[ Etats-Unis ] Les antifas doivent respecter la loi - par Ben West
La milice d'extrême gauche a cru qu'elle pouvait provoquer impunément une émeute dans le comté de Clackamas comme elle le fait à Portland. Nous lui avons montré qu'elle avait tort.
Cet article est paru à l’origine en anglais dans Tablet Magazine, qui nous a autorisé à le traduire et à le publier. Nous en les remercions.
This story originally appeared in English in Tablet magazine, at tabletmag.com, and is reprinted with permission.
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Pier Paolo Pasolini, visionnaire, avait écrit : "Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme”. Quand nous voyons ceux que Régis de Castelnau nomme à raison les petits bourgeois urbains huer François Ruffin, menés par Raphaël Arnault, chef de la milice “nouvelle garde” et député LFI fiché S (espérons que notre renseignement intérieur le marque toujours à la culotte comme il en a le droit), on se dit que les antifas et autres black bloc sont ce que les chemises noires étaient à Mussolini et les chemises brunes, les SA, à Hitler. Mêmes méthodes. Il s’agit d’organisations quasi paramilitaires qui par la menace et la violence entravent, en bande organisée, l’exercice de la liberté d’expression, d’association et de réunion.
La violence politique est de retour depuis une dizaine d’années en Europe. Aux USA, c’est encore pire. On a pu le constater lors de cette opération politique que furent les émeutes Black lives matter six mois avant les élections présidentielles de 2020. George Floyd, multirécidiviste violent, présentait un taux de fentanyl dans le sang plus de trois supérieur à la dose mortelle.
Quelque soit le résultat de l’élection présidentielle de novembre, il est fort probable que la violence politique s’emballe.
L’auteur de l’article qui suit, Ben West, est un “County Commissioner”, un conseiller général du comté de Clackamas, adjacent à la ville de Portland. Il décrit pourquoi toute forme de violence politique est intolérable et comment faire en sorte que la loi s’applique aussi aux antifas.
La mansuétude d’une partie du système judiciaire américain pour les antifas est assez semblable à celle de la justice française. Ces groupuscules violents peuvent par la menace faire annuler des conférences dans des universités, des spectacles, des rassemblements pacifiques. En France, c’est un délit puni de un à trois ans de prison, qui n’est jamais réprimé, surtout s’il s’agit de l’extrême gauche. Seuls des syndicalistes ont fait l’objet de poursuites selon l’article 431-1 du code pénal.
Intéressant de voir comment aux USA on fait face localement à toute menace contre la liberté d’expression, quelle que soit la menace et quelle que soit l’expression. Conclusion : il faut une justice impartiale et non politisée. Et des jury populaires.
Lisons Ben West.
Je suis conseiller général, infirmier spécialisé en cardiologie et officier de réserve de la marine américaine. Je suis né et j'ai grandi à Portland, dans l'Oregon. En 2014, mon mari et moi avons poursuivi en justice avec succès l'État de l'Oregon devant un tribunal fédéral pour obtenir le droit de nous marier et avons fait annulé l'interdiction du mariage homosexuel dans l’Etat de l'Oregon. Quelques semaines avant, mon mari et moi avons adopté notre fils Jay du système de protection de l’enfance de l'Oregon et avons déménagé dans le comté de Clackamas, qui est adjacent à Portland. Nous pensions avoir échappé au radicalisme politique de Portland pour élever notre fils, jusqu'à ce qu'il arrive à notre porte sous la forme de violences antifa contre Proud Boys1.
Pendant des décennies, Portland a été caractérisée par ses manifestations et son radicalisme politique. A partir de 2016 et jusqu’en 2020, le radicalisme a atteint de nouveaux sommets par l’intimidation publique et la violence politique. Au cours des trois dernières années et demi, j’ai vu des procureurs, des juges et des avocats militants du comté de Multnomah2, dont le procureur Mike Schmidt, couvrir et concéder des accords complaisants aux antifas, et refuser de poursuivre les membres de ce groupuscule pour ses actions violentes. Lassés de l’impunité avec laquelle de tels groupes sont autorisés à opérer comme une milice armée dans les rues – sous le bouclier protecteur du camp du bien qui les rend immunes aux poursuites – nombreux sont ceux qui se demandent si le système judiciaire est toujours efficace.
