[ Analyse ] Tout le monde a peur du grand méchant Trump
Le petit marigot politico-médiatique hurle que si Donald Trump est élu, l'Union européenne sera frappée des 10 plaies d'Egypte. La sainte terreur qui saisit les “élites“ n’est pas infondée.
Il va falloir euthanasier Le Canard enchaîné, sa maladie depuis l’affaire Fillon est incurable et visiblement contagieuse. La “collusion” de Trump avec le Kremlin n’existe pas. Cela a été démontré dès 2018 par … l’ancien directeur du FBI Robert Muller, alors procureur spécial nommé expressément pour enquêter là dessus.
En fait, il faut euthanasier l’ensemble de la presse nationale française, qui n’est qu’une presse parisienne diffusée sur l’ensemble du territoire. Il suffit de débrancher la perfusion d’argent public, qui fait cruellement défaut ailleurs.
Tenez, comme Peanut l’écureuil star de Tiktok, saisi à ses propriétaires puis euthanasié suite à une descente de police et des services sanitaires de l’Etat de New York. Cette affaire peut paraître ridicule, mais détrompez-vous, elle n’est pas du tout anodine. L’ampleur qu’elle a prise illustre le ras le bol de la majorité des Américains d’être sur-administrés et de voir des pouvoirs publics se mêler de tout dans l’arbitraire le plus total alors qu’ils sont incapables d’assurer des missions aussi fondamentales que la sécurité. Qui ne comprend pas cela ne comprend pas grand chose aux USA, pays qui s’est construit sur la défiance de toute autorité centrale, par l’autogouvernement et par la solidarité librement consentie.
Hystéries sur les plateaux de C dans l’air, C ce soir, C politique etc.. Si Trump est élu, C dans l’trou ! Quoi donc? Mais tout! L’Ukraine, le climat, l’inclusivité, les “droits LGBT” qui n’existent pas, l’UE, tout !
Quant à Brice Couturier, outre prendre ses médicaments car il va en avoir besoin le jour de la proclamation des résultats, il faudrait qu’il considérât la chose suivante : la Russie est un pays de 125 millions d’habitants qui n’a pas plus les moyens et l’intention d’envahir l’Europe de l’Ouest et ses 500 millions d’habitants que comptait l’URSS en son temps. La Russie a tiré un trait sur l’Europe qui depuis plus de trente ans crache systématiquement sur la main qu’elle lui tend.
Donald Trump a déjà été président des Etats-Unis de 2016 à 2020. Personne n’a constaté un recul des libertés individuelles durant son mandat, pas plus qu’il n’a sapé les fondements de la démocratie américaine. Il n’a pas utilisé les institutions, notamment judiciaires, pour régler ses comptes personnels. La preuve? Hillary Clinton n’est toujours pas derrière les barreaux.
Psyop
Ne vous y trompez pas. Plus qu’une tentative de faire pencher la balance du côté démocrate, il s’agit d’une énième opération psychologique par laquelle le “blob” washingtonien, composé du département d’Etat, du Pentagone, du département de la justice et des agences de renseignement FBI inclus, tentent de savonner la planche à Donald Trump, de réduire l’éventail des possibles qui s’offriront à lui s’il est élu. Et si le “blob” fait cela, c’est parce qu’il a déjà intégré que Trump remportera très vraisemblablement l’élection présidentielle.
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Le “blob” le fait en utilisant une infrastructure mise en place dès la fin de Seconde Guerre mondiale et qui n’a cessé d’évoluer et s’étendre. Surtout depuis l’élection de Barack Obama en 2008, qui marqua l’avènement de l’utilisation des réseaux sociaux à fins de subversion politique à l’étranger, puis à partir de 2015 pour manipuler le débat politique et les élections sur le sol américain. Nous vous renvoyons une fois encore à l’excellent dossier de Jacob Siegel, traduit pas nos soins, qui explique tout cela par le menu.
Prenez l’ingérence britannique par voie d’une “ONG” liée au parti travailliste mise en évidence par Matt Taibbi et Paul Thacker, qui fait aujourd’hui l’objet d’une plainte de la campagne de Trump. Il s’agit d’une infraction pénale passible de cinq ans de prison.
Cette infrastructure de subversion quasi-mondiale du débat politique a franchi un pallier depuis la défaite d'Hillary Clinton en 2016, au motif de lutte contre la “désinformation”. Afin de contourner la Constitution américaine et le fameux premier amendement, le “blob” s’est mis à utiliser le maillage de fondations et d’ONG afin de cibler le débat politique interne aux USA, maillage qu’il avait à l’origine créé en Europe pour cimenter son soft power. Le Digital services act européen (DSA) est l’une des manifestations de cette stratégie oblique. Nous avons montré comment Thierry Breton, alors commissaire européen, prenait ses ordres de la conseillère adjointe à la sécurité nationale de Joe Biden.
Autre outil utilisé, celui d’ONG et de cartels d’annonceurs qui travaillent par l’intimidation à interdire l’accès au marché publicitaire aux médias et plateformes qui tiendraient ou autoriseraient des discours critiques et à dissuader les annonceurs qui considéraient y faire de la publicité , comme en ont fait l’expérience nos excellents confrères britanniques de UnHerd.
Violation flagrante du droit de la concurrence et délit pénal. Global desinformation index (GDI), Centre for countering digital hate (CCDH), des ONG basées au Royaume Uni, financées par des fonds publics, notamment fédéraux américains en provenance du Blob et acheminés via des fondations… Tout comme Hamilton 68, le tableau de bord publié par “The Alliance for Securing Democracy”, un faux-nez de la CIA financé par le German Marschal Fund, a été opéré depuis le Royaume Uni et suivait 900 comptes twitter réputés être des comptes de désinformation. Ce que Matt Taibbi (encore lui) démontra était faux dans les Twitterfiles. On connait ce type de méthodes depuis la guerre froide. Veuillez d’ailleurs noter qu’au conseil d’administration de GDI, on ne retrouve que des gens du CCDH, l’ONG obsédée par ‘Tuer le Twitter d’Elon Musk” et contre laquelle la campagne de Trump a porté plainte.
Ce même type d’ONG existe au sein de l’UE. Certaines sont “les tiers de confiance” qui sont chargés de signaler à la Commission européenne ce qui est de la désinformation. En France, nous avons les clowns de Conspiracy watch.
La purge, ça urge
Trump, de retour à la Maison Blanche, ne commettra pas la même erreur qu’en 2016. Il s’attachera à “assécher le marais”, à purger l’Etat fédéral - à commencer par le Blob - d’autant que cette fois-ci, il s’est suffisamment bien entouré pour n’avoir nul besoin de faire appel à l’establishment du parti républicains, Nikki Haley, John Bolton et al.
Son colistier J.D. Vance, Robert F. Kennedy Jr, Vivek Ramashwami, Tulsi Gabard, Peter Thiel, Elon Musk et consorts, sont autant de gens compétents qui connaissent comment les choses fonctionnent à Washington. C’est à cette aulne qu’il faut mesurer le ralliement à Kamala Harris des Cheney père et fille, (Dick Cheney fut le vice-président de G.W. Bush lors de ces deux mandats). La candidate démocrate est la seule assurance d’espérer rester au pouvoir pour les néoconservateurs qui empoisonnent la vie politique américaine (et mondiale) depuis plus de cinquante ans.
Effectivement, si Trump est élu, ça va tanguer. La seule inconnue est la taille du creux des vagues.
Prenez l’intention de RFK Jr. d’interdire la publicité pour les médicaments sur ordonnance (comme c’est le cas en France): ce seront 25 à 30% des revenus publicitaires des médias mainstream qui s’évaporeront. Déjà que plus personne ne les lit, ne les écoute et ne les regarde…
Prenez la décision de la Cour suprême de considérer que la législation/réglementation édictée par les agences fédérales sans contrôle démocratique - le Congrès américains légifère peu, contrairement à notre Parlement qui dégaine une loi à chaque fait divers - peuvent se contester en justice. Il s’agit de la déférence Chevron datant des années 1980, une théorie qui stipule que si une loi où un règlement fédéral est contesté, les tribunaux doivent s’en remettre à l'interprétation de l'agence compétente, tant que cette interprétation est raisonnable et que le Congrès n'a pas abordé la question de manière explicite. En clair, les recours en justice administrative contre l’Etat fédéral étaient voués à l’échec. Maintenant, c’est quarante ans de réglementations qui pourront être attaquées et annulées.
Comment interpréter la décision de Jeff Bezos, le fondateur d’Amazon, d’imposer au Washington Post dont il est le propriétaire de ne pas soutenir officiellement Kamala Harris, si ce n’est que par la préservation de ses intérêts financiers ? Amazon Web Services est l’un des plus gros fournisseurs de services informatiques du gouvernement fédéral, notamment aux agences de renseignement (NSA, CIA, FBI). Même chose pour Patrick Soon-Shiong, le milliardaire de l’industrie pharmaceutique qui possède le LA Times, le plus grand quotidien de la côte Ouest. Quant à Larry Fink, le patron de BlackRock, il a tout bonnement déclaré que quel que soit le candidat élu, rien ne changera.
L’enjeu de cette élection, bien plus que le retour à une forme d’isolationnisme, est le renversement du mouvement de centralisme en faveur de l’Etat fédéral et au dépens des Etats amorcé durant la Seconde Guerre mondiale afin de servir les grands intérêts industriels et financiers nécessaires à l’effort de guerre, qui n’a jamais cessé depuis. D’où la volonté de l’équipe de Trump de mettre fin à la guerre perpétuelle.
SPPEEJT
En Europe, il va falloir falloir créer la Société protectrice des politiciens, des éditorialistes, des experts, des journalistes et des technocrates (SPPEEJT ou Spéjité), qu’on risque fort de voir errer, âmes en peine et sans collier, dans les rues de Paris, de Bruxelles, de Berlin et des autres grandes capitales européennes. Hegel avait ô combien raison : l’esclave n’existe pas sans le maître. Et rajoutons une dose de Bossuet, de servitude volontaire.
La sainte terreur qui saisit les “élites'“ européennes n’est pas infondée. Si Trump rencontrait des difficultés à dégraisser le mammouth fédéral étatsunien, il lui sera en revanche aisé de plumer le dindon européen. Pas besoin de passer par le Congrès pour cela. Simple décret présidentiel. Cent pour cent de velours auprès de l’opinion publique américaine.
Keir Starmer, le premier ministre anglais, passera un très sale quart d’heure. Ursula von der Leyen, Mark Rutte (le nouveau secrétaire général de l’OTAN), Olav Scholz, Emmanuel Macron et consorts aussi. Trump dégainera plus vite que son ombre l’arme commerciale, celle de droits de douanes punitifs pour faire plier l’Union européenne. Grosse berlines allemandes, vins français et chaussures italiennes, tout va y passer.
Si Trump met fin à la guerre en Ukraine comme il l’a promis (ne secouez pas la tête, c’est tout à fait possible), guerre que le contribuable américain ne veut plus financer, ce sont l’Otan et l’UE qui sautent.
L’Otan, dont le contribuable américain a également soupé, parce qu’alors le rôle dans la guerre perpétuelle que joue cette alliance, défensive sur le papier mais supplétive agressive des néocons américains dans les faits, apparaîtra en plein jour. Sa responsabilité directe dans les catastrophes afghane, libyenne, syrienne et ukrainienne sera patente. Comme l’a expliqué le colonel Macgregor dans l’interview qu’il a accordé à French Invaders, plus personne ne se rendra au siège de l’Otan à Bruxelles et le Shape sera vide.
L’UE parce qu’elle supportera seule les conséquences, et premier chef économiques, de la guerre en Ukraine et devra assister ad vitam aeternam ce pays mafieux, corrompu et totalement détruit. Elle s’est déjà ruinée avec l’aide qu’elle lui a apportée et du fait des sanctions boomerang qu’elle a imposé à la Russie. L’UE est aujourd’hui l’un des plus gros émetteurs de dette publique en Europe, dette qui passe depuis 2022 intégralement dans le puits sans fond ukrainien.
Dans l’absolu, tout cela n’est pas une mauvaise chose. L’Union européenne telle qu’elle existe aujourd’hui ne fonctionne pas, elle est nocive pour l’ensemble des Etats membres et leurs peuples. Elle ne fait plus rêver personne tant elle a apporté précarité et ruine pour la multitude, une explosion des inégalités et, cerise sur le gâteau, la guerre. Oui mais voilà, c’est alors l’ensemble des élites européennes qui seront également balayées, d’autant que l’élection de Trump fera sauter un verrou supplémentaire sur la route vers le pouvoir des partis souverainistes et nationalistes. C’est cela qui terrorise les élites atlantistes européennes : sans maître, plus de gamelle.
L’éventuelle élection de Donald Trump actera la fin de la mondialisation telle qu’on la connait, qui a déjà commencé avec la crise financière de 2008. Ce n’est pas non plus une mauvaise chose tant on sait qu’un libre échange débridé et dérégulé a pour effet mécanique la montée des tensions sociales et politiques internes aux pays qui y participent.
(Félicitation à l’équipe de The Babylon Bee, qui nous fait pleurer de rire en pointant juste).