes.
1 - Assurez-vous dans un premier temps que l’ensemble des médias ne couvrent pas la révolte paysanne aux Pays Bas (qui dure depuis plus d’un an), pas plus que celles en Allemagne, en Pologne, en République Tchèque etc. (qui durent depuis bientôt six mois).
2 - Si jamais un mouvement similaire prend en France, attachez-vous à ce qu’il n’y ait pas de couverture nationale comme locale, et envoyez les préfets soudoyer et/ou menacer les fauteurs de troubles qui auraient l’idée de manifester bruyamment et à grand coup de nuisances olfactives (fumier et purin). Si ça ne marche pas, passez au (3).
3 - Le mouvement fait tâche d’huile et il ne peut plus être dissimulé? Donnez-lui une couverture nationale omniprésente pendant 48 heures le temps d’un week-end. Générez la crise dans les médias pour surprendre le citoyen que vous avez au préalable désinformé. Cela vous mettra au centre du jeu.
4 - Ne faites surtout pas intervenir les forces de l’ordre pour l’instant et passez au (5).
5 - Utilisez l’effet de loupe pour focaliser la couverture médiatique sur un seul point de blocage et pour réduire un très large mouvement social à une “figure”, à un seul “porte-parole” qui ne porte la parole de personne et ne représente personne mais qui aura été “tamponné” par les services idoines (qui auront évalué sa propension à être soudoyé et manipulé). Cela permet (a) de dissimuler l’ampleur du problème et (b) de court-circuiter les corps intermédiaires compétents donc coriaces que sont la FNSEA, les Jeunes Agriculteurs, la Coordination rurale et la Confédération Paysanne. Fracturez, encore et toujours.
6 - Désignez à la vindicte populaire des boucs-émissaires qui, s’ils sont partie prenante, ne sont pas les responsables de premier rang de la situation. Ne citez surtout pas de noms, restez dans des catégories vagues, certains acteurs de ces secteurs sont la propriété d’oligarques comptant parmi nos soutiens.
7 - Faîtes en sorte - en poussant au crime si besoin est - que le jour de votre visite “sur le terrain” des débordements surviennent à bonne distance. L’objectif est de discréditer les contestataires qui n’auront pas été vus en votre présence - c’est à dire l’ensemble du mouvement.
8 - Une fois la mayonnaise montée au point critique, énoncez au milieu de bottes de paille des promesses sur le futur qui ne vous engagent à rien dans le présent, donc à rien du tout. Ne cherchez surtout pas à régler le problème à sa racine en prenant des mesures idoines et potentiellement efficaces. Le courage politique et la franchise ne paient jamais.
9 - Faîtes resserrer le cadrage médiatique sur le porte-parole qui ne porte la parole de personne, ne représente personne et n’a strictement aucune influence sur le mouvement. Enviré par la noria médiatique et ébloui par les projecteurs des caméras de télé tel un lapin dans les phares d’une voiture, il croira avoir obtenu une grande victoire et le clamera, surtout si vous lui avez fait miroiter une prébende. Ne montrez que lui, en boucle.
Mise à jour le 27/01/2024 à 12:01. Le seul problème avec Judas (ou Iznogoud): on ne peut jamais lui faire confiance, quel que soit le nombre de pièces d’argent qu’on lui aura donné.
10 - Laissez passer le week-end et ordonnez aux médias d’Etat de matraquer que le mouvement est fini, que vous avez géré le problème, que Paris ne sera pas bloqué jusqu’à ce que les Parisiens aient mangé tous les “surmulots”. Si lundi la situation n’est pas revenue à la normale, sortez lacrymos, LBD, grenades de désencerclement et blindés de la gendarmerie. Envoyez les forces de l’ordre péter la gueule à ces pécores qui ne se contentent pas de vos belles paroles creuses. Ce sera légitime.
A aucun prétexte ne déclarez, ne laisser entendre ou n’insinuez que les maux de l’agriculture française proviennent principalement de la concurrence déloyale sciemment organisée par l’Union européenne via des traités de libre échange qui favorisent les produits de pays ne respectant aucune des normes imposées par l’UE aux agriculteurs européens, ce afin de soutenir des intérêts aussi étroits qu’ils ne sont français.
En Macronie, on appelle ça gérer une crise. Or une crise ne se gère pas, elle se règle. Rien n’est réglé. Donc tout va continuer.
Ouf ... la circulation sur l'A43 a été libérée vendredi soir (planifié avec le préfet de Savoie jeudi 25 10h à vendredi soir).... faudrait pas déranger la classe qui peut skier...
En tous cas ce matin j'ai déjà entendu ce matin (milieu du BTP qui bloquait vendredi) "ils ont eu tout ce que le gouvernement pouvait donner, ils nous font chier...."
Comme quoi de gestion de crise en gestion de crise les années passent ... c'est la règle "dégonfler la baudruche" :-)
Le raisonnement tient la route et il est bien évident que les vraies raisons de ce mouvement des éleveurs au départ ne seront pas réglées ni même abordées. Car ce sont bien les éleveurs qui en prennent plein la figure avec le monopole de lactalis et l’oligarchie de la bidoche. Par contre je me permets de vous rappeler que la FNSEA a cogéré avec le ministère la disparition du monde paysan et la mise en coupe réglée des survivants et que ce sont les coopératives qui au passage ne payent pas les impôts qui plombent les entreprises ( merci Napoleon) qui ont le pouvoir et depuis longtemps. Je vous trouve d’une grande naïveté avec ce syndicat qu’un de mes amis agriculteur aujourd’hui décédé qualifiât de fossoyeurs de l’agriculture française