Cet été, le comté de Clackamas – où je suis élu – a fait la démonstration que les choses ne se passaient pas comme à Portland. Douze jurés, principalement des femmes, ont condamné une meneuse antifa violente pour une attaque survenue en 2021 dans un parc public. Ce que ces jurés ont fait est courageux, d'autant qu'ils étaient intimidés par la présence de membres d'antifa pendant le procès. Alissa Eleanor Azar est la première membre des antifas à être condamnée dans l'Oregon. Lundi après-midi (le 9 septembre 2024, ndlr), elle s’est vue prononcer une sentence de 14 jours de prison et 36 mois de mise à l’épreuve sous bracelet électronique.
En tant que conseiller général, je n’avais pas vu le chaos qui avait dévasté Portland se propager dans ma communauté jusqu’au 18 juin 2021, lorsque Mme Azar et des militants antifa de Portland se sont mobilisés pour attaquer et interrompre un événement protégé par le premier amendement3 auquel participaient des membres des Proud Boys. Les médias locaux ont à peine couvert la violence politique lors de cet événement. Une couverture médiatique médiocre et parfois délibérément trompeuse a masqué le degré de violence provoqué par les antifa dans un parc public, ce qui a rendu difficile pour les résidents et les autorités locales de comprendre ce qui s’était passé.
J’ai assisté aux cinq jours de procès de Mme Azar à Oregon City. En tant que dirigeant élu, je suis conscient de ma responsabilité. C’est pourquoi j’ai pris la parole à l’extérieur du palais de justice pour faire comprendre que mon comté ne tolère pas la violence politique. Le monde entier est au courant des actes des antifas à Portland, mais je voulais connaître leur impact sur Clackamas, qui partage une frontière d’environ seize kilomètres avec la ville de Portland – nous sommes tous dans la même zone métropolitaine. Ici, contrairement à Portland, les explosions de violence rampantes des groupes extrémistes ne sont ni courantes ni acceptées. Clackamas est un comté composé de communautés urbaines, suburbaines et rurales. Politiquement, le comté est un amalgame de convictions diverses et de citoyens qui souhaitent vivre ensemble en paix.
Alors que j’étais assis dans le public lors du procès, je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer que la plupart des personnes présentent dans la salle d’audience étaient des antifas soutiens de Mme Azar – dont certains avaient été filmés lors de l’émeute pour laquelle la prévenue était poursuivie. La plupart d’entre eux étaient masqués, dissimulant ainsi leur identité. Nombreux portaient des keffiehs palestiniens pour afficher leur allégeance à des causes politiques extrêmes, dont certaines prônent le terrorisme. Leur apparence indiquait clairement qu’ils faisaient partie d’une organisation politique, ou d’un gang, autant d’expression de leur vertu politique ancrée à l’extrême gauche.
Selon les preuves présentées au tribunal par le procureur adjoint Josh Cutino, une partie du parc Clackamette avait été louée légalement par un membre des Proud Boys nommé Dan Tooze pour un événement qui visait à promouvoir l’inscription sur les listes électorales. En tant que résident d’Oregon City, M. Tooze a le droit de louer un lieu public comme n’importe qui d’autre, quelles que soient ses opinions politiques. Les antifa bénéficient du même droit, mais ils refusent de s’identifier sur des formulaires officiels qu’une telle location implique. Cela ne cadre pas avec leur mode opératoire, ce qui élève l’”action directe” extrajudiciaire au-dessus de la liberté d’expression et du débat politique.
Comme la plupart des résidents de mon comté, je ne soutiens ni les Proud Boys ni les antifa. Cependant, les institutions publiques ne peuvent pas refuser l’accès à des personnes en raison de leurs points de vue. Il n’y a tout simplement aucun doute sur l’illégalité d’une discrimination fondée sur les opinions selon nos lois et la Constitution américaine, qui garantit aux citoyens la liberté de parole et d’expression et celle de la réunion pacifique.
Les antifa de Portland se sont organisés en ligne pour organiser une “action directe” visant à faire cesser l’événement par la violence. Des dizaines de personnes se sont rendues dans le comté, en provenance de l'intérieur comme de l’extérieur de l'État, dans des véhicules équipés pour le combat. La plupart d'entre eux portaient des tenues noires, se couvraient le visage et avaient emporté des armes de mêlée. Mme Azar faisait partie de ce groupe.
L’ “action directe” des antifa dans notre parc a atteint son paroxysme lorsqu’un des ses membres a profané un drapeau américain en y mettant le feu4. Un membre des Proud Boys s’est précipité vers le drapeau en feu pour l’éteindre.
S’en est suivie une bagarre généralisée qui ne s’est pas limitée à une petite zone du parc. Des passants innocents qui voulaient profiter d’une journée d’été avec leurs familles ont été gazés à la bombe lacrymo et se retrouvés au milieu d’une émeute violente. Les pièces à conviction présentées au tribunal ont montré que des armes telles que des matraques, des boucliers, du gaz lacrymogène, des armes blanches et des engins explosifs artisanaux ont été retrouvés sur les lieux.
Une résidente âgée de Clackamas a témoigné de la manière dont elle, son fils et son chien se sont retrouvés au cœur de l’émeute. Elle a déclaré au tribunal, en larmes, qu’elle avait choisi de quitter l’Oregon en raison de ce qu’elle qu’elle avait subi ce jour-là.
J’ai la responsabilité de représenter mes électeurs. Je ne resterai pas assis sans rien faire. Je ne laisserai pas des crimes incontrôlés se produire dans le comté de Clackamas. J’ai pris la parole via des vidéos publiées sur X tous les jours devant le palais de justice pour partager ce que j’ai vu dans la salle d’audience. John Hacker, un antifa violent de Portland et ami proche de Mme Azar, a essayé à plusieurs reprises de m’empêcher de parler à l’extérieur du palais de justice.
Mme Azar a été reconnue coupable par un jury populaire d’émeute criminelle et de trouble à l’ordre public. Peu de temps après le verdict de culpabilité d’Alissa Azar, M. Hacker est devenu plus agressif. Je l’ai vu frapper un homme au sol à quelques pas du palais de justice. Cet homme avait le visage ensanglanté et souffrait d’une blessure perforante. Infirmier diplômé, j’ai lui ai fourni les premiers soins jusqu’à l’arrivée des services d’urgence. Il était sonné et présentait de fortes tuméfactions à la mâchoire supérieure et au visage.
M. Hacker a été arrêté quelques rues plus loin et poursuivi pour coups et blessures volntaires. Il fait déjà l’objet de poursuites pour des faits similaires dans le comté de Multnomah. De même, Mme Azar est toujours poursuivie dans ce même comté des faits de violence commis lors de l’occupation violente de l'Université de Portland en mai dernier, où la bibliothèque a été détruite au nom de la résistance palestinienne ; les contribuables de l'Oregon devront payer une facture de plus d’un million de dollars. Il reste à voir si le procureur Mike Schmidt mènera ces affaires à leur terme et obtiendra des condamnations, ou les passera sous le boisseau comme c'est devenu la norme à Portland.
L’Amérique est un pays qui respecte l’état de droit. La liberté d’expression, inscrite dans notre Constitution, garantit aux individus de pouvoir s’exprimer librement. C’est un droit humain fondamental. Cependant, les groupes politiques radicaux comme les antifa ne croient pas à la liberté d’expression. Ils affirment que tout discours qui les offense doit être étouffé violemment. Ils comptent sur leurs sponsors politiques pour les protéger des conséquences juridiques de leurs actes répétés de violence politique qui privent d’autres citoyens de leurs droits.
Je m’engage à protéger le droit à l’expression pacifique des opinions, y compris pour ceux avec qui je ne suis pas d’accord. Le premier amendement n’aurait aucun sens si les discours impopulaires ou dérangeants n’étaient pas protégés5. La parole n’est PAS de la violence ; à l’inverse, la parole empêche la violence en nous permettant d’utiliser des mots et des idées pour résoudre nos différends. Mais pour que tout cela fonctionne, nous devons faire respecter nos lois protégeant la parole, la liberté de réunion et les citoyens ordinaires profitant d’une journée au parc contre les effets de la violence politique.
Étant si proche de Portland, le comté de Clackamas ne sera jamais à l’abri des problèmes de sécurité publique découlant de l’extrémisme politique qui a été autorisé à s’y propager avec la complicité des autorités publiques. Mais lorsque les antifas ont tenté leur action directe à Clackamas, ils ont échoué, car nous étions disposés et capables d’appliquer les lois qui sont censées nous protéger tous. Si les antifas cherchent à mettre en danger la population ici en commettant de nouveaux actes criminels, ils seront à nouveau poursuivis.
Ben West
Conseiller général
Comté de Clackamas, Oregon.
Organisation comparable à Génération identitaire.
Le comté et ressort judiciaire englobant la ville de Portland et une partie de sa banlieue.
Qui garantit la liberté d’expression totale aux Etats-Unis.
Aux USA, délit passible de un à cinq ans de prison selon l’Etat. En France, brûler le drapeau national = six mois de prison et 7500 euros d’amende.
Notez que c’est exactement ce que dit la jurisprudence constante de la Cour européenne des droits de l’Homme, celle de l’arrêt Handyside vs. Royaume-Uni