[ Edito ] Vers le gel de l'Otan en Ukraine
Quand - et non pas si - la victoire russe interviendra, l'Otan cessera d'exister.
La question n’est plus depuis longtemps – en fait depuis le début du conflit – de savoir si la Russie va gagner la guerre en Ukraine, mais quand elle va la gagner.
Outre démilitariser Kiev, Moscou a réussi la manœuvre stratégique de désarmer l’Otan et de montrer au monde à quel point l’Occident était faible. Plus d’un an que nous le disons : joueurs d’échecs contre joueurs de petits chevaux…
Les sanctions se sont avérées inefficaces. La Russie affiche insolemment 4,9% de croissance au second trimestre, alors qu’en France Bruno Le Maire – celui qui allait ruiner l’économie russe – se félicite d’un douteux 1,2%. Tout comme notre sous-ministre du commerce extérieur – dont personne ne connait le nom – se gausse d’un déficit commercial de 54 milliards d’euros contre 81 milliards le trimestre précédent, oubliant que ce chiffre n’est que conjoncturel car du à la baisse des prix du pétrole, et en aucun cas structurel.
Le rythme de la production russe d’équipements militaires, d’armes et de munitions surpasse de très loin celui des USA et des autres pays de l’Otan cumulés. Nos arsenaux sont vides. De “Wunderwaffen” en "Game Changer” livrés à Kiev, nous sommes tout bonnement à poil. Au point d’être dans l’incapacité d’intervenir au Niger – ce qui est au demeurant une excellente chose pour l’Afrique. Il serait malvenu de tenter de masquer notre défaite en Ukraine en déclenchant une nouvelle guerre par procuration (la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) est une blague et n’existe déjà plus dans les faits) profusément alimentée par l’Occident, qui embraserait l’Afrique de Djibouti à Nouakchott.
Au lieu de mettre un terme au massacre, Joe Biden demande au Congrès 24 milliards de dollars d’aide militaire supplémentaire pour l’Ukraine. Il faudrait déraisonner pour croire que le gérontocrate “aux commandes” de la Maison Blanche pense un seul instant que l’Ukraine ait encore une chance de vaincre - l’a-t-il jamais cru ? Même s’il a déclaré que la Russie avait déjà perdu dans un moment dont le ridicule restera dans les annales.
Plus prosaïquement, il s’agit que davantage d’Ukrainiens meurent dans l’espoir de “geler” le conflit, un peu à la manière dont les Américains ont fait croire qu’ils l’ont accompli en Syrie. Rien n’est plus faux. La Syrie, conflit que les USA ont déclenché comme dernière charge des “Printemps arabes”, est une défaite occidentale, malgré l’armement de groupes djihadistes (coucou MM. Hollande, Fabius et Le Drian) qui nous a valu des “déconvenues” se chiffrant en centaines de morts sur notre territoire national.
La Russie, l’Iran et le “régime” de Bachar Al Assad ont remporté la guerre en Syrie. Rien n’y est gelé. Les présences turque et américaine sur le sol syrien ne sont que scories résiduelles. Le rapprochement de l’Iran et de l’Arabie Saoudite – le plus gros coup diplomatique de ces cinquante dernières années orchestré de main de maître par la Chine – et la réintégration de la Syrie dans la Ligue arabe en sont les manifestations irréfragables.
Soyons sérieux un instant. Trop de gens sont morts, nous le leur devons. Au moment même où son armée atteindra la rive Est du Dniepr, la Russie aura gagné puisqu’elle aura le contrôle des oblasts qu’elle a annexés en juin 2022 afin de faire intervenir sa réserve sans déclaration de guerre. Elle aura réalisé ses buts de guerres. Ce n’est qu’une question de temps, dont les Russes détiennent la maîtrise depuis le début du conflit.
De deux choses l’une. Soit on arrête la boucherie, on “cadre” Zelensky et sa bande de nazis corrompus par tous les moyens possibles y compris les plus radicaux si nécessaire, et on reconnait la souveraineté russe sur les territoires qu’elle a déclaré annexer. Soit on poursuit la macabre pièce de théâtre qui consiste à rempiler sur l’armement d’un pays qui n’aura bientôt plus un homme valide pour tirer un coup de fusil, on continue à mentir comme on le fait depuis 2008 en proposant d’illusoires garanties de sécurité que nous ne tiendrons jamais face à une puissance nucléaire, et on persiste dans le déni de la réalité militaire afin de préserver le “narratif” pour des opinions publiques occidentales qui ne sont plus dupes.
D’après vous, quel choix vont faire les leaders occidentaux ? Quoi qu’il survienne, ce que nous avons fait subir à l’Ukraine avec un cynisme abouti ne la fera rentrer ni dans l’Otan, ni dans l’UE. Las, le sang ne compte que quand c’est le nôtre…
Cela, somme toute, arrange tout le monde. On vient de se rendre compte que - ah mon dieu ! - il n’y a de solution que régionale. Qui devra être trouvée avec toutes les parties prenantes - UE, Moldavie, Ukraine, Géorgie, Russie et Turquie - Mer noire oblige… Sans l’Otan, sans les USA et sans l’Angleterre, si dans l’Union Européenne on a - non pas du courage, ce serait trop demander - un tant soit peu d’instinct de préservation. N’en déplaise à la Pologne, à la Lituanie et leurs fantasmes suicidaires de grandeur. Tant pis pour la paranoïa des deux autres républiques baltes et des nordiques. A la table des grandes puissances, les petites passent les plats, sinon elles passent par pertes et profits.
Nous n’avons le choix en Ukraine qu’entre un traité de Westphalie et… un traité de Westphalie. Toute autre forme de statu quo ou d’aggiornamento bancal ne sera qu’expédient inéluctablement voué à l’échec.
Sic transit gloria mundi1 - et dans l’effondrement, nous ne sommes pas glorieux. Chez nous, il faudra tôt ou tard juger ceux qui ont provoqué cette catastrophe, tous ces bellicistes de salon si généreux du sang des autres et de nos fonds publics, pour ce qu’ils sont : des criminels. La guerre d’Ukraine n’aurait jamais du avoir lieu.
Ainsi passe la gloire du monde.