[ Analyse ] Les petits remèdes de François Braun
Alors que l'hôpital bricole pour tenter de combler les trous dans les plannings, les ministres successifs s'emploient à le vider.
Au fond du trou, l’hôpital n’a plus que la solution du bricolage pour tenter de sauver ce qu’il reste de meubles en croisant les doigts pour que l’été se passe le moins mal possible. A Grenoble, on a appris à jongler. D’abord avec les plannings des soignants jusqu’à ce que burn-out s’en suive. Puis avec les patients.
Il y a un mois, pour tenter de faire face à la Bérézina qui s’annonçait au service des urgences, après trois décès “inattendus” et alors que dans un énième geste d’alerte, les soignants avaient organisé une mini ZAD en rassemblant les brancards dans le hall de l’hôpital, l’Agence régionale de santé a ordonné à l’hôpital psychiatrique voisin de bien vouloir reprendre les patients “psy” (la moitié des patients pris en charge) qui stagnaient aux urgences générales. Un y était depuis 19 jours, sans autre repas que de vulgaires sandwichs triangle, c’est dire l’état de déliquescence de la prise en charge…
Précisons que l’injonction posée, il n’y avait pas plus de lits et de personnels ni dans l’un ni dans l’autre service. Donc, comme on vous le relatait, l’hôpital psy a déclenché le plan blanc (comme le CHU l’avait fait avant lui) sans que tout ceci ne résolve quoi que ce soit dans la durée. Et sans qu’on s’inquiètent des réactions en chaine qui ne manqueront pas de survenir quand ces patients en plus devenus prioritaires viendront occuper des lits, ne laissant que des miettes à ceux envoyés par d’autres structures, centres médico-psychologiques en tête que l’on sait au fond du trou, incapables de prendre de nouveaux patients. Avec la crise sanitaire, le nombre de prise en charge d’adolescents a été multiplié par trois.
A lire également : santé mentale des enfants : la bombe à retardement
Comme cela ne suffisait pas, au milieu de tout ce foutoir dont on va finir par croire qu’il est organisé, on notera l’opportunité de mettre en œuvre une loi Rist, plafonnant les rémunérations des intérimaires et sanctionnant tout hôpital qui y contreviendrait, ce que même Olivier Véran n’avait pas osé actionner…De la sorte que, de marges de manœuvre, l’hôpital n’en a guère.
Pourtant, la direction du CHU de Grenoble l’a promis : en septembre, elle ouvrira 120 lits sur l’ensemble des sites de son ressort. Comment ? Par quels artifices juridiques vu que de soignants il n’y a plus ? A cette question, les services de l’hôpital de Grenoble, ne nous ont pas répondu 1.
Continuez votre lecture avec un essai gratuit de 7 jours
Abonnez-vous à L'Eclaireur - La lettre confidentielle des Alpes pour continuer à lire ce post et obtenir 7 jours d'accès gratuit aux archives complètes des posts